Le jour par jour

1922   16 septembre   

Jacques Brenner, écrivain français

Jacques Brenner était un écrivain français, auteur de romans et d’essais, né à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges) le 16 septembre 1922 et décédé à Paris en 2001.

Il a fait ses études à Rouen (Seine-Maritime), comme lycéen, puis étudiant. Il fut également critique, conseiller littéraire dans plusieurs maisons d’édition (il travailla notamment chez Grasset où il assurait principalement le service de réception et première lecture des manuscrits; chez ce même éditeur, il veilla à la publication des deux tomes du Journal de Matthieu Galey, 1987, 1989), collabora à différents journaux et hebdomadaires et fut membre du jury de quelques prix littéraires, tel le Prix Renaudot, le Prix des Deux Magots ou le Prix Jacques Chardonne.

Lui-même reçut le Grand prix de littérature de l’Académie française en 1995.

Citation

Vous irez au Paradis malgré vous – Ah, répondit Léautaud, toujours la violence!
[ Histoire de la littérature française de 1940 à nos jours (1978) ] Jacques Brenner

Bibliographie

Journal
de Jacques Brenner
Parution
Le troisième volume du "Journal de Jacques Brenner" est sorti en librairie au printemps. Après la parution remarquée à l’automne dernier des tomes I et V de ce Journal ce deuxième tome rapporte, outre les événements de la vie personnelle de l’auteur, le foisonnement de la vie de Saint-Germain-des-Prés au cours de la décennie des années cinquante. C’est en effet à cette époque qu’il rompt les amarres avec sa vie rouennaise, se rapprochant notamment de personnages du monde littéraire comme Bernard Frank, Françoise Sagan ou Pierre Herbart. (Tome II du "Journal de Jacques Brenner" Á Saint-Germain-des-Prés (1950-1959) juin 2007 Pauvert).

Les petites filles de Courbelle
de Jacques Brenner

Les Maîtres
précédé de "Frédéric et la grande coalition"
de Thomas Mann, Jacques Brenner, Jeanne Naujac
Commentaires

Les Maîtres rassemble les derniers grands textes de Thomas Mann: il y rend hommage à tous ceux qu’il admire: Goethe, Gide, Musil et quelques autres. Il nous livre aussi une grande étude sur Frédéric II, et des réflexions philosophiques autour de Nietzsche et Schopenhauer.

Voyages dans les litt.étrangères
de Jacques Brenner
Commentaires
Les vedettes ne manquent pas dans le nouvel ouvrage de Jacques Brenner : de Goethe correspondant de guerre à Ernst Jünger, le Solitaire, de Melville à Henry James et à Stevenson, de Faulkner à Dashiell Hammett, d’Anderson à Borges, de Mishima à Milan Kundera… Toutefois, il ne s’agit nullement d’un survol de la littérature universelle. Plus modestement, l’auteur, au hasard de ses lectures, nous propose des "réflexions sur quelques points de littérature et de morale", dans la tradition de son maître André Gide.

Altesse royale
Thomas Mann, Jacques Brenner
Commentaires
Le riche prince d’un grand-duché tombe amoureux d’une Américaine argentée. Elle lui fait découvrir la vie dont on le tenait éloigné. Il l’épouse et grâce à son argent peut rendre son peuple heureux. Derrière ce qui semble être un conte de fées léger et nostalgique se profile une allégorie bien dans la manière de l’auteur.

"Les 750 pages du tome V du "Journal de Jacques Brenner"
sont un événement. Pour la première fois, on peut suivre, en direct, vues par l’un des protagonistes, des manoeuvres éditoriales généralemnt tenues secrètes. Mais ce livre, tout autant qu’une occasion de découvrir les dessous des grands prix littéraires attribués chaque année, est un tableau, à la fois pathétique et repoussant, de la misère intellectuelle du milieu littéraire contemporain." (voir "Le Monde Des Livres" supplément littéraire du Monde du 3/11/2006)."

LE NEVEU DE BEETHOVEN
de Jacques Brenner
Beethoven se situe immédiatement après Napoléon par le nombre d’ouvrages qui lui ont été consacrés. Il semblait donc que tout ait été dit et écrit. Pourtant, Jacques Brenner a relevé le défi et s’est attaché à éclairer ce qui, systématiquement, est laissé dans l’ombre, comme s’il y avait un aspect interdit, scandaleux, presque tabou qu’il convenait d’oublier, mieux d’occulter.

C’est que la biographie « psychanalytique» de Jacques Brenner privilégie l’exploration en profondeur d’un autre Beethoven – plus moderne, plus secret, plus révolutionnaire -. Celui de la IXe Symphonie et de la Missa Solemnis, celui des dernières sonates et des derniers quatuors.

Oui, un autre Beethoven qui naît le 15 novembre 1815, quand on lui confie la tutelle de son neveu Karl. Adieu, désormais, les belles comtesses, les « immortelles bien-aimées»; place à l’oncle jaloux, autoritaire, paranoïaque, place au « père» possessif et tyrannique. Ludwig – Karl: l’histoire d’un couple qui n’a rien à envier – par ses bassesses et ses excès, ses mesquineries et ses grandeurs – aux plus belles histoires d’amour.

Jacques Brenner

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1613   15 septembre   

François de La Rochefoucauld, écrivain français.

François de La Rochefoucauld Moraliste et homme politique français [Littérature classique]
Né à Paris le 15 décembre 1613
Décédé à Paris le 16 mars 1680

Biographie de François de La Rochefoucauld

«Son éducation fut très incomplète: son père, impatient de profiter de la faveur du roi qui venait de le créer duc et pair, fit entrer son fils au service militaire dès son jeune âge: à seize ans, le prince de Marcillac était mestre de camp du régiment d’Auvergne. Mais François V, compromis avec Gaston d’Orléans, se fit exiler à Blois, où son fils partagea sa disgrâce pour avoir mal parlé du cardinal de Richelieu, et s’être lié avec Mlles d’Hautefort et de Chamerault, amies de la reine. Marcillac épousa à Blois Mlle de Vivonne, qui eut une vie fort obscure auprès de lui, et lui donna cinq fils et trois filles; en 1637, il se lia avec la duchesse de Chevreuse reléguée à Tours où elle intriguait avec la cour d’Espagne. Le prince de Marcillac se mêla activement à toutes les intrigues de l’époque contre Richelieu: revenu à Paris, il servit la reine suspecte d’intelligences avec l’Espagne, et s’entendit avec elle pour l’enlever ainsi que Mlle d’Hautefort dont le roi était amoureux; mais l’enlèvement n’eut pas lieu, la reine repris de l’influence, et Mlle de Chevreuse s’enfuit en Espagne, et Marcillac fut mis huit jours à la Bastille, puis exilé dans sa terre de Verteuil où il resta dans une inaction qui lui coûtait, pour obéir aux ordres de la reine; il y intriguait d’ailleurs toujours contre le cardinal, prenant part aux projets de Cinq-Mars et de Thou; d’autre part, il faisait un petit commerce de vins avec l’Angleterre d’où il tirait en échange des chevaux et des chiens. À la mort de Richelieu (décembre 1642), il revint à la cour; le roi mourut (mai 1643), et la reine devint régente avec Mazarin comme ministre; mais elle ne récompensa pas le long dévouement de Marcillac, qui, dans sa colère, se rapprocha des importants, conduits par le duc de Beaufort et Mme de Chevreuse, aussi mal récompensés que lui; mais Beaufort fut arrêté et Mme de Chevreuse éloignée. Disgracié et mécontent de l’ingratitude de Mme de Chevreuse, le prince de Marcillac fit la cour à la duchesse de Longueville (1646), sœur du duc d’Enghien; il a raconté le cynisme avec lequel il se fit céder la duchesse par son ami Miossens qui la courtisait alors. Il suivit alors à l’armée le duc d’Enghien, et fut blessé d’un coup de feu au siège de Mardick. La Fronde se prépara pendant sa longue convalescence, qu’il passa dans le gouvernement de Poitou qu’il avait acheté; il accourut et fut un des chefs de la guerre civile, terminée, après le blocus de Paris par Condé, par la paix du 11 mars 1649. Dans les intrigues compliquées qui suivirent, il aurait pu avoir une grande influence en raison de son pouvoir sur la duchesse de Longueville, s’il n’avait manqué autant d’esprit de suite. Condé, Conti, Longueville furent arrêtés en janvier 1650, et Marcillac s’enfuit avec la duchesse de Longueville en Normandie, puis rejoignit le duc de Bouillon pour prendre Bordeaux (31 mai 1650). Après la mort de son père en février 1650, il avait pris le titre de duc de La Rochefoucauld. Bordeaux fut repris par Mazarin, et La Rochefoucauld revenu à Paris continua à fomenter des troubles; il tenta de faire assassiner le cardinal de Retz dans la grande salle du Parlement (21 août 1651), mais dut quitter Paris avec Condé; à la même époque, Mme de Longueville se lassa de sa liaison avec La Rochefoucauld, qui durait depuis cinq ans, et se donna au duc de Nemours: La Rochefoucauld fut aise d’être quitté, mais en sentit en même temps l’amertume, et aida Mme de Châtillon à reprendre le cœur de Nemours et à éloigner le prince de Condé de Mme de Longueville. Cependant la guerre civile était toujours aussi active, et les deux partis se rencontrèrent aux portes de Paris, dans le faubourg Saint-Antoine (1er juillet 1652). La Rochefoucauld fut blessé au visage d’un coup de feu qui faillit lui faire perdre la vue; il resta longtemps malade, et retrouva, quand il rentra sur la scène, le roi à Paris, Condé passé aux Espagnols et les chefs de la Fronde amnistiés.

La Rochefoucauld cessa dès lors sa vie brouillonne d’intrigues de cour et parut avoir perdu toute ambition personnelle. Jouissant de la faveur de Louis XIV qui traitait avec affection sa famille, il se consacra à la réflexion, choyé par la haute société dont son esprit mordant faisait les délices. Les passions orageuses avaient fait place à des liaisons plus calmes avec la raisonnable Mme de Sablé qu’il consultait très volontiers sur ses écrits, Mme de Sévigné qui goûtait au plus haut point son caractère et son mérite, et surtout Mme de La Fayette, son intime amie, avec laquelle il entretint un délicat commerce jusqu’à la fin de sa vie. Il composa d’abord ses Mémoires, dont la copie lui fut dérobée aussitôt et publiée à Cologne en 1662; les colères suscitées par cette publication le portèrent à la désavouer. Ces mémoires contiennent une intéressante image du temps, mais ils ne sont pas entièrement de lui; la meilleure édition est celle de Renouard, parue en 1817, d’après le texte original. L’œuvre la plus célèbre de La Rochefoucauld, à laquelle il travaillait alors, parut sous le titre de Réflexions ou sentences et Maximes morales, connue sous le simple titre de Maximes; comme elles couraient en Hollande en manuscrit, La Rochefoucauld en publia lui-même l’édition en 1665 (volume de 150 pages et un Avis au lecteur). Ces Maximes ont contribué beaucoup, selon Voltaire, à former le goût français par leur mérite littéraire, l’élégance et l’esprit de justesse, de précision du style. La finesse et l’étendue philosophique des observations morales qu’elles renferment eurent le plus grand succès. Tout le livre repose sur cette seule idée que l’intérêt, « l’amour-propre », comme on disait alors, est le mobile de toutes les actions humaines; les vertus ne sont que des vices déguisés; malgré le caractère un peu exclusif et étroit de cette philosophie, le livre des Maximes, qui n’a pas la prétention d’être un système lié de morale et de philosophie, est resté une des œuvres classiques de la littérature française. La Rochefoucauld, outre la première édition de 1665, a donné lui-même quatre éditions successives des Maximes, dont la plus complète est celle de 1678 qui en renferme 504. Aimé Martin les a publiées de nouveau en 1822, puis Gilbert et Gourdault (1868-1883, en 4 volumes) et Pauly en 1883. En 1863, Barthélemy a publié sous le titre de: Œuvres inédites de La Rochefoucauld, 259 maximes, qui, pour la plupart, ne sont d’ailleurs que des variantes.

La Rochefoucauld a calomnié son caractère; peut-être fut-ce la douce influence de Mme de La Fayette qui le ramena à des pensées moins amères à la fin de sa vie: ce moraliste chagrin, cet intrigant brouillon et sans scrupules du temps des deux Frondes était alors dans le privé un homme aimable et sensible, malgré ses dures sentences; il aimait sa famille avec un cœur admirable; en 1672, il subit de cruelles épreuves: son fils aîné fut grièvement blessé au passage du Rhin, et un autre de ses fils, chevalier de Malte, fut tué. Mais Mme de Sévigné nous apprend qu’il ressentit encore une plus extrême douleur à la mort du jeune duc de Longueville, né durant la première guerre de Paris, adoré de sa mère: La Rochefoucauld, que l’on désignait tout bas comme son père, ne revit pas la duchesse en cette triste épreuve, mais tous deux furent profondément atteints. Le cardinal de Retz a fait un portrait à l’eau-forte de La Rochefoucauld, où il marque bien les traits contradictoires de son caractère, sa réserve, sa nature mobile, son inaptitude à l’action, son mépris des petits intérêts et son incapacité à en poursuivre de grands.»

Jugements sur La Rochefoucauld

LA BRUYÈRE

«[La Rochefoucauld] est la production d’un esprit instruit par le commerce du monde, et dont la délicatesse était égale à la pénétration, observant que l’amour-propre est dans l’homme la cause de tous ses faibles, l’attaque sans relâche quelque part où il le trouve; et cette unique pensée, comme multipliée en mille autres, a toujours, par le choix des mots et par la variété de l’expression, la grâce de la nouveauté.» (Discours sur Théophraste)

VAUVENARGUES

« Le duc de la Rochefoucault a saisi admirablement le côté faible de l’esprit humain; peut-être n’en a-t-il pas ignoré la force; peut-être n’a-t-il contesté le mérite de tant d’actions éblouissantes que pour démasquer la fausse sagesse. Quelles qu’aient été ses intentions, l’effet m’en parait pernicieux; son livre, rempli d’invectives contre l’hypocrisie, détourne, encore aujourd’hui, les hommes de la vertu, en leur persuadant qu’il n’y en a point de véritable.
Cet illustre auteur mérite d’ailleurs, de grandes louanges pour avoir été en quelque sorte, l’inventeur du genre d’écrire qu’il a choisi. J’ose dire que cette manière hardie d’exprimer, brièvement et sans liaison, de grandes pensées, a quelque chose de bien élevé. les esprits timides ne sont pas capable de passer ainsi, sans gradation et sans milieu, d’une idée à une autre; l’auteur des maximes les étonne par les grandes démarches de son jugement; son imagination agile se promène, sans s’arrêter, sur toutes les faiblesses de l’esprit humain, et l’on voit en lui une vaste intelligence qui, laissant tomber au hasard ses regards rapides, prend toutes les folies et tous les vices pour le champs de ses réflexions.
Cependant, M. de la Rochefoucauld n’était pas peintre, talent sans lequel il est bien difficile d’être éloquent; il savait explimer avec précision et avec finesse des pensées profondes; il avait cette liberté et cette hardiesse qui caractérisent le génie; mais son style n’est ni gracieux, ni touchant, ni véhément, ni sublime; on ne trouve dans es écrits ni la magnificence de Bossuet, ni la simplicité et l’énergie de Pascal, ni le pathétique de Fénelon, ni le coloris de la bruyère. Aussi plaît-il moins, ce me semble, par ses expressions que par la finesse de son esprit; mais je crois qu’il sera toujours au premier rang des philosophes qui ont su écrire.» (Fragments)

Les anecdotes sur François de La Rochefoucauld

Suspiscion
On a longtemps cru voir dans ‘La Princesse de Clèves’ la main de La Rochefoucauld. Mais au terme d’études sérieuses, il semble que le premier des romans ‘modernes’ soit bien l’oeuvre de la seule Madame de La Fayette.

Nouveau regard
Devenu plus amère à la fin de sa vie, il réécrivit à la forme négative certaines de ses Maximes. Elles ‘fonctionnent’ tout autant.

Quelques citations de François de La Rochefoucauld3

«On a honte d’avouer qu’on a de la jalousie, et l’on se fait honneur d’en avoir eu et d’être capable d’en avoir.»
[ François de La Rochefoucauld ]

«Les gens heureux croient toujours avoir raison.»
[ François de La Rochefoucauld ]

«Les passions sont les seuls orateurs qui persuadent toujours.»
[ François de La Rochefoucauld ] – Maximes

«Les vertus se perdent dans l’intérêt, comme les fleuves se perdent dans la mer.»
[ François de La Rochefoucauld ]

«Les vieux fous sont plus fous que les jeunes.»
[ François de La Rochefoucauld ]

«Le trop grand empressement qu’on a de s’acquitter d’une obligation est une espèce d’ingratitude.»
[ François de La Rochefoucauld ]

«Le vrai moyen d’être trompé, c’est de se croire plus fin que les autres.»
[ François de La Rochefoucauld ]

«Nous gagnerions plus de nous laisser voir tels que nous sommes, que d’essayer de paraître ce que nous ne sommes pas.»
[ François de La Rochefoucauld ]

«Quand nous aimons trop, il est malaisé de reconnaître si l’on cesse de nous aimer.»
[ François de La Rochefoucauld ]

«Les défauts de l’esprit augmentent en vieillissant comme ceux du visage.»
[ François de La Rochefoucauld ]

«Il n’y a que ceux qui sont méprisables qui craignent d’être méprisés.»
[ François de La Rochefoucauld ]

«Il n’y a point d’éloges qu’on ne donne à la prudence. Cependant elle ne saurait nous assurer du moindre événement.»
[ François de La Rochefoucauld ]

«Un véritable ami est le plus grand de tous les biens et celui de tous qu’on songe le moins à acquérir.»
[ François de La Rochefoucauld ] – Maximes

«Notre amour-propre souffre plus impatiemment la condamnation de nos goûts que de nos opinions.»
[ François de La Rochefoucauld ] – Maximes

«Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions, si le monde voyait tous les motifs qui les produisent.»
[ François de La Rochefoucauld ] – Extrait des Maximes

«Ce qui nous empêche souvent de nous abandonner à un seul vice est que nous en avons plusieurs.»
[ François de La Rochefoucauld ] – Extrait des Maximes

La bibliographie de François de La Rochefoucauld

Maximes
de La Rochefoucauld
[Littérature classique]
Résumé du livre
Un moraliste ? Nullement. C’est un romancier, le premier en date de nos romanciers. Tout lui vient de l’imagination, de la brusque perception qu’il a d’un sentiment humain par la capture d’un regard ou d’un mot. Chacune de ses maximes est une intrigue découverte. Au lieu de développer l’histoire, il la réduit, lui donne une articulation, l’incline selon son humeur. Cette humeur est sombre. C’est que, dans le monde, là où il vit, on ne pénètre un peu profondément les êtres que par les défaillances et les ruptures.

Mémoires
de François de La Rochefoucauld
[Littérature classique]
Résumé du livre
L’auteur des ‘Maximes’ a laissé des ‘Mémoires’ qui sont, avec ceux de son vieil adversaire, le cardinal de Retz, les plus remarquables du XVIIe siècle. Leur succès est attesté par la trentaine d’éditions qui en paraît de 1662 à la fin du XIXe siècle. L’oeuvre couvre les années 1629-1652, de l’entrée de l’auteur à la cour – il a seize ans – à la fin de la Fronde. Chevalier servant de la Reine, il s’aliène Richelieu, et il ne sera pas moins en butte à Mazarin, qu’il attaque dans un violent et brillant pamphlet, ‘L’Apologie de Monsieur le Prince de Marcillac’. Il raconte la Fronde dans une première version des ‘Mémoires’ que publie à son insu, en 1662, un éditeur bruxellois. Il augmentera par la suite son texte du récit des années 1629-1649, l’ensemble tenant à la fois de l’histoire, de l’autobiographie et, la période s’y prêtant, du roman d’aventures. A la différence de la volubilité de Retz, l’écriture rend compte d’un temps où les conflits et les batailles, les intrigues de la passion et de la politique, les situations les plus inattendues et les plus risquées font la matière de l’Histoire.

François de La Rochefoucauld

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1916   14 septembre   

Albert Palle, écrivain et journaliste français

Albert Palle, est né au Havre, en 1916. Licencié en philosophie, il a été successivement l’élève de Raymond Aron et de Jean Paul Sartre. Il devait écrire le premier récit de saut en parachute, publié en Angleterre dans la revue "France Libre". Ses débuts dans le journalisme datent de 1945, à "Combat". Il a travaillé durant deux ans à l’agence "Express". Il a été reporter à "France- Dimanche" et à "Elle", sous le pseudonyme de Stanislas Fontaine.

Bibliographie

    Le Prix Renaudot
    1959 – Albert Palle

    

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1592   13 septembre   

Michel de Montaigne, écrivain et philosophe français, auteur des Essais.

Michel Eyquem de Montaigne ou plus simplement Michel de Montaigne, (né le 28 février 1533, rue Rousselle à Bordeaux, Gironde – mort le 13 septembre 1592 au château de Montaigne, dans le petit village de Saint-Michel-de-Montaigne, en Dordogne) était un philosophe humaniste, un moraliste et un homme politique français de la Renaissance. Il est l’auteur des Essais, premier ouvrage de ce genre de l’époque moderne.

Biographie

Origine et études

Michel de Montaigne est issu d’une famille de négociants bordelais anoblie deux générations auparavant. Son arrière grand-père, Ramon Eyquem, avait fait l’acquisition en 1477 d’une maison forte du XIVe siècle, à Saint-Michel-de-Montaigne, dans le Périgord, et accéda ainsi au noble statut de « Seigneur de Montaigne » qu’il transmit à ses enfants et petits-enfants.

Parmi ceux-ci, Pierre Eyquem est le premier à venir s’installer de manière permanente dans la demeure périgourdine qu’il fait aménager et fortifier. Il s’affirme malgré tout régulièrement dans son oeuvre comme gascon, identité attachée alors aux Bordelais. Il avait fait la guerre en Italie, et épousé en 1528 Antoinette de Louppes, fille d’un marchand toulousain et d’origine marrane. Les deux premiers enfants du couple meurent en bas âge ; Michel, né le 28 février 1533, est le premier qui survit. Il sera l’aîné de sept frères et sœurs.

Pierre Eyquem, qui est nommé maire de Bordeaux en 1544, donne à son fils aîné une éducation dans les principes humanistes. Selon Montaigne, il est envoyé en nourrice « à un pauvre village des siens » pour s’y accoutumer « à la plus basse et commune façon de vivre » (Essais, III, 13). À l’âge de trois ans, il peut retourner au château. On lui donne alors comme précepteur un médecin allemand nommé Hortanus, qui a pour ordre de ne parler à Michel qu’en latin, règle à laquelle doit se plier également le reste de la famille. À treize ans, Michel de Montaigne, ne sachant que le latin, est scolarisé au collège de Guyenne à Bordeaux, haut lieu de l’humanisme bordelais, où il apprend le français, le grec, la rhétorique et le théâtre. Il y brille rapidement par son éloquence, par son aisance à pratiquer la joute rhétorique et par son goût pour le théâtre.

On ne sait si c’est à Toulouse ou à Paris qu’il poursuit, probablement entre 1546 et 1554, les études de droit indispensables à ses activités futures. En 1557, on retrouve le jeune Montaigne conseiller à la cour des Aides de Périgueux qui est ensuite réunie au Parlement de Bordeaux. Il y exerce treize ans ses fonctions qui lui valent plusieurs missions à la cour de France.

Jeunesse et premières œuvres

Le 23 septembre 1565, il épouse Françoise de La Chassaigne, fille de l’un de ses collègues au Parlement de Bordeaux, Joseph de La Chassaigne (1515-1572), écuyer, chevalier, soudan de Pressac, seigneur de Javerlhac, conseiller du Roi au Parlement en 1538 et 1543, président au Parlement de Bordeaux en 1569. De douze ans sa cadette, Françoise lui donne six filles, dont une seule — Léonor de Montaigne — survécut. Il semblerait que le mariage n’ait pas eu une grande importance dans la vie affective de Montaigne. Les époux faisaient chambre à part, ce qui était courant à l’époque, et Montaigne, préoccupé par d’autres activités, laissait volontiers la gestion de ses propriétés à sa femme. Par contre, très au fait des humanités grecques et par conséquent du Banquet de Platon, il était fidèle ami d’Etienne de La Boétie : à l’origine, il avait écrit les Essais comme écrin pour le Discours de la servitude volontaire de son meilleur ami, qui y faisait l’éloge de l’amitié contre la corruption du pouvoir et des courtisans.

Admirateur de Virgile et de Cicéron, il est un humaniste qui prit l’homme, et en particulier lui-même, comme objet d’étude dans son principal travail, Les Essais, entrepris à partir de 1571 à l’âge de 37 ans. Il y annonce « Je veux qu’on m’y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : car c’est moi que je peins » (« Avertissement au lecteur »). Le projet de Montaigne était de lever les masques, de dépasser les artifices pour se découvrir lui-même.

Travail sans précédent dans sa sincérité et sa saveur personnelle, c’est celui d’un sceptique pour qui sont à bannir les doctrines trop figées et les certitudes aveugles. Son influence a été colossale sur la philosophie française, occidentale et même mondiale.

Durant le temps des guerres de Religion, Montaigne, lui-même catholique, a agi comme un modérateur, respecté par le catholique Henri III et le protestant Henri de Navarre, à qui le liait une solide amitié. En 1577, ce dernier, alors seulement roi de Navarre, nomme — par lettres patentes — Montaigne gentilhomme de sa Chambre.

À partir de 1578, il souffre de la « maladie de la pierre » (calcul rénal).

De 1580 à 1581, il a voyagé en France, en Allemagne, en Autriche, en Suisse et en Italie, tenant un journal détaillé qui décrivait les différences d’une région traversée à l’autre et qui ne fut publié qu’en 1774 sous le titre de "Journal de voyage".

Montaigne à la Mairie de Bordeaux

Tandis qu’il était à Rome, en 1581, il apprit qu’il avait été élu maire de Bordeaux. Son père Pierre Eyquem avait déjà rempli cette fonction dans cette ville que Michel de Montaigne servit jusqu’en 1585 : il tenta d’y modérer les relations entre catholiques et protestants. Vers la fin de son mandat, la peste sévit dans sa ville.

Lorsque le nouveau roi Henri IV, avec qui Montaigne avait toujours entretenu un lien d’amitié, invite ce dernier à venir à sa cour comme conseiller, le philosophe décline cette généreuse proposition, refusant par là même de jouer le rôle qu’avait tenu Platon pour conseiller le tyran Denys de Syracuse :

« Je n’ai jamais reçu bien quelconque de la libéralité des rois, non plus que demandé ni mérité, et n’ai reçu nul paiement des pas que j’ai employé à leur service (…) Je suis, Sire, aussi riche que je me souhaite. »

Il continua d’étendre et de réviser les Essais jusqu’à sa mort, en 1592, au château de Montaigne.

Son œuvre

Le style de Montaigne est allègre et affranchi : il virevolte d’une pensée à l’autre, « à sauts et à gambades ».Néanmoins, le style de Montaigne s’explique beaucoup par le fait qu’il dictait ses pensées, ce qui peut expliquer ce ton si pariculier et que l’on retrouve particulièrement dans les "Essais". Ses considérations sont en permanence étayées de citations de classiques grecs et romains. Il s’en explique par l’inutilité de « redire plus mal ce qu’un autre a réussi à dire mieux avant lui ». Soucieux d’éviter le pédantisme, il évite néanmoins de rappeler à chaque fois l’auteur ou l’œuvre citée, de toute façon connus à son époque. Les annotateurs futurs de son œuvre s’en chargeront.

Il déclare que son but est de « décrire l’homme, et plus particulièrement lui-même (…) et l’on trouve autant de différence de nous à nous-même que de nous à autrui ». Il estime que la variabilité et l’inconstance sont deux de ses caractéristiques premières. « Je n’ai vu, dit-il, un plus grand monstre ou miracle que moi-même ». Il décrit sa pauvre mémoire, sa capacité à arranger des conflits sans s’y impliquer émotionnellement, son dégoût pour les hommes poursuivant la célébrité et ses tentatives pour se détacher des choses du monde pour se préparer à la mort. Sa célèbre devise « Que sais-je ? » apparaît comme le point de départ de tout son étonnement philosophique.

En 1569, il publie à Paris, chez Michel Sonnius, la « Théologie naturelle de Raymond Sebon » dans laquelle il tente de « démontrer la vérité de la foi chrétienne et catholique », en utilisant un procédé littéraire laissant croire qu’il s’agissait d’une traduction du latin en français.

Il montre son aversion pour la violence et pour les conflits fratricides entre catholiques et protestants (mais aussi entre Guelfes et Gibelins) qui avaient commencé à se massacrer conjointement à l’apparition de la Renaissance, décevant l’espoir que les humanistes avaient fondé sur elle. Pour Montaigne, il faut éviter la réduction de la complexité à l’opposition binaire, à l’obligation de choisir son camp, privilégier le retrait sceptique comme réponse au fanatisme. Dans l’un des plus beaux textes qui aient été écrits à son sujet — un passage du dernier livre[1] qu’il ait écrit peu de temps avant de se donner la mort au Brésil, en 1942 — Stefan Zweig disait de lui :

« Que malgré sa lucidité infaillible, malgré la pitié qui le bouleversait jusqu’au fond de son âme, il ait dû assister à cette effroyable rechute de l’humanisme dans la bestialité, à un de ces accès sporadiques de folie qui saisissent parfois l’humanité (…) c’est là ce qui fait la vraie tragédie de la vie de Montaigne. »

Les humanistes avaient cru retrouver dans le Nouveau Monde le Jardin d’Éden, alors que Montaigne déplore que la conquête de celui-ci apporte des souffrances à ceux qu’on tente de réduire en esclavage. « Viles victoires. » Il était plus horrifié par la torture que ses semblables infligeaient à des êtres vivants que par le cannibalisme de ces Indiens qu’on appelait sauvages, et il les admirait pour le privilège qu’ils donnaient à leur chef de marcher le premier à la guerre.

Comme beaucoup d’hommes de son temps (Érasme, Thomas More, Guillaume Budé…), Montaigne constatait un relativisme culturel, reconnaissant que les lois, les morales et les religions des différentes cultures, quoique souvent fort diverses et éloignées, ont toutes quelque fondement. « De ne changer aisément une loi reçue » constitue l’un des chapitres les plus incisifs des Essais. Par-dessus tout, Montaigne est un grand partisan de l’humanisme. S’il croit en Dieu, il se refuse à toute spéculation sur sa nature et, parce que le moi se manifeste dans ses contradictions et ses variations, il pense qu’il doit être dépouillé des croyances et des préjugés qui l’entravent.

Ses écrits sont marqués d’un pessimisme et d’un scepticisme qui ne sont pas rares du temps de la Renaissance (Cornelius Agrippa, Henri Estienne, François Sanchez). Citant le cas de Martin Guerre, il pense que l’humanité ne peut atteindre la certitude et il rejette les propositions absolues et générales. Son scepticisme est le mieux exposé dans le long essai Apologie de Raymond Sebond (Chapitre 12, livre 2) fréquemment publié séparément des Essais. Pour lui nous ne pouvons pas croire nos raisonnements car les pensées nous apparaissent sans acte de volition : nous ne les contrôlons pas. Nous n’avons pas de raison de nous sentir supérieurs aux animaux. Nos yeux ne perçoivent qu’à travers nos connaissances :

« Si vous demandez à la philosophie de quelle matière est le ciel et le Soleil, que vous respondra-t-elle, sinon de fer ou, avec Anaxagoras, de pierre, et telle étoffe de notre usage ? (Essais, Livre II, chapitre 12) »

« Que ne plaît-il un jour à la nature de nous ouvrir son sein et de nous faire voir au propre les moyens et la conduite de ses mouvements, et y préparer nos yeux ! O Dieu ! Quels abus, quels mécomptes nous trouverions en notre pauvre science. »

Il considère le mariage comme une nécessité pour permettre l’éducation des enfants, mais pense que l’amour romantique est une atteinte à la liberté de l’individu :

« Le mariage est une cage ; les oiseaux en dehors désespèrent d’y entrer, ceux dedans désespèrent d’en sortir. »

Enfin, en éducation, il prônait l’entrée dans le savoir par les exemples concrets et l’expérience, plutôt que les connaissances abstraites acceptées sans aucune critique. Mais il se refuse lui-même en guide spirituel, en maître à penser ; il n’a pas de philosophie à faire prévaloir, se considérant seulement en compagnon de celui qui entame une quête d’identité.

La liberté de penser ne se pose pas en modèle, ni en mètre étalon, elle offre seulement aux hommes la possibilité de faire émerger en lui cette liberté, le pouvoir de penser et de s’assumer jusqu’à la liberté ultime :

« Que philosopher c’est apprendre à mourir. (Essais, Livre I, chapitre 20) »

Les anecdotes sur Montaigne

Mort pieuse
A l’âge de cinquante neuf ans, Montaigne meurt au cours d’une messe. Il est enterré dans l’église des Feuillants à Bordeaux.

Devise
En 1576, Montaigne fait graver une médaille qui porte sa devise, ‘Que sais-je? ‘, qui sera le point d’ancrage de toute son oeuvre et le fondement d’une nouvelle forme de pensée où le doute intellectuel est un devoir.

Les citations de Montaigne

«Mon métier et mon art, c’est vivre.»
[ Michel de Montaigne ] – Extrait des Essais

«J’ai vu en mon temps cent artisans, cent laboureurs, plus sages et plus heureux que des recteurs de l’université.»
[ Michel de Montaigne ] – Extrait des Essais

«Le monde n’est qu’une branloire pérenne.»
[ Michel de Montaigne ] – Extrait des Essais

«La plus utile et honorable science et occupation à une femme, c’est la science du ménage.»
[ Michel de Montaigne ] – Extrait des Essais

«Nous troublons la vie par le soin de la mort ; l’une nous ennuie, l’autre nous effraye.»
[ Michel de Montaigne ] – Extrait des Essais

«Il est impossible de faire concevoir à un homme naturellement aveugle qu’il ne voit pas.»
[ Michel de Montaigne ] – Extrait des Essais

«On nous apprend à vivre quand la vie est passée.»
[ Michel de Montaigne ] – Extrait des Essais

«Les choses ne sont pas si douloureuses ni difficiles d’elles-mêmes ; mais notre faiblesse et lâcheté les font telles.»
[ Michel de Montaigne ]

«Rien n’imprime si vivement quelque chose à notre souvenance que le désir de l’oublier.»
[ Michel de Montaigne ]

«De toutes les vanités, la plus vaine c’est l’homme.»
[ Michel de Montaigne ]

«Une forte imagination produit l’événement.»
[ Michel de Montaigne ] – Extrait des Essais

«C’est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant que l’homme.»
[ Michel de Montaigne ]

«Il n’est description pareille en difficulté à la description de soi-même.»
[ Michel de Montaigne ]

«C’est raison qu’on fasse grande différence entre les fautes qui viennent de notre faiblesse, et celles qui viennent de notre malice.»
[ Michel de Montaigne ]

«Les terres fertiles font les esprits infertiles.»
[ Michel de Montaigne ]

La bibliographie de Montaigne

Essais
de Montaigne
[Littérature classique]
Résumé du livre
Cette édition reproduit le texte de l’édition posthume publiée en 1595 par les soins de Marie de Gournay, la ‘fille d’alliance’ de Montaigne, à partir de l’ultime mise au net préparée par l’auteur. Ce volume contient : introductions, chronologie ; ‘Les Essais’, texte de 1595 ; ‘Appendice’ : Vingt-neuf sonnets d’Etienne de la Boétie ; Notes de lecture (Lucrèce, César, etc.) ; Sentences peintes et autres inscriptions de la bibliothèque de Montaigne ; notices, notes et variantes, bibliographies, index.

Du repentir
Lecture de François Warin

de Montaigne
[Philosophie]
Résumé du livre
‘Du Repentir’ n’est pas un chapitre des ‘Essais’ parmi d’autres: c’est une véritable miniature de la totalité de l’oeuvre de Montaigne. En effet, en rencontrant le problème moral du repentir, Montaigne pose plus profondément celui du temps, de son insaisissable fuite et de son irréversibilité. Or les ‘Essais’ n’ont pas d’autre objet.

Apologie de Raymond Sebond
de Montaigne
[Philosophie]
Résumé du livre
L »apologie de Raymond Sebond’ est extraite des ‘Essais’ (II, 12). Montaigne y défend un théologien catalan du XVe siècle.

De la vanité
de Montaigne
[Philosophie]
Présentation
Écrivain singulier, inclassable, humaniste et étonnamment moderne, Montaigne prône la tolérance, Mêlant expérience personnelle, commentaires moraux et réflexion, il offre une vision de l’homme toujours en mouvement, sans préjugés. à la fois fort et fragile. D’une grande liberté d’écriture, Montaigne nous offre quelques pages pleines de malice et de sagesse pour nous aider à conduire notre vie. –Ce texte fait référence à l’édition

Journal de voyage
de Montaigne
[Littérature classique]
Présentation
De septembre 1580 à novembre 1581, Montaigne voyage en Europe : Allemagne, Suisse, Italie. Pour soigner sa gravelle aux eaux de Lucques, oublier " les épines domestiques ", " les devoirs de l’amitié maritale " ou cette " mélancolie " qui lui est " mort et chagrin ". Mais surtout pour découvrir autrui dans sa différence et sa diversité : ce qu’on mange ne l’intéresse pas moins que ce que l’on pense, et à Rome il est aussi diligent à écouter la conversation des " femmes publiques " qu’à " ouïr des disputes de théologie " ou visiter les antiquités des vignes cardinalices. " Les rois de Perse, dit-il, qui s’obligeaient de ne boire jamais autre eau que celle du fleuve de Choaspès, renonçaient par sottise à leur droit d’usage en toutes les autres eaux, et asséchaient pour leur regard tout le reste du monde. "

De l’expérience
de Montaigne
[Philosophie]
Présentation
Le dernier des Essais, écrit par Montaigne (1533-1592) au soir de sa vie. Il constitue une véritable synthèse de sa réflexion, marquée par les doctrines stoïcienne et sceptique : la " diversité et variété " de la nature nous interdisent d’atteindre une connaissance définitive, un ordre du monde stable. L’auteur se moque donc des lois qui prétendent corseter par avance le hasard des événements, des commentaires qui font oublier les textes originaux, des dogmes qui veulent réduire le débat religieux " à l’expresse parole de la Bible ". Contre les prétentions uniformisantes du discours, il défend le libre exercice du jugement, la diversité sociale et culturelle. " Prétendre épuiser la richesse de la vie, écrit Montaigne, c’est se montrer aussi naïf que les enfants cherchant à retenir dans leurs mains le mercure fuyard… "

Sur l’éducation
Trois essais

de Montaigne
[Philosophie]
Résumé du livre
Prélude à son oeuvre majeure – les ‘Essais’ – Montaigne s’interroge sur la nature humaine et plus particulièrement sur l’enfance, période pendant laquelle se crée la personnalité de l’homme. Cette analyse s’inscrit dans les principes généraux de sa philosophie.

Petit Vade-Mecum Montaigne

de Michel Eyquem de Montaigne (Auteur), Claude Barousse
Présentation
Toute bibliothèque d’honnête homme comporte les Essais de Montaigne. Mais, pour autant, il n’est pas toujours aisé d’y aller retrouver quelque idée ou réflexion que l’on sait s’y tenir. C’est pourquoi, à l’occasion du quatrième centenaire de la mort de l’écrivain, nous avons accueilli ce Petit Vade-Mecum composé avec une tendresse érudite par Claude Barousse. Et aussi parce que nous avons constaté le bonheur que l’on pouvait prendre – à sauts et à gambades – en tombant au détour du chemin sur tels fragments qui nous éclairent soudain de leur sagesse et de leur clairvoyance. " Montaigne, dont l’oeuvre fourmille de citations gourmandes et substantielles, écrit Claude Barousse dans son avant-propos, n’avait rien à redire contre les centons qui se publient pour centons. Il ajoutait même : Et j’en ai vu de très ingénieux. "



Lettres suivies des Notes de Montaigne sur les Ephémérides de Beuther
de Michel Eyquem de Montaigne
Présentation
Seules trente-huit lettres de Montaigne nous sont parvenues, qui toutes mettent en avant des aspects particuliers aussi bien de l’homme privé que de l’homme public. Qu’il écrive à son père, à sa femme, au maréchal de Matignon, à Michel de L’Hôpital, Montaigne se montre comme toujours à la fois prudent, courtois mais déterminé, et, s’il affirme en ses Essais que Montaigne et le maire de Bordeaux sont deux personnes distinctes, on découvre, à la lecture de ces lettres, qu’une même détermination anime l’homme en ces deux «vacations».
On ne trouvera pas ici une seule lettre «galante», car celle qu’il écrit à Mademoiselle de Montaigne, son épouse, pour la consoler de la mort de leur premier enfant, est bien loin du genre, et n’est en fait, comme beaucoup des missives qu’on lira ici, qu’une longue dédicace. C’est en effet souvent pour présenter à des «grands» certaines oeuvres de son ami défunt Étienne de La Boétie– poèmes, essais ou traductions – que Montaigne rédige nombre de lettres-dédicaces. Outre les missives «politiques», on pourra lire ici le chef-d’oeuvre qu’est la lettre de Montaigne à son père sur la mort de M. de La Boétie, qui avec une vraie émotion nous laisse deviner la hauteur de l’amitié qui a lié ces deux hommes.

Comme pour Les Essais ou le Journal de voyage, le texte des Lettres a été mis en français moderne.

Montaigne par Dumonstier

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1945   12 septembre   

Milo Manara, auteur de BD italien

Milo Manara Scénariste et illustrateur de BD italien
[Bande dessinée]
Né à Luson le 15 septembre 1945

Présentation

Quatrième d’une famille de six enfants, Milo Manara grandit dans une petite ville italienne proche de la frontière autrichienne. C’est la découverte chez le sculpteur espagnol Berrocal de Barbarella (Jean-Claude Forest), et de Jodelle (Guy Peellaert) qui lui font découvrir la bande dessinée, en 1967. Ses premières planches professionnelles — des récits érotiques — datent de 1968, époque à laquelle elles lui permettent de financer ses études d’architecture à Venise. Il abandonne son métier d’assistant de sculpteur et publie Genius, pour les éditions Vanio. Viennent ensuite les aventures de Jolanda, femme pirate. En 1974, il fait une adaptation du Décaméron de Boccace. En 1976, Le Singe, son premier récit ambitieux, paraît dans Alter-Linus puis dans Charlie Mensuel. À la même période, il dessine plusieurs épisodes de l’Histoire de France en bandes dessinées et de La découverte du monde en bandes dessinées aux éditions Larousse. En 1978, sort L’homme des neiges et, la même année, les aventures de Giuseppe Bergman, dans (A SUIVRE). En 1983, sa carrière prend une nouvelle direction avec Le Déclic qui fait instantanément de lui un des maîtres de la bande dessinée érotique. En 1987, Hugo Pratt devient son scénariste pour Un été indien, expérience qu’ils rééditeront sept ans plus tard avec El Gaucho. Entre-temps, l’œuvre de Federico Fellini, autre "maître d’aventure" de Milo Manara, a inspiré une autre collaboration, avec la mise en image du Voyage à Tulum (1990), qui se poursuivra en 1996 avec Le voyage de G. Mastorna. Aujourd’hui, Milo Manara continue une production régulière d’histoires érotiques aux éditions Casterman, mais il participe également à des projets plus originaux comme l’illustration de portfolios divers ou comme un nouveau projet avec le scénariste Alexandro Jodorowsky.

La bibliographie de Milo Manara

La route de Macondo
HP et Giuseppe Bergman – Tome 2

de Milo Manara
[Bande dessinée]
Résumé du livre
Avec Giuseppe Bergman, la philosophie, la poésie et les sentiments sont abordés avec le rythme, l’action et l’héroïsme des récits d’aventure. Car l’Aventure est le thème central véhiculé par ce personnage nomade, fantasque et plein de ressources. Une aventure qui entraîne le lecteur à la découverte du monde, mais qui déroule aussi le fil d’une authentique aventure intérieure. A présent, les pérégrinations de Giuseppe Bergman forment un univers complet, riche, toujours en évolution, celui d’un chef d’oeuvre vivant, qui continue d’explorer les possibles de la bande dessinée moderne.

LES AVENTURES DE GIUSEPPE BERGMAN ( Tome 1
– HP et Guiseppe Bergman
Dessinateur Milo MANARA
Scénariste Milo MANARA
Résumé
Giuseppe Bergman est un jeune homme qui attend depuis tant d’année que l’aventure vienne frapper à sa porte que lorsque l’occasion se présente, il décide de tout laisser tomber et de partir. En effet, un producteur lui propose de financer une belle aventure, pleine de suspense, de jolies filles. Giuseppe ne doit pas compter la dépense…
La seule contrainte, que cette aventure soit passionnante ! Pour cela on lui dit de suivre les conseils d’un certain HP, un maître du genre !
Voilà donc Giuseppe parti à Venise, en Amazonie, entre rêve et réalité…

Avis
Oubliez les albums racoleurs habituels de Manara ! Si vous ne deviez garder que quelques histoires, il faudrait que cela soit celles de Giuseppe Bergman… (rajoutez les deux albums qu’il a fait avec Hugo Pratt aussi, tant qu’à faire :
Dans ce premier album, le héros, reflet de Manara lui même, décide de suivre la voie de Pratt pour se lancer tout seul dans l’aventure. Il ne sait pas très bien ou ça va le mener, ça ressemble à de l’écriture automatique la plupart du temps, on est dans un récit onirique ou tout se déforme, les gens apparaissent pour disparaître aussi vite, le héros s’adresse au lecteur en le prenant à témoin, il est lâche, stupide, il subit les évènements plutôt que de les provoquer…
Bref, du pur anti-héros en pleine forme
Mais, ne vous y trompez pas, c’est passionnant de bout en bout ! Manara se concentre sur son héros, le tord dans tous les sens, amène ce qu’il faut de belles filles sexy sans tomber dans le genre de situation dont il a l’habitude, certes c’est très léger mais pourquoi pas, on est dans une sorte d’Alice au pays des merveilles complètement déjanté !
J’avoue que j’ai eu, parfois, du mal à vraiment suivre toutes les situations, comprendre ce qui se passe par-ci par-là, malgré tout, suivre ce personnage dans cette "aventure", écouter ses remises en question, sur le but de cette histoire, sur ses limites, ses fatigues, sur la crédibilité de tout ça, c’est passionnant, on se perd dans cet exercice de style qui explore les limites de la narration, qui bouscule les codes en règle, une sorte de non-écriture jouissive…
En refermant ce premier opus, je me suis souvenu du "Monde d’Edena" de Mœbius qui s’écrivait progressivement en laissant le récit se déployer…
Quel plaisir !
Je vous conseille vivement cet étrange album !
Vivement la suite !
FredGri (25 Avril 2004)

Manara Maurilio

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1524   11 septembre   

Pierre de Ronsard, poète français,

Pierre de Ronsard (11 septembre 1524 – nuit du 27 au 28 décembre 1585),
écrivain et poète français du XVIe siècle,
était surnommé « le prince des poètes » .
Il est né au manoir de la Possonnière,
près du village de Couture-sur-Loir en Loir-et-Cher.

Biographie

Pierre est le fils cadet de Louys de Ronsard (chevalier qui accompagna les enfants de François Ier lors de leur captivité en Espagne en qualité de maître d’hôtel) et de Jeanne Chaudrier. Il a étudié au Collège de Navarre à Paris en 1533. Il semblerait qu’il n’ait pas apprécié la vie rude de l’école médiévale. Il est page auprès du dauphin du roi, François, puis de son frère le duc d’Orléans. Quand Madeleine de France épousa Jacques V d’Écosse, en 1537, Ronsard fut attaché au service du roi et passa trois années en Grande-Bretagne. En 1539, il retourna en France et entra à l’Ecurie royale.Il est dans la compagnie du duc d’Orléans.

Le manoir de la Possonière, où est né Pierre de Ronsard

Cette fonction lui offrit l’occasion de voyager : il fut envoyé en Flandre puis de nouveau en Écosse. Bientôt une fonction plus importante lui fut offerte et il devint le secrétaire de la suite de Lazare de Baïf, le père de son futur collègue de Pléiade et compagnon à cette occasion, Antoine de Baïf. Il a été attaché de la même manière à la suite du cardinal du Bellay-Langey et sa querelle mythique avec François Rabelais date de cette époque.

Sa carrière diplomatique prometteuse fut cependant subitement interrompue : une otite chronique qu’aucun médecin ne put guérir le laissa à moitié sourd. Pierre de Ronsard décida alors de se consacrer à l’étude. Il choisit le Collège de Coqueret dont le principal était Jean Dorat, aussi professeur de grec et helléniste convaincu (qui fera partie de la Pléiade) qu’il connaissait puisqu’il avait été le tuteur de Baïf. Antoine de Baïf accompagna Ronsard ; Joachim du Bellay, le second des sept, les rejoignit bientôt. Muretus (Marc-Antoine Muret), passionné de latin, qui jouera un rôle important sur la création de la tragédie française, y était aussi étudiant à la même époque.

La période d’étude de Ronsard dura sept années et demie et le premier manifeste de ce nouveau mouvement littéraire prônant l’application des principes de la Pléiade a été écrit par Du Bellay. Défense et illustration de la langue française parut en 1549 : la Pléiade (ou Brigade, comme elle s’appelait à ses débuts) était alors lancée. Elle comprenait sept écrivains : Ronsard, Du Bellay, Baïf, Rémy Belleau, Pontus de Tyard, Jodelle et Jean Dorat. Un peu plus tard, Ronsard publia ses premières œuvres en 1550 dans ses quatre premiers recueils Odes.

En 1552, le cinquième livre des Odes fut publié en même temps que Les Amours de Cassandre. Ces recueils déclenchèrent une véritable polémique dans le monde littéraire. Une histoire illustre les rivalités et critiques qui existaient alors : on dit que Mellin de Saint-Gelais, chef de file de l’École marotique, lisait des poèmes de Ronsard de façon burlesque devant le roi afin de le dévaloriser. Cependant, Marguerite de France, la sœur du roi (plus tard duchesse de Savoie), prit à un moment le recueil des mains de Mellin et se mit à le lire, rendant aux poèmes toute leur splendeur : à la fin de la lecture, la salle était sous le charme et applaudit chaleureusement. Ronsard était accepté comme poète. Les deux poètes se réconcilièrent, comme l’indique le sonnet de M.deS.G. En faveur de P. de Ronsard.

Sa gloire fut subite et hors mesure. Sa popularité ne faillit jamais. En 1555-1556, il publia ses Hymnes. Il termina ses Amours en 1556 puis il donna une édition collective de ses œuvres, selon la légende à la demande de Marie Stuart, épouse du roi François II en 1560. En 1565, ce sont Élégies, mascarades et bergeries qui parurent en même temps que son intéressant Abrégé de l’art poétique français.

En 1563, poète engagé, il publie une Remontrance au peuple de France.

L’Académie des Jeux floraux de Toulouse le récompense, et le peuple de Toulouse, estimant l’églantine, prix des Jeux floraux, trop modeste pour honorer « le poète français », lui envoya une Minerve d’argent massif de grand prix. Ronsard remercia le cardinal de Chastillon, archevêque de Toulouse, qui l’avait toujours admiré, en lui adressant l’« Hymme de l’Hercule chrestien ».

Le changement rapide de souverains n’altéra pas les traitements auxquels a droit Ronsard. Après Henri et François, c’est Charles IX qui tomba sous son charme. Il lui mit même des pièces à disposition dans le palais. Ce parrainage royal a eu quelques effets négatifs et l’œuvre demandée par Charles IX, La Franciade, n’égale pas le reste de l’œuvre de Ronsard, le choix fait par le roi de vers de dix syllabes plutôt que l’alexandrin étant regrettable.

La mort de Charles IX ne sembla pas avoir changé les faveurs auxquelles il avait droit à la cour royale. Mais Ronsard, ses infirmités augmentant, choisit de passer ses dernières années loin de la cour, alternant ses séjours dans une maison lui appartenant à Vendôme, dans une abbaye à Croix-Val non loin de là ou encore à Paris où il était l’invité de Jean Galland, intellectuel du Collège de Boncourt. Il avait peut-être aussi une maison en propre au Faubourg Saint-Marcel.Il voyagea en Andalousie pendant trois mois, à Cordoue, où il trouva l’inspiration pour son poème Ode a l’Antiquité.

Ses dernières années furent assez tristes : Ronsard connut la perte de nombreux de ses amis et son état de santé s’aggrava. Des souverains étrangers, dont la reine Élisabeth Ire d’Angleterre, lui envoyaient des présents. Malgré la maladie, ses créations littéraires restèrent toujours d’aussi bonne qualité et quelques-uns de ses derniers écrits sont parmi les meilleurs. On trouve des poèmes contre Ronsard dans la collection de manuscrits rassemblés par François Rasse des Noeux.

Le 27 décembre 1585, Ronsard est enterré dans l’église du Prieuré de Saint-Cosme à La Riche près de Tours.

Les citations de Pierre de Ronsard

«Celui qui n’aime est malheureux, Et malheureux est l’amoureux.»
[ Pierre de Ronsard ] – Mélanges, Odelette

«Punissez-vous vous-même, afin que la justice de Dieu qui est plus grand, vos fautes ne punisse.»
[ Pierre de Ronsard ] – Discours

«Vivez si m’en croyez, n’attendez à demain. Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.»
[ Pierre de Ronsard ] – Sonnets pour Hélène

«Le cerveau n’est jamais bien sain que l’amour ou le vin n’abreuvent.»
[ Pierre de Ronsard ] – Extrait d’ A son page

«Amour et les fleurs ne durent qu’un printemps.»
[ Pierre de Ronsard ]

«Le jour tant soit il court vaut mieux que la nuitée.»
[ Pierre de Ronsard ]

«Celui qui se connaît est seul maître de soi.»
[ Pierre de Ronsard ] – Institution pour l’adolescence du roi très chrétien

«Ecoute bûcheron, arrête un peu le bras ! Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas ; Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoûte à force, Des Nymphes qui vivaient dessous la dure écorce.»
[ Pierre de Ronsard ]

«Le temps s’en va, le temps s’en va, madame ; Las ! Le temps, non, mais nous nous en allons.»
[ Pierre de Ronsard ] – Continuation des amours

«Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur, la vieillesse fera ternir votre beauté.»
[ Pierre de Ronsard ] – Odes, à Cassandre

«Heureux qui plus rien ne désire !»
[ Pierre de Ronsard ] – Extrait des Odes

«La matière demeure et la forme se perd.»
[ Pierre de Ronsard ] – Elégie contre les bûcherons de la forêt de Gastine

«Ce sont les seuls interprètes des vrais Dieux que les poètes.»
[ Pierre de Ronsard ] – Le Bocage

«Par le plaisir faut tromper le trépas.»
[ Pierre de Ronsard ] – Second Livre des amours

«La jeunesse s’enfuit sans jamais revenir.»
[ Pierre de Ronsard ] – Derniers Vers, stances

«Mais toujours le plaisir de douleur s’accompagne.»
[ Pierre de Ronsard ] – Extrait des Sonnets

«Le vrai trésor de l’homme est la vaste jeunesse Le reste de nos ans ne sont que des hivers.»
[ Pierre de Ronsard ] – Stances

La bibliographie de Pierre de Ronsard

Les Odes
de Pierre de Ronsard
[Poésie]
Résumé du livre
Composées sur le mode de la diversité des inspirations, Les Odes traduisent la volonté de Ronsard de revenir au lyrisme antique.

Les amours
de Pierre de Ronsard
[Poésie]
Résumé du livre

Ce recueil regroupe les sonnets pétrarquistes dediés à Cassandre (1552) , à Marie (1555) et à Hélène (1578). De sonnets en sonnets, ce ne sont que jeux d’esprit et comparaisons mythologiques, où l’amour est prétexte à la littérature.


Le bocage
de Pierre de Ronsard
[Poésie]

A lui mesme

Lors que ta mere estoit preste à gesir de toi,
Si Jupiter, des Dieus et des hommes le roi,
Lui eust juré ces mots : l’enfant dont tu es pleine,
Sera tant qu’il vivra sans douleur et sans peine,
Et tousjours lui viendront les biens sans y songer,
Tu dirois à bon droit Jupiter mensonger.
Mais puis que tu es né, ainsi que tous nous sommes,
A la condition des miserables hommes,
Pour avoir en partage ennuis, soucis, travaus,
Douleurs, tristesses, soins, tormans, peines et maus,
Il faut baisser le dôs, et porter la fortune
Qui vient sans nul égard à tous hommes commune :
Ce que facilement patient tu feras,
Quand quelque fois le jour, en ton coeur penseras
Que tu n’es que pur homme, et qu’on ne voit au monde
Chose qui plus que l’homme en miseres abonde,
Qui plus soudain s’éleve, et qui plus soudain soit
Tombé quand il est haut : et certes à bon droit,
Car il n’a point de force, et si tousjours demande
D’atenter, plus que lui, quelque entreprise grande.
Ce que tu quiers du Roi, Maigni, n’est pas grand cas,
Et de l’avoir bien tost encores tu n’as pas
Du tout perdu l’espoir, pource pren bon courage,
Tu n’as garde de fondre au meillieu de l’orage,
Puis que tu as, en lieu du bel astre besson
Des Spartains, la faveur de ton grand d’Avanson,
Qui ja pousse ta nef sur la rive deserte,
Pour y payer tes veus à Glauque et Melicerte.

Pierre de Ronsard
Poète français de la Renaissance.
Source : Thoemmes Press Portrait Gallery

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1897   10 septembre   

Georges Bataille, écrivain français,

Georges Bataille, né le 10 septembre 1897 à Billom (Puy-de-Dôme), mort le 8 juillet 1962, est un écrivain français. Multiforme, son œuvre vaut à la fois dans le champ de la littérature et dans ceux de l’anthropologie, de la philosophie, de la sociologie et de l’histoire de l’art. Les notions d’érotisme, de transgression, de sacré ou de chance restent attachées à son nom.

Eléments biographiques

Les premières années : "Au nom du père"

Georges Bataille passe son enfance à Reims, dans la promiscuité d’un père que la syphilis a rendu aveugle, "P.G." (paralytique général, dans les registres d’alors) et donc impotent. Un père dur selon Bataille, une sorte de roi terrible (comme sont tous les pères pour les enfants trop sensibles) qui de surcroît est inapte, parfaitement inapte. On comprend que toutes les autorités seront dès lors envisagées comme des fantoches ou des sortes de "Guy Fawkes", des épouvantails voués à une destruction sans conséquences. Sauf pour la famille: le père reste le père, le centre sacré de la communauté réduite, à la fois le chef et le symbole de ce qui est à valoriser. Il faut donc s’imaginer l’énormité que dut prendre dans le regard de l’enfant cette figure terrible, qui lui lègue un nom qui n’en est pas un, puisqu’il fait signe vers une activité, non un objet (Dubois, Dupont…). Un père dur qui nomme son premier fils Martial, comme si l’objet voué à subir sa loi portait déjà lui-même le type de cette loi. Un "guerrier" exigeant de trouver dans ses fils les qualités du guerrier, tout en s’assimilant à leurs yeux – aux yeux de Bataille – la représentation-même de la calamité et du désaide.

Qu’est-ce qui peut libérer un enfant de ce cadre affectif? On parle en psychanalyse de la mort du père comme d’un processus symbolique. Et si le symbolique et le réel s’inversaient? Si le guerrier dans ses propos était en fait un épouvantail – qui fait peur mais meurt d’une allumette? Alors la mort physique du père ne serait-elle pas la garantie d’un enfermement définitif, plutôt que le signal d’une liquidation? C’est peut-être ce qui advint. En 1914, alors que la ville est évacuée devant l’offensive allemande, sa mère, lui et son frère (?) fuient à Riom-ès-Montagnes, dans la famille de celle-ci, forcés de laisser le père derrière eux. Bataille en sera d’autant plus définitivement marqué que ce père meurt isolé, l’année suivante, après que sa mère dépressive lui a défendu d’aller le rejoindre.

Sans religion héritée – Joseph-Aristide Bataille était irréligieux, vouait semble-t-il une même haine aux curés et aux médecins – Georges Bataille se convertit au catholicisme peu après ces événements. Envisageant même de prendre la règle, il s’inscrit au séminaire de Saint-Flour en 1917. C’est dans cette perspective qu’il publie ce qu’on doit considérer comme son premier texte : une plaquette intitulée Notre-Dame de Rheims et dédiée à la gloire de la cathédrale largement détruite par les bombardements.

Dans La Prise de la concorde, Denis Hollier propose une lecture majeure de ce texte originel, édifiant, dont toute l’œuvre de Bataille, architecture mouvante, ruineuse, serait la contestation : la reprise et la négation.

L’entre-deux-guerres

Formation
Par intérêt pour le Moyen-Âge, Bataille prépare le concours de l’École des Chartes "dans l’esprit d’un chevalier à la veille de l’adoubement" (A. Masson), et y est admis en 1918. Il abandonne donc le séminaire et s’installe à Paris. Il cohabite avec André Masson, qui use ses culottes sur les mêmes bancs que lui. Il se lie aussi d’amitié avec l’anthropologue Alfred Métraux, voyage en Espagne où il est frappé par la découverte de la corrida, avant de l’être, de façon décisive, par la lecture de Par-delà le bien et le mal de Nietzsche.

Noli me tangere
Au cours de ses années d’études, il semble perdre peu à peu la foi, et il se peut que cela soit lié à la fréquentation des femmes, à une époque – celle de L’Ange bleu et du Chien andalou – où la femme est réaffirmée comme un objet tabou, cause de trouble et de perdition. Cependant, si dans ce sens l’on sent dans la correspondance de l’époque un certain "tropisme" qui se traduira par la suite dans les premières pages du Bleu du ciel (dont le titre initial était Dirty, du nom de sa ruineuse héroïne Dorothea), il faut reconnaître que cette "ouverture" au monde des plaisirs et de la nuit est liée aux voyages qui rythment ces années de formation. C’est l’Espagne, où les femmes se révèlent des "anima[ux]" capables de "mettre le feu dans un lit"; c’est l’Italie, spécialement Florence et son dôme qui provoque le fou rire soudain d’un étudiant trop studieux et presque trop sérieux. Et, à l’opposé de ce Sud sensuel et ensoleillé, c’est l’Angleterre industrielle des tavernes et des hôtels interlopes. Il faut comprendre qu’à cette période les choses se décollent et glissent devant un jeune homme qui semble avoir, jusque-là, cherché la stabilité qui lui manquait dans un goût peut-être forcé, fantasmatique, pour la discipline et l’ascèse.

"L’expérience du rire" ou la nuit de Bataille
Toujours à Londres, il dîne à la table d’Henri Bergson, cependant la lecture du Rire, phénomène qui lui apparaît au même moment comme capital, le laisse sur sa faim.

Aux marges du surréalisme
En 1922, il obtient son diplôme de l’École des Chartes et entame sa longue carrière de bibliothécaire, d’abord à la Bibliothèque nationale où il restera vingt ans, avant d’être nommé à Carpentras (1949) puis à Orléans (1951).

L’engagement politique et antifasciste
Au début des années 1930, Bataille est membre du Cercle communiste démocratique, et écrit dans sa revue La Critique sociale. Ensuite, dans le contexte des années 1930, en marge des Ligues et du Front populaire, Bataille fonde le mouvement Contre-attaque qu’il dirige dans ses grandes lignes théoriques, contrairement à ce que s’est efforcé de faire croire André Breton. En effet, le "pape du surréalisme" dut être dérangé par l’importance et le crédit nouvellement accordé à une ancienne victime de la politique d’ostracisme qu’il avait appliquée jusqu’alors à ses "troupes" surréalistes.

La guerre et l’après-guerre
En 1946, Bataille épouse Diane Kotchoubey de Beauharnais ; ils eurent une fille.

Œuvre

L’œuvre de Georges Bataille couvre la première moitié du XXe siècle et en annonce par ses problématiques et son mouvement propre la seconde moitié. Cette œuvre doit être envisagée parmi les plus difficiles d’abord et d’accès : premièrement, par la quantité encyclopédique des références et des savoirs qu’elle charrie, qui vont de la paléontologie à l’astrophysique en passant par la théologie chrétienne, la littérature et l’histoire de l’art ; et, deuxièmement, par la transdisciplinarité de sa réflexion, qu’il faut distinguer de la pluridisciplinarité, c’est-à-dire que « les contenus se perdent les uns dans les autres »: les disciplines sont clairement considérées comme des ensembles méthodologiques dépassées par la « totalité » qui constitue tout objet du réel (et de l’irréel – mais nous allons déjà trop vite…).

Précédé d’une réputation sulfureuse qu’il a mise en scène et dont il s’est joué tout au long de sa vie et de son œuvre, il a été rapidement catalogué comme un « nouveau marquis de Sade » dans le cadre de l’avant garde française de l’entre deux guerres, alors défini par l’héritage de Dada, « maladie infantile du surréalisme » et régie par le surréalisme en la personne d’André Breton, le reléguant ainsi à l’enfer de la bibliothèque. Ce demi rejet fut trop violent (cf. Un Cadavre, Le Lion châtré, Second Manifeste du surréalisme) pour ne pas être envisagé comme le signe d’une inquiétude qui est peut-être l’objet même de la recherche personnelle de G. Bataille, à l’origine de sa réflexion, de son œuvre et de ses thématiques.

Protéïforme, on envisage cependant assez souvent l’œuvre de Bataille selon deux aspects : d’une main, les textes littéraires, de l’autre, les textes à vocation plus « philosophique », au sens large puisque c’est d’anthropologie, de sociologie, de poésie, d’histoire de l’art, voire de politique qu’il est en fait question dans les articles livrés aux revues comme dans les deux grands ensembles de son œuvre que sont La Somme athéologique et La Part maudite. Elle n’en est pas moins problématique du point de vue générique : la philosophie de Bataille s’exprime dans des fragments autobiographiques autant que dans des sommes systématiques visant une explication totale du phénomène humain. En effet le théorique et le "pratique" (les textes littéraires) vont toujours de pairs, et toujours dans des sens où on ne l’attend pas. Ainsi il dira que si effectivement "Le Coupable" est une clef pour comprendre "Le Petit", "Madame Edwarda" lui, est la clef pour comprendre son essai "l’Expérience intérieure".

Tout provient du fait que Bataille se fonde sur une contradiction logique évidente: saisir l’insaisissable. On pourrait trouver cette formule creuse et effectivement elle l’est, tant elle semble pouvoir s’appliquer à tout texte littéraire. Mais en réalité le problème est explicite et même plus: exarcerbé chez Bataille. C’est le combat de toute son écriture qui rend le problème palpable. Ceci mène Bataille à confondre les genres et à user de métaphores dans ses essais (L’Expérience Intérieure) comme de passages théoriques dans ses récits (Le bleu du ciel). Entre les deux se situent des œuvres inclassables, entre le cri de rage, le récit et la philosophie ("Sacrifice", "Le Petit", "L’Impossible"). Or c’est par cette contradiction logique que l’on pourrait voir comme le conflit problématique entre l’esthétique et l’expérience c’est-à-dire d’une écriture qui se veut l’expérience en dépassant la contemplation esthétique, que l’on arrive à des chefs d’œuvres littéraire. Ainsi Madame Edwarda semble être le point le plus aigue atteint par Bataille, un texte aussi fascinant que court, jeté en une traite, un geste sincère qu’il cherchera à reproduire le reste de sa vie. Il s’agit d’une nouvelle très courte (l’auteur cherchera d’ailleurs a lui ajouter une préface et à le coupler avec d’autres récits, dont "Ma Mère") qui déroute absolument. Ne laissant aucune prise aux commentaires littéraires, il échappe à la compréhension intelligible, on ne peut en tirer aucune théorie… Sauf celle de l’Expérience intérieure. Nous pouvons néanmoins relever deux procédés, utilisés constamment dans son œuvre de fiction pour transformer l’esthétique en l’expérience (et non en UNE expérience, celle de l’esthétique). Il s’agit d’abord de l’érotisme, qui permet la suscitation d’un désir sexuel. Puis la provocation qui révolte le lecteur, le pousse dans ses dernières inhibitions morales le but étant que celui-ci parvienne à une horreur (voir une volupté) similaire à celle que vivent les personnages. Mais nous pouvons remarquer que ce second procédé est surtout caractéristique du jeune Bataille. Les corrections apportés à Madame Edwarda, Julie ou l’abbé C par exemple, montrent que l’auteur a réduit le vocabulaire ordurier et les scènes crues au profit d’un relèvement du niveau de la langue et d’allusions plus évasives. Il s’agit d’un point très important car il révèle l’intérêt que prend Bataille à s’insérer plus spécifiquement dans l’histoire littéraire. En effet, à partir d’un certain moment dans son œuvre, l’écriture utilise des procédés qui s’éloignent de la vraisemblance de l’expérience que vivent les personnages pour constituer une autre expérience extatique mais différente (installant une correspondance complexe entre une expérience esthétique et l’expérience "Impossible"). Concrètement on peut remarquer la multiplication dans les récits de dialectiques de conscience ne se résolvant jamais, dépassant la vraisemblance par rapport à la situation du personnage (il en est ainsi du discours sur l’amour qui clôt "Julie" ou encore plus spécifiquement des pensées du narrateur dans "Ma Mère"). D’autres parts la référence au genre littéraire jusque dans sa parodie fait son apparition: les tableaux du "Mort" ou encore le coté théâtral exageré de "Julie". On peut dire que les rapports contradictoires entre l’esthétique et l’expérience est un enjeux insoluble et c’est cela qui paradoxalement le rend fécond. Bataille lui-même adopte une attitude contradictoire en affirmant lors de l’une de ses interviews sur "La Littérature et le mal" que la Littérature est un danger qui permet de confronter l’homme au pire. Cette "confrontation au pire" ne peut passer que par une sorte d’identification totale: grossièrement et par exemple si je vois une mère mourir dans une œuvre, je le prend exactement comme s’il s’agissait de ma propre mère et j’en ressens une horreur similaire. Mais dans "L’Impossible" l’auteur semble adopter un point de vue plus "Proustien": "La poésie n’est pas l’expérience mais l’évocation de celle-ci, d’abord pauvre et difficile". Bataille semble conceder ici que l’écriture et l’art en général possède une richesse que ne peut avoir la vrai vie, tranchant avec les idéaux sur l’extase et le devoir de "vivre avant de connaître". Plus tard dans l’interview, Bataille parle de ce livre (la littérature et le mal) en le présentant comme une mise en garde (contre le danger de la littérature). Mais en réalité et c’est par là que Bataille fonde son espoir d’un art transcendantal, d’une ouverture vers "l’impossible", il s’agit d’avantage d’une ouverture à une sensibilité, un encouragement à ne prendre aucune distance avec une œuvre, la prendre comme vrai, autrement dit d’avoir de l’imagination au sens qu’en donne Thomas Mann: "Avoir de l’imagination ce n’est pas approfondir une idée, c’est la prendre au sérieux". La réussite de l’œuvre (à comprendre par le but du texte) tient en grande partie de l’horizon d’attente du lecteur.

On peut ensuite être tenter d’exposer les sytèmes d’ambivalence qui structurent toute l’œuvre, de son origine personnelle, à sa production qui s’appuie sur les structures mentales de l’air du temps pour atteindre à autre chose – qu’il faudra définir – jusqu’à la reception de son œuvre. En effet, il y a un certain nombre d’oppositions qui situent la parole et le propos de Bataille qui semble avoir toujours été très fortement conscient des conditions de l’expression et de la communication. On peut distinguer, parmi les textes on et les textes off, entre ceux qui assument la réception légale conditionnées par le nom de l’auteur, et ceux qui échappent aux structures mentales classiques via l’emploi du pseudonyme (Lord Auch, Pierre Angélique, Louis Trente).

Dans un second temps, on peut souligner le jeu qui permet à Bataille de s’insérer dans le champ de la production littéraire (au sens large, comme il y a une littérature scientifique…) depuis l’extérieur de ce champ. Par exemple, la situation de Bataille n’est pas compréhensible sans le contexte du surréalisme qu’il rend nécessaire pour le dépasser. Cette entreprise tient à la fois de la stratégie de réception (polémique, donc) et de la pertinence du contenu. Le besoin de s’extraire du relativisme contextuel se comprend mieux avec un autre exemple: quand Sartre publie Les Mouches, qui reprennent les Choéphores d’Euripide, Bataille publie discrètement, puisque les notoriétés ne sont pas comparables entre le chef de file de l’existentialisme et l’écrivain lu par « quatre cent personnes, au plus », un court texte qui prend à rebours toute la conception de Sartre de l’engagement pour décrire sur un mode poétique, c’est-à-dire visant à créer un objet culturel, un symbole chargé de sacré et donc opérant dans la culture. Ce texte se nomme L’Orestie et figure dans le recueil d’abord intitulé Haine de la poésie, puis réédité sous le titre de L’impossible. L’opposition à Sartre et ce mouvement de retournement – qui rappellerait presque l’Aïkido, puisqu’il est question d’utiliser l’impact d’un auteur pour le fissurer de l’intérieur et exposer sa propre vision du sens via cette fissure – se retrouve dans l’article sur le Baudelaire de Sartre, repris dans le recueil La Littérature et le mal, où le travail effectué par Sartre est utilisé pour démontrer des thèses opposées en quelques pages, bénéficiant de la puissance des quelques mille pages de l’analyse de Sartre et de la brièveté de l’article.

Posons quelques remarques importantes pour éviter les contre-interprétations:

G. Bataille n’est pas un cynique, il revendique un humanisme à la fois rimbaldien (attentif à l’horizon poétique, à la poésie « qui sera en avant de l’action ») et très « troisième République » (Bataille est resté toute sa vie un haut fonctionnaire de la république, il fut d’ailleurs décoré de la Légion d’honneur). Cet humanisme, il le nomme, avec un certaine ironie potache, « humanisme déchiré », c’est-à-dire, en lambeaux, en fragments, sans les certitudes progressistes ou évangélistes, et prenant courageusement en compte l’avertissement hégélien sur la nécessité du « travail de la mort ».
La contradiction est un des moteurs de sa pensée comme de son écriture. En cela il applique sciemment et radicalement les vœux émis par Nietzsche (son « seul compagnon sur terre ») et s’attache spécialement à une réflexion sur l’hégélianisme et la notion de synthèse (à laquelle il oppose le pragmatisme et l’encyclopédisme de la somme, évitant par là d’entrer dans la métaphysique).
La visée de Bataille est d’aboutir à une prise en compte totale de l’histoire et de l’homme (cf. le Projet d’une histoire universelle refondue en Histoire de l’érotisme, puis en pensum anthropo-philosophique, L’Erotisme), ce que l’on critique beaucoup aujourd’hui, avec souvent trop de légèreté, en associant ce projet de totalité à une intention totalitaire alors que pour Bataille, la totalité, comme l’univers est une totalité ouverte, en expansion ad vitam aeternam. En fait, il semble que la poésie vient en remède ou en aboutissement naturel du Savoir (la majuscule fait référence à Hegel): une fois qu’on à apris à connaître, on comprend que la vie consciste à être, et comme pour Bataille l’être est imparfait, en déficit fondamental depuis l’origine par rapport à un néant qui finalement serait plus sensé dans le cadre de notre savoir sublunaire… Aussi pour vire, l’homme crée, comme l’être, pour s’aspirer hors de sa propre déchéance et, comme dirait Bashung "aller dans l’irréel".
Le machisme, la fascination exercée par la violence (du spectacle tauromachique par exemple) et la réputation de fasciste (ce qui peut paraitre étrange, Bataille se disant lui-même communiste, même si il donne à ce mot un sens particulier) de Bataille mériteraient une étude approfondie, ne serait-ce que parce qu’il est déterminé par un contexte historique bien spécifique (l’entre-deux guerres) et parce que Bataille est lui-même à l’origine d’une tradition littéraire libertaire encore peu reconnue, puisque tuée par les « victimes »-mêmes de son influence. Citons Jacques Derrida, dont la déconstruction du christianisme doit beaucoup à l’entreprise athéologique et René Girard, dont l’anthropologie chrétienne et la réflexion sur les liens de la violence et du sacré doit beaucoup au premier Bataille.
On peut aussi souligner, sur le versant social de la biographie et au delà de ses relations et amitiés, nombreuses et complexes (Laure alias Colette Peignot, André Masson, Michel Leiris, Léon Chestov, Alexandre Kojève, Théodore Fraenkel, René Char, Dora Maar et Pablo Picasso…), ce qui serait les grands accomplissements de sa « carrière »:

les fonctions qu’il occupa à la Bibliothèque nationale, sa fonction de directeur du comité de rédaction de la revue Critique (qu’il a fondée), sa recherche conjointe avec Michel Leiris et Roger Caillois d’une explication cohérente du sacré via un « Collège de sociologie sacrée »
la réparation faite à Nietzsche (cf. Acéphale n°2), qu’il est le premier à défendre, en France, des déformations nazies la conservation de textes de Walter Benjamin durant sa fuite son intervention lors du procès intenté par le ministère public contre Jean-Jacques Pauvert lors de la publication des œuvres du marquis de Sade.
Dans le domaine de la poésie, les thématiques du soleil et de la nuit, héritées de Neitzsche, font de lui un foyer d’influence dont on peut trouver la trace chez des auteurs contemporains comme, par exemple, Pascal Quignard (La Haine de la musique qui reprend clairement La Haine de la poésie) ou Christophe Honoré (qui a porté à l’écran, avec dans le rôle titre Isabelle Huppert : Ma mère).
——————————————————————————–

Fondateur de plusieurs revues (dont en 1946, la revue Critique plus tard dirigée par son ami Jean Piel) et groupes d’écrivains, il est l’auteur d’une œuvre abondante et très diverse, publiée en partie sous pseudonyme : récits, poèmes, essais sur d’innombrables sujets (de la mystique à l’économie, en passant par la poésie, la philosophie, l’art, l’érotisme…). Il débat ainsi au sein du Collège de sociologie (1937-1939) avec les ethnologues Roger Caillois, Michel Leiris et Anatole Lewitzki. Relativement peu connu de son vivant, il exercera après sa mort une influence considérable sur des auteurs tels que Michel Foucault, Philippe Sollers ou Jacques Derrida.
Fasciné par le rituel de sacrifice humain, il fonde Acéphale, une revue d’inspiration nietzschéenne mais aussi une société secrète visant à créer « la communauté de ceux qui n’ont pas de communauté. »
Bataille eut un talent interdisciplinaire étonnant – il puisa dans des influences diverses et avait l’habitude d’utiliser divers modes de discours pour façonner son œuvre. Son roman L’Histoire de l’œil, par exemple, publié sous le pseudonyme « Lord Auch »[2], fut critiqué initialement comme de la pure pornographie, mais l’interprétation de ce travail a graduellement mûri, révélant alors une profondeur philosophique et émotive considérable ; une caractéristique d’autres auteurs qui ont été classés dans la catégorie de la « littérature de transgression ». Le langage figuré du roman repose ici sur une série de métaphores qui se rapportent à leur tour aux constructions philosophiques développées dans son travail : l’œil, l’œuf, le soleil, la terre, le testicule. Bien que le récit soit peut-être dans sa structure le plus "classique" des récits de Bataille, reposant dans un crescendo menant à une scène finale opérant une synthese transgressive et poétique de l’ensemble des obsessions rencontrés dans le roman, cette première œuvre marque déjà le génie de l’auteur pour les mises en scènes érotiques, et affirme son style.
D’autres romans célèbres incluent Ma mère et Le bleu du ciel. Le bleu du ciel avec ses tendances nécrophiles et politiques, ses nuances autobiographiques ou testimoniales, et ses moments philosophiques chamboulent L’histoire de l’œil, fournissant un traitement beaucoup plus sombre et morne de réalité historique contemporaine. Ma mère est un roman publié posthume en 1966. Il fut considéré comme inachevé ce qui est relativement faux. En réalité Bataille n’a pas fini le recopiage du manuscrit final, mais a accolé deux manuscrits l’un après l’autre (le manuscrit "vert" et le manuscrit "jaune") de sorte que le texte posséde un dénouement et une fin acceptable, offrant une cohérence permettant le commentaire littéraire. Ma mère est un récit sur l’inititation aux vices d’un fils par sa mère. Loin d’être simplement un roman simplement provoquant (avec le suggestion évidente de l’inceste), il représente plutôt une synthèse des préoccupations de Bataille durant l’ensemble de son œuvre allié à la totale maturité de son style littéraire. La genèse de Ma mère tout comme son analyse mériterait un article à part.

Bataille était également un philosophe (bien qu’il ait renoncé à ce titre), mais pour beaucoup, comme Sartre, ses prétentions philosophiques se bornent à un mysticisme athée. Pendant la deuxième guerre mondiale, influencé par Heidegger, Hegel, et Nietzsche, il écrit La Somme athéologique (le titre se réfère à la Somme théologique de Thomas d’Aquin) qui comporte ses travaux L’Expérience intérieure, Le Coupable et Sur Nietzsche. Après la guerre il compose La Part maudite, et fonde l’influente revue Critique. Sa conception très particulière de la « souveraineté » (qui peut être considérée comme anti-souveraine) a été discutée par Jacques Derrida, Giorgio Agamben, Jean-Luc Nancy et d’autres.

Les citations de Georges Bataille

«Le coeur est humain dans la mesure où il se révolte.»
[ Georges Bataille ]

«Une conscience sans scandale est une conscience aliénée.»
[ Georges Bataille ] – La littérature et le mal

«En un sens le cadavre est la plus parfaite illustration de l’esprit.»
[ Georges Bataille ]

«Ce qui m’oblige d’écrire, j’imagine, est la crainte de devenir fou.»
[ Georges Bataille ] – Somme athéologique

«Je marche à l’aide des pieds, je philosophe à l’aide des sots. Même à l’aide des philosophes.»
[ Georges Bataille ] – Extrait de la Somme athéologique

«L’apparente immobilité d’un livre nous leurre : chaque livre est aussi la somme des malentendus dont il est l’occasion.»
[ Georges Bataille ] – Sur Nietzsche

«Les êtres sont inachevés l’un par rapport à l’autre, l’animal par rapport à l’homme, ce dernier par rapport à Dieu, qui n’est inachevé que pour être imaginaire.»
[ Georges Bataille ] – Extrait de la Somme athéologique

«J’enseigne l’art de tourner l’angoisse en délice.»
[ Georges Bataille ] – Extrait de la Somme athéologique

«L’humour seul répond toutes les fois qu’est posée la question dernière sur la vie humaine.»
[ Georges Bataille ] – Les larmes d’Eros

«Nous ne pouvons ajouter au langage impunément le mot qui dépasse les mots, le mot Dieu ; dès l’instant où nous le faisons, ce mot se dépassant lui-même détruit vertigineusement ses limites.»
[ Georges Bataille ] – Madame Edwarda

«De même que l’horreur est la mesure de l’amour, la soif du mal est la mesure du bien.»
[ Georges Bataille ] – La littérature et le mal

«Chaque livre est aussi la somme des malentendus dont il est l’occasion.»
[ Georges Bataille ] – Somme athéologique

«L’espoir est le désir mais ouvert à la peur.»
[ Georges Bataille ] – L’au-delà du sérieux

«Nous n’aurions plus rien d’humain si le langage en nous était en entier servile.»
[ Georges Bataille ]

«Qui ne "meurt" pas de n’être qu’un homme ne sera jamais qu’un homme.»
[ Georges Bataille ] – Somme athéologique

La bibliographie de Georges Bataille

Le bleu du ciel
de Georges Bataille

[Littérature française XXe]
Résumé du livre
Long poème teinté d’angoisses, ‘Le bleu du ciel’ est une métaphore de la mort, ou plutôt de notre rapport à elle. Pour alimenter cette belle analyse de notre vue du néant, Georges Bataille a choisi de rendre à la vie et au ‘bon vivant’ toutes leurs lettres de noblesse. Il raconte une vie d’excès – beuveries et nuits blanches – à partir et au terme de laquelle se dessine un certain ciel…

Le Collège de sociologie 1937-1939
de Georges Bataille, Roger Caillois, Michel Leiris
[Sciences humaines]
Résumé du livre
Roger Caillois, Michel Leiris et Georges Bataille débattent autour des thèmes de la société et de l’existence sociale. D’excellentes analyses du sacré, des mythes ou encore du pouvoir rythment ces réunions intellectuelles.

 

L’expérience intérieure
de Georges Bataille
[Spiritualité et Religion]
« C’est jouer l’homme ivre, titubant, qui, de fil en aiguille, prend sa bougie pour lui-même, la souffle, et criant de peur, à la fin, se prend pour la nuit. »

Résumé du livre
Cet essai est divisé en cinq parties: ‘Ébauche d’une introduction à l’expérience intérieure’, ‘le supplice’, ‘Antécédents du supplice’, ‘Post-scriptum au supplice’, ‘Minibus date lilia plénis’. L’ expérience intérieure fusionne avec l’expérience extérieure, et l’objet avec le sujet.

La littérature et le mal
de Georges Bataille
[Littérature classique]
Résumé du livre
La littérature est l’essentiel, ou n’est rien. Le Mal – une forme aiguë du Mal – dont elle est l’expression, a pour nous, je le crois, la valeur souveraine. Mais cette conception ne commande pas l’absence de morale, elle exige une ‘ hypermorale ‘. La littérature est communication. La communication commande la loyauté : la morale rigoureuse est donnée dans cette vue à partir de complicités dans la connaissance du Mal, qui fondent la communication intense. La littérature n’est pas innocente, et, coupable, elle devait à la fin s’avouer telle. L’action seule a les droits. La littérature, je l’ai, lentement, voulu montrer, c’est l’enfance enfin retrouvée. Mais l’enfance qui gouvernerait aurait-elle une vérité ?

L’érotisme
de Georges Bataille
[Philosophie]
Résumé du livre
Bataille nous démontre en quoi l’érotisme est une expérience de nature divine, sacrée, que l’Eglise s’est efforcée de dévaloriser. Les termes de tabou et de transgression sont également analysés.

 

 


L’abbé C.
de Georges Bataille
[Littérature française XXe]
Résumé du livre
Le narrateur évoque ses relations avec une femme facile, Eponine, et les épreuves auxquelles tous deux soumettent l’abbé C., le frère du narrateur, qu’Eponine poursuit de ses avances, en vue de le ‘convertir’ à l’extase érotique.

Ma mère
de Georges Bataille
Présentation
Pierre raconte comment, après une enfance religieuse, il fut, à l’âge de dix-sept ans, initié à la perversion par sa mère. Plongeant grâce à elle dans l’orgie et la débauche, il découvre l’extase de la perdition où se mêlent l’angoisse, la honte, la jouissance, le dégoût et le respect. Respect pour cette femme, la mère, qui a su brûler ses vaisseaux jusqu’au dernier et qui, ayant touché le fond de l’abîme, entraîne son fils dans la mort qu’elle se donne. Ma mère est l’un des textes les plus violents, les plus scandaleusement beaux de Georges Bataille, qui disait de lui-même : " Je ne suis pas un philosophe, mais peut-être un saint, peut-être un fou ", sachant que c’est dans cette ambiguïté même que réside la seule philosophie.

Georges Bataille

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1898   9 septembre   

Stéphane Mallarmé, poète français, décédé à l’âge de 56 ans.

Étienne Mallarmé, dit Stéphane Mallarmé, né à Paris le 18 mars 1842 et mort à Valvins (commune de Vulaines-sur-Seine, Seine-et-Marne) le 9 septembre 1898, est un poète français.

Auteur d’une œuvre poétique ambitieuse et rendue (souvent volontairement) obscure, Stéphane Mallarmé a été l’initiateur d’un renouveau de la poésie dont l’influence se mesure encore de nos jours auprès de poètes contemporains comme Yves Bonnefoy. À la fin du XIXe siècle, Mallarmé fait entrer la poésie dans l’ère de la modernité.

En lisant Hegel, Mallarmé a découvert que si « le Ciel est mort », le néant est un point de départ qui conduit au Beau et à l’Idéal. À cette philosophie devait correspondre une poétique nouvelle qui dise le pouvoir sacré du Verbe. Par le rythme, la syntaxe et le vocabulaire rare, Mallarmé crée une langue qui ressuscite « l’absence de tous bouquets ». Le poème devient un monde refermé sur lui-même dont le sens naît de la résonance. Le vers se fait couleur, musique, richesse de la sensation, « concours de tous les arts suscitant le miracle ». C’est avec Mallarmé que la « suggestion » devient le fondement de la poétique antiréaliste et fait du symbolisme un impressionnisme littéraire.

« La Poésie est l’expression, par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l’existence : elle doue ainsi d’authenticité notre séjour et constitue la seule tâche spirituelle. »

« (…) Qui parle autrement que tout le monde risque de ne pas plaire à tous ; mieux, de passer pour obscur aux yeux de beaucoup. (…) L’attrait de cette poésie tient à ce qu’elle est vécue comme un privilège spirituel : elle semble élever au plus haut degré de qualité, moyennant l’exclusion de la foule profane, cette pure joie de l’esprit que toute poésie promet. »

(Selon Mallarmé, Paul Bénichou, Gallimard, 1995)

Biographie

Il perd sa mère en 1848 et est confié à ses grands-parents. Mis en pension dès 1852, il se montra un élève médiocre, et fut renvoyé en 1855. Pensionnaire au lycée de Sens, il fut marqué par le décès de sa sœur Maria en 1855. À cette même époque, il composa ses premiers poèmes d’adolescence, recueillis dans Entre deux murs, textes encore fortement inspirés par Victor Hugo, Théodore de Banville ou encore Théophile Gautier. La découverte des Fleurs du mal de Charles Baudelaire en 1860 fut marquante et influença ses premières œuvres. Cette même année, Mallarmé entre dans la vie active en devenant surnuméraire à Sens, « premier pas dans l’abrutissement » selon lui. En 1862, quelques poèmes paraissent dans différentes revues. Il fait la connaissance d’une jeune gouvernante allemande à Sens, Maria Gerhard, née en 1835, et quitta son emploi pour s’installer à Londres avec elle, ayant l’intention de devenir professeur d’anglais.

Réformé du service militaire en 1863, Stéphane Mallarmé se marie à Londres avec Maria le 10 août et obtient en septembre son certificat d’aptitude à enseigner l’anglais. En septembre, il est nommé chargé de cours au lycée impérial de Tournon (Ardèche), où il se considère comme exilé. Il ne cesse durant cette période de composer ses poèmes, comme Les fleurs, Angoisse, «Las d’un amer repos…». Durant l’été 1864, Mallarmé fit la connaissance à Avignon des félibres, poètes de langue provençale : Théodore Aubanel, Joseph Roumanille et Frédéric Mistral, avec qui il entretint une correspondance. Sa fille Geneviève naît à Tournon le 19 novembre 1864.

L’année suivante, il compose L’Après-midi d’un faune, qu’il espère voir représenter au Théâtre-Français, mais qui fut refusée. Il se lie avec le milieu littéraire parisien, notamment avec Leconte de Lisle et José-Maria de Heredia.

L’année 1866 marqua un tournant pour Mallarmé, lors d’un séjour à Cannes chez son ami Eugène Lefébure où il fut l’objet d’une période de doute absolue qui dura jusqu’en 1869. Nommé professeur à Besançon, il débuta en novembre une correspondance avec Paul Verlaine. En 1867, nommé à Avignon, il commença la publication de ses poèmes en prose, il fit un séjour chez Frédéric Mistral à Maillane en 1868. Il débuta en 1869 l’écriture de Igitur, conte poétique et philosophique, laissé inachevé, qui marque la fin de sa période d’impuissance poétique débutée en 1866. En 1870, il se met en congé de l’éducation, et se réjouit de l’instauration de la République en septembre. Son fils Anatole naît le 16 juillet 1871 à Sens et, nommé à Paris au Lycée Fontanes, il s’installe rue de Moscou.

Mallarmé fait la rencontre d’un jeune poète en 1872, Arthur Rimbaud, puis, en 1873 du peintre Édouard Manet, qu’il soutint lors du refus des œuvres de celui-ci lors du Salon de 1874 et qui lui fait rencontrer Zola. Mallarmé publie la revue La dernière mode qui aura huit numéros et dont il fut le correcteur. Nouveau refus en juillet 1875 pour la publication de sa nouvelle version de L’après-midi d’un faune, qui parut tout de même l’année suivante, illustrée par Manet. Il préface la réédition du Vathek de William Beckford. Dès 1877, les réunions du mardi sont organisées chez Mallarmé. Il fait la rencontre de Victor Hugo en 1878 et publie en 1879 un ouvrage sur la mythologie Les dieux antiques. Cette année est marquée par la mort de son fils Anatole, le 8 octobre 1879. En 1880, Mallarmé malade fait des séjours à Valvins, commune de Vulaines-sur-Seine, près de Fontainebleau.

Mallarmé par E.Manet
En 1884, Paul Verlaine fait paraître le troisième article des poètes maudits consacré à Mallarmé, ouvrage qui parut en 1884, tout comme le livre de Joris-Karl Huysmans, À rebours, où le personnage principal, des Esseintes, voue une vive admiration aux poèmes de Mallarmé, ces deux ouvrages contribuèrent à la notoriété du poète. Stéphane Mallarmé est nommé au lycée Janson de Sailly. En 1885, Mallarmé évoque l’explication orphique de la Terre. Son premier poème sans ponctuation paraît en 1886, M’introduire dans ton histoire. La version définitive de L’Après-midi d’un faune est publiée en 1887. En 1888, sa traduction des poèmes d’Edgar Allan Poe paraît. De nouveau atteint de rhumatisme aigu en 1891, Mallarmé est en congé et obtient une réduction de son temps de travail. Il rencontre Oscar Wilde, Paul Valéry qui devint un invité fréquent des Mardis. En 1892, à la mort du frère d’Édouard Manet, Mallarmé devient tuteur de sa fille, Julie Manet, dont la mère est la peintre Berthe Morisot. C’est à cette époque que Claude Debussy débute la composition de sa pièce Prélude à l’après-midi d’un faune, qui fut présentée en 1894. Mallarmé obtient sa mise en retraite en novembre 1893, donne des conférences littéraires à Cambridge et Oxford en 1894. Mallarmé assiste aux obsèques de Paul Verlaine, décédé le 8 janvier 1896, il lui succède comme Prince des poètes.

En 1898, Mallarmé se range aux côtés d’Émile Zola qui publie dans le journal L’Aurore, le 13 janvier, son article J’accuse en faveur du Capitaine Alfred Dreyfus (cf. Affaire Dreyfus). Le 8 septembre 1898, Mallarmé est victime d’un spasme du larynx qui manque de l’étouffer. Il recommande dans une lettre à sa femme et à sa fille de détruire ses papiers et ses notes, déclarant : « Il n’y a pas là d’héritage littéraire… ». Le lendemain, victime du même malaise il meurt. Il est enterré auprès de son fils Anatole au cimetière de Samoreau.

Œuvres

L’Après-midi d’un faune (1876)
Préface au Vathek de William Beckford (1876)
Petite philologie, les mots anglais (1877)
Les Dieux antiques (1880)
Album de vers et de prose (1887)
Pages (1891)
Oxford, Cambridge, la musique et les lettres (1895)
Divagations (1897)

Publications posthumes

Poésies (1899)
Un coup de dés jamais n’abolira le hasard (1914)
Vers de circonstance (1920)
Igitur (1925)
Contes indiens (1927)

Traductions

Le Corbeau d’Edgar Poe (The Raven), traduction française de Stéphane Mallarmé avec illustrations par Édouard Manet, Éditions Richard Lesclide, Paris, 1875.
L’Étoile des fées de Mme W.C. Elphinstone Hope, 1881.
Poèmes d’Edgar Poe, 1888.
Le Ten o’clock de M. Whistler, 1888.

Les anecdotes sur Stéphane Mallarmé

A sa mémoire
Il existe un Musée Mallarmé, à Vulaines sur Seine, dans sa dernière demeure.

Trois hommes et un Faune
Voulant illustrer le poème de Mallarmé (‘L’Après midi d’un Faune’) , Claude Debussy compose son ‘Prélude à l’après-midi d’un faune’ entre 1892 et 1894, musique qui sera par la suite chorégraphiée par Nijinski en 1911. La musique est bien reçue, mais le ballet fait scandale.

Les citations de Stéphane Mallarmé

«Les chats sont des êtres faits pour emmagasiner la caresse.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«Sait-on ce que c’est qu’écrire ? Une ancienne et très vague mais jalouse pratique dont gît le sens au mystère du coeur.»
[ Stéphane Mallarmé ] – Quelques médaillons et portraits en pied

«Mal inspiré celui qui se crierait son propre contemporain.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«Cette foule hagarde ! Elle annonce : Nous sommes la triste opacité de nos spectres futurs.»
[ Stéphane Mallarmé ] – Toast funèbre

«L’amour, quel autre mot pourrait donc venir donner une enveloppe verbale adaptée de nos spiritualités à l’intime accord qui compose la nature des choses et au rythme grave et grand qui réalise tout l’univers.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«Ecrire, c’est déjà mettre du noir sur du blanc.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«Un poème est un mystère dont le lecteur doit chercher la clef.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«La chair est triste hélas, et j’ai lu tous les livres.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«Nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu ; le suggérer, voilà le rêve.»
[ Stéphane Mallarmé ] – Extrait de l’ Enquête sur l’évolution littéraire

«Oui, je le sais, nous ne sommes que de vaines formes de la matière, mais bien sublimes pour avoir inventé Dieu et notre âme.»
[ Stéphane Mallarmé ] – Correspondance 1862-1871

«Vaincre le hasard mot pour mot.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«Triste fleur qui croît seule et n’a pas d’autre émoi Que son ombre dans l’eau vue avec atonie.»
[ Stéphane Mallarmé ] – Extrait d’ Hérodiade

«Un livre, dans notre main, s’il énonce quelque idée auguste, supplée à tous les théâtres, non par l’oubli qu’il en cause mais les rappelant impérieusement au contraire.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«Dire au peintre qu’il faut prendre la nature comme elle est, vaut de dire au virtuose qu’il peut s’asseoir sur le piano.»
[ Stéphane Mallarmé ] – Le Ten O’clock de Monsieur Whistler

«Poésie : un aboli bibelot d’inanité sonore Hésitation prolongée entre le son et le sens.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«Peindre non la chose mais son effet.»
[ Stéphane Mallarmé ] – Cité dans Art game book

«Toute âme est une mélodie qu’il s’agit de renouer.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«Oh ! Pour faire, Seigneur, un seul de tes sourires, Combien faut-il donc de nos pleurs ?»
[ Stéphane Mallarmé ] – Poèmes d’enfance et d’adolescence

«Un coup de dés jamais n’abolira le hasard.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«Ce n’est pas avec des idées qu’on fait des vers, c’est avec des mots.»
[ Stéphane Mallarmé ] – Variété

«Un grand écrivain se remarque au nombre de pages qu’il ne publie pas.»
[ Stéphane Mallarmé ]

«Tout écrivain complet aboutit à un humoriste !»
[ Stéphane Mallarmé ] – Théâtre, je t’adore

«Le monde est fait pour aboutir à un beau livre.»
[ Stéphane Mallarmé ]

La bibliographie de Stéphane Mallarmé

Poésies
de Stéphane Mallarmé
Résumé du livre
"Si éclairés que nous prétendions être, chacun dans son domaine, nous voici soudain troublés par cette parole la plus calme et la plus ardente qui soit, et rejetés en pleines ténèbres, obligés d’interroger à nouveau ce qui nous entoure et d’examiner à nouveau ce que nous sommes nous-mêmes…"Une démarche savante et mesurée règle la poésie de Mallarmé, qui, jusque dans ses élans les plus libres et même ses jeux les plus déliés, garde une tenue, une réserve, une densité et une dignité qui attestent la nécessité intérieure qui la motive et la gouverne. Poésie dont le centre de gravité est le foyer d’une destinée. Elle déclare, non seulement dans son objet, mais dans sa nature et sa structure, la connexion la plus rare entre le verbe et la vie – j’ajoute aussitôt : la vie la plus consciente.".

L’Après-Midi d’un faune

Cette longue pièce sous-titrée églogue (c’est-à-dire poème pastoral) est destinée, selon Mallarmé, à la scène. Il travaille sur ce projet dès 1865. On trouvera profit à écouter le Prélude de Debussy, sommet de la musique française.

Le Faune :
Ces nymphes, je les veux perpétuer.

Si clair,
Leur incarnat léger, qu’il voltige dans l’air
Assoupi de sommeils touffus.

Aimai-je un rêve ?
Mon doute, amas de nuit ancienne, s’achève
En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais
Bois même, prouve, hélas ! que bien seul je m’offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses.

Réfléchissons…

ou si les femmes dont tu gloses
Figurent un souhait de tes sens fabuleux !
Faune, l’illusion s’échappe des yeux bleus
Et froids, comme une source en pleurs, de la plus chaste :
Mais, l’autre tout soupirs, dis-tu qu’elle contraste
Comme brise du jour chaude dans ta toison ?
Que non ! par l’immobile et lasse pâmoison
Suffoquant de chaleurs le matin frais s’il lutte,
Ne murmure point d’eau que ne verse ma flûte
Au bosquet arrosé d’accords ; et le seul vent
Hors des deux tuyaux prompt à s’exhaler avant
Qu’il disperse le son dans une pluie aride,
C’est, à l’horizon pas remué d’une ride
Le visible et serein souffle artificiel
De l’inspiration, qui regagne le ciel.

O bords siciliens d’un calme marécage
Qu’à l’envi de soleils ma vanité saccage
Tacite sous les fleurs d’étincelles, CONTEZ
« Que je coupais ici les creux roseaux domptés
" Par le talent ; quand, sur l’or glauque de lointaines
" Verdures dédiant leur vigne à des fontaines,
" Ondoie une blancheur animale au repos :
" Et qu’au prélude lent où naissent les pipeaux
" Ce vol de cygnes, non ! de naïades se sauve
" Ou plonge…

Inerte, tout brûle dans l’heure fauve
Sans marquer par quel art ensemble détala
Trop d’hymen souhaité de qui cherche le la :
Alors m’éveillerai-je à la ferveur première,
Droit et seul, sous un flot antique de lumière,
Lys ! et l’un de vous tous pour l’ingénuité.

Autre que ce doux rien par leur lèvre ébruité,
Le baiser, qui tout bas des perfides assure,
Mon sein, vierge de preuve, atteste une morsure
Mystérieuse, due à quelque auguste dent ;
Mais, bast ! arcane tel élut pour confident
Le jonc vaste et jumeau dont sous l’azur on joue :
Qui, détournant à soi le trouble de la joue,
Rêve, dans un solo long, que nous amusions
La beauté d’alentour par des confusions
Fausses entre elle-même et notre chant crédule ;
Et de faire aussi haut que l’amour se module
Évanouir du songe ordinaire de dos
Ou de flanc pur suivis avec mes regards clos,
Une sonore, vaine et monotone ligne.

Tâche donc, instrument des fuites, ô maligne
Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m’attends !
Moi, de ma rumeur fier, je vais parler longtemps
Des déesses ; et par d’idolâtres peintures
À leur ombre enlever encore des ceintures :
Ainsi, quand des raisins j’ai sucé la clarté,
Pour bannir un regret par ma feinte écarté,
Rieur, j’élève au ciel d’été la grappe vide
Et, soufflant dans ses peaux lumineuses, avide
D’ivresse, jusqu’au soir je regarde au travers.

O nymphes, regonflons des SOUVENIRS divers.
« Mon œil, trouant le joncs, dardait chaque encolure
" Immortelle, qui noie en l’onde sa brûlure
" Avec un cri de rage au ciel de la forêt ;
" Et le splendide bain de cheveux disparaît
" Dans les clartés et les frissons, ô pierreries !
" J’accours ; quand, à mes pieds, s’entrejoignent meurtries
" De la langueur goûtée à ce mal d’être deux)
" Des dormeuses parmi leurs seuls bras hasardeux ;
" Je les ravis, sans les désenlacer, et vole
" À ce massif, haï par l’ombrage frivole,
" De roses tarissant tout parfum au soleil,
" Où notre ébat au jour consumé soit pareil.
Je t’adore, courroux des vierges, ô délice
Farouche du sacré fardeau nu qui se glisse
Pour fuir ma lèvre en feu buvant, comme un éclair
Tressaille ! la frayeur secrète de la chair :
Des pieds de l’inhumaine au cœur de la timide
Qui délaisse à la fois une innocence, humide
De larmes folles ou de moins tristes vapeurs.
" Mon crime, c’est d’avoir, gai de vaincre ces peurs
" Traîtresses, divisé la touffe échevelée
" De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée :
" Car, à peine j’allais cacher un rire ardent
" Sous les replis heureux d’une seule (gardant
" Par un doigt simple, afin que sa candeur de plume
" Se teignît à l’émoi de sa sœur qui s’allume,
" La petite, naïve et ne rougissant pas : )
" Que de mes bras, défaits par de vagues trépas,
" Cette proie, à jamais ingrate se délivre
" Sans pitié du sanglot dont j’étais encore ivre.

Tant pis ! vers le bonheur d’autres m’entraîneront
Par leur tresse nouée aux cornes de mon front :
Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre,
Chaque grenade éclate et d’abeilles murmure ;
Et notre sang, épris de qui le va saisir,
Coule pour tout l’essaim éternel du désir.
À l’heure où ce bois d’or et de cendres se teinte
Une fête s’exalte en la feuillée éteinte :
Etna ! c’est parmi toi visité de Vénus
Sur ta lave posant tes talons ingénus,
Quand tonne une somme triste ou s’épuise la flamme.
Je tiens la reine !

O sûr châtiment…

Non, mais l’âme
De paroles vacante et ce corps alourdi
Tard succombent au fier silence de midi :
Sans plus il faut dormir en l’oubli du blasphème,
Sur le sable altéré gisant et comme j’aime
Ouvrir ma bouche à l’astre efficace des vins !

Couple, adieu ; je vais voir l’ombre que tu devins.

 

Étienne Mallarmé, dit Stéphane Mallarmé photographié par Nadar en 1896

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1873   8 septembre   

Alfred Jarry, poète, romancier et dramaturge, inventeur de la ‘Pataphysique.

Alfred Jarry Poète, dramaturge et romancier français
[Poésie]
Né à Laval le 08 septembre 1873
Décédé à Paris le 01 novembre 1907


« L’amour est un acte sans importance, puisqu’on peut le faire indéfiniment »
[Alfred Jarry]- Le surmâle

Biographie

Né dans une famille de négociants, Alfred Jarry entre à 15 ans au lycée de Laval avant de continuer ses études à Saint-Brieuc, puis à Rennes. Entre 1885 et 1888, il compose déjà des comédies en vers et en prose. Au lycée de Rennes, M. Hébert, professeur de physique, incarne aux yeux de ses élèves « tout le grotesque qui est au monde ». À ce titre, il est le héros d’une littérature scolaire abondante, dont un texte intitulé Les Polonais. En classe de première, Jarry va le mettre en forme de comédie : c’est la plus ancienne version d’Ubu Roi.

En 1891-1892, il est élève d’Henri Bergson et condisciple de Léon-Paul Fargue et d’Albert Thibaudet au lycée Henri-IV. Il échoue au concours d’entrée de l’École normale supérieure (trois échecs successifs suivis de deux échecs pour la licence en lettres). Par ses publications, Jarry rencontre Marcel Schwob, Alfred Valette (directeur du Mercure de France) et sa femme Rachilde. C’est dans la maison du couple qu’il présente, en 1894, Ubu Roi. Il collabore au Mercure de France et à la Revue Blanche. Deux ans plus tard, il entre en fonction auprès de Lugné-Poe qui lui confie le programme de la prochaine saison du Théâtre de l’Œuvre où la première d’Ubu roi eut lieu le 10 décembre 1896, évènement comparable à la bataille d’Hernani. Dès lors, les représentations des pièces de Jarry se suivent, au fil des cycles d’Ubu. De 1894 à 1895, il dirige l’Ymagier avec Remy de Gourmont : Recueil de gravures anciennes et nouvelles, d’études artistiques et philologiques qui paraît en fascicules trimestriels, in-4°. En 1896 se place l’évènement historico-mythique de l’achat de la bicyclette « Clément Luxe 96 course sur piste » que le marchand Trochon s’obstinera longtemps à vouloir faire payer au poète, en vain. Il fonde une revue d’estampes Perhinderion qui n’aura que deux numéros. En 1897, il a épuisé son héritage, mais achète un bateau, L’As, qui entrera dans la littérature par la geste de Faustroll. Son compatriote, le douanier Rousseau, l’héberge brièvement. Il s’installe ensuite rue Cassette, dans sa grande Chasublerie.

Dans l’ouvrage Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, édité après sa mort, il définit la pataphysique comme la "science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité." (livre II, chapitre VIII), science que perpétue le Collège de ‘Pataphysique fondé en 1948.

S’identifiant à son personnage et faisant triompher le principe de plaisir sur celui de réalité, Jarry a vécu comme il lui plaisait avec ses trois attributs : la bicyclette, le revolver et l’absinthe. Il leur sacrifiera la respectabilité et le confort. Dans une petite baraque proche d’une rivière, à côté d’un lit-divan, Rabelais composait l’essentiel de sa bibliothèque. L’humour lui a permis d’accéder à une liberté supérieure. « Jarry jouant Ubu, non plus sur scène mais à la ville, tend ainsi un terrible miroir aux imbéciles, il leur montre le monstre qu’ils sont. Il dit « Merde aux assis ». » (G. E. Clancier)

Le 28 mai 1906, Jarry écrit à Rachilde : « (Le Père Ubu) n’a aucune tare ni au foie, ni au cœur, ni aux reins, pas même dans les urines ! Il est épuisé, simplement et sa chaudière ne va pas éclater mais s’éteindre. Il va s’arrêter tout doucement, comme un moteur fourbu. » Épuisé, malade, harcelé par ses créanciers, malgré l’aide financière apportée par Octave Mirbeau et Thadée Natanson, il fait des allers et retours Paris-Laval et meurt d’une complication de sa tuberculose (une méningite) six mois plus tard, à Paris, à l’hôpital de la Charité le 1er novembre 1907.

Ainsi, l’œuvre d’Alfred Jarry, au comique grinçant, met en scène de façon insolite les traits humains les plus grotesques. Il est l’inventeur du terme de « ’Pataphysique », science qui cherche à théoriser la déconstruction du réel et sa reconstruction dans l’absurde. Jarry est l’un des inspirateurs des surréalistes et du théâtre contemporain. Une statue signée Zadkine consacre l’hommage de sa ville natale.

Œuvres

Les Anticlastes (1886-1888) et premiers poèmes repris dans Ontogénie
La Seconde Vie ou Macaber (1888), repris dans les Les Minutes de sable mémorial
Onénisme ou les Tribulations de Priou (1888), première version d’Ubu cocu
Les Alcoolisés (1890), repris dans les Les Minutes de sable mémorial
Visions actuelles et futures (1894)
« Haldernablou » (1894), repris dans les Les Minutes de sable mémorial
« Acte unique » de César-Antéchrist (1894)
Les Minutes de sable mémorial (1894)
César Antéchrist (1895)
Ubu Roi (1896, rédigé vers 1888)
L’autre Alceste (1896)
Paralipomènes d’Ubu (1896)
Le Vieux de la montagne (1896)
Les Jours et les Nuits (1897)
Ubu cocu ou l’Archéoptéryx (1897)
L’Amour en visites (1897, publié en 1898)
Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, (achevé en 1898, publié en 1911)
Petit Almanach (1898)
L’Amour absolu (1899)
Ubu enchaîné (1899, publié en 1900)
Messaline (1900)
Almanach illustré du Père Ubu (1901)
« Spéculations », dans La Revue blanche (1901)
Le Surmâle (1901, publié en 1902)
« Gestes », dans La Revue blanche (1901). Publié en 1969 avec les « Spéculations » sous le titre La Chandelle verte.
L’objet aimé (1903)
« Le 14 Juillet », dans Le Figaro (1904)
Pantagruel (1905, opéra-bouffe créé en 1911, musique de Claude Terrasse)
Ubu sur la Butte (1906)
Par la taille (1906), opérette
Le Moutardier du pape (1906, publié en 1907), opéra-bouffe
Albert Samain (souvenirs) (1907)
La Dragonne (1907, publié en 1943)

Les anecdotes sur Alfred Jarry

Débit de poison

Adepte de cette boisson, Alfred Jarry appelait l’absinthe ‘herbe sainte’… Elle le tua pourtant

Les citations d’Alfred Jarry

«Les accidents de métro, chemins de fer, tramways, etc…, ont ceci de bon, comme les guerres, qu’ils éclaircissent le trop-plein misérable de la population.»
[ Alfred Jarry ]

«Je ne comprends pas qu’on laisse entrer les spectateurs des six premiers rangs avec des instruments de musique.»
[ Alfred Jarry ]

«Dieu est le point tangent de zéro et de l’infini.»
[ Alfred Jarry ] – Gestes et opinions du docteur Faustroll

«Le courage est un état de calme et de tranquillité en présence d’un danger, état rigoureusement pareil à celui où l’on se trouve quand il n’y a pas de danger.»
[ Alfred Jarry ] – La chandelle verte

«La simplicité n’a pas besoin d’être simple, mais du complexe resserré et synthétisé.»
[ Alfred Jarry ]

«Les femmes mentent par le chemin des écoliers.»
[ Alfred Jarry ] – L’amour absolu

«La liberté, c’est de n’arriver jamais à l’heure.»
[ Alfred Jarry ] – Ubu roi

«L’oeuvre est plus complète quand on n’en retranche point tout le faible et le mauvais.»
[ Alfred Jarry ]

«Il faudrait, dans le Code Civil, ajouter partout "du plus fort" au mot loi.»
[ Alfred Jarry ]

«La plus noble conquête du cheval, c’est la femme.»
[ Alfred Jarry ] – Extrait des Pensées Hippiques

«Quand le dieu et la déesse veulent s’unir, ils entraînent chacun de leur côté, l’un vers l’autre, le monde où ils habitent.»
[ Alfred Jarry ] – Le Surmâle

«L’homme et la femme croient se choisir… comme si la terre avait la prétention de faire exprès de tourner !»
[ Alfred Jarry ] – Le Surmâle

«L’oubli est la condition indispensable de la mémoire.»
[ Alfred Jarry ] – Le Périple de la littérature et de l’art

«"Dieu en vain tu ne jugeras" est la seule courtoisie valable ; il est ridicule de cracher sur son miroir.»
[ Alfred Jarry ] – Les Jours et les nuits

«L’eau, liquide si impur, qu’une seule goutte suffit pour troubler l’absinthe.»
[ Alfred Jarry ]

«Les vieillards, il faudrait les tuer jeunes.»
[ Alfred Jarry ]

«L’indiscipline aveugle et de tous les instants fait la force principale des hommes libres.»
[ Alfred Jarry ] – Extrait d’ Ubu enchaîné

La bibliographie d’Alfred Jarry

La Chandelle verte
d’Alfred Jarry
[Littérature française XXe]
Résumé du livre
Dans ‘La Chandelle verte’, Alfred Jarry a regroupé les chroniques données à plusieurs revues entre 1901 et 1904. Il s’agit toujours pour lui de spéculer sur le sens possible des événements, de battre en brèche les évidences, de révéler le dessous des choses. L’expression ‘Chandelle verte’ fait partie du vocabulaire propre au Père Ubu ; et c’est à sa lumière que Jarry éclaire le lecteur sur ‘les choses de ce temps’. cette lumière est celle de la Pataphysique, que Jarry a définie comme ‘la science des exceptions’ ou ‘la science des solutions imaginaires’.

Les extraits de "La Chandelle verte"

Morceau choisi
Une très jeune personne, de figure fraîche, de mine modeste et très vraisemblablement vierge si nous en croyons quelques douzaines de messieurs âgés et respectables qui s’étaient plu à vérifier ce détail de vertu, comparut cette semaine devant la justice française pour propos irrespectueux adressés à un agent. Elle se glorifia devant le tribunal d’une condamnation pour vol, et remercia, avec des larmes de joie, le magistrat qui lui octroyait un mois de prison. Ses transports ne surprendront[… ]

Œuvres
d’Alfred Jarry
[Littérature classique]
« L’oeuvre est plus complète quand on n’en retranche point tout le faible et le mauvais. »
Résumé du livre
Les surréalistes l’ont salué comme leur précurseur. Alors que le symbolisme avait fait de la littérature une religion, il est entré dans l’église pour proférer d’horribles blasphèmes. Michel Arrivé disait de lui : ‘Notoriété du nom, méconnaissance de l’oeuvre’. Car ‘Ubu Roi’, géniale pochade, est l’arbre qui cache la forêt. Ses autres oeuvres méritent tout autant que l’on s’y arrête. Cet iconoclaste des Lettres a ouvert la voie à la littérature de l’absurde. Pensée par une équipe de pataphysiciens convaincus, dirigés par Michel Décaudin, la présente édition permet de découvrir des aspects méconnus de son écriture : ainsi, dans ses articles de critique, réunis sous le titre ‘La Chandelle verte, ‘ Jarry a soumis l’art et la littérature de son temps à sa logique de la dérision.

Les extraits de "Oeuvres"

La plus belle phrase
La plus belle conquête du cheval, c’est la femme.

Morceau choisi
Mon guide m’attendait dans la barque pareille à la carapace d’un escarbot desséché. Et je n’ai point vu d’abord le marais, semblable à la robe d’un paon vert, à cause des myriades pressées des yeux des lentilles, et je n’ai point vu la face de mon guide, non plus qu’il n’a vu la mienne. Son dos m’est apparu lamé de bronze, ou couvert d’écailles très semblables à des feuilles de myrte, comme sont celles de la couleuvre. Et ses bras très longs se perdaient dans l’eau latérale, comme si[… ]

Ubu roi
d’Alfred Jarry
[Théâtre]
Résumé du livre
Ubu Roi est une pièce de théâtre d’Alfred Jarry publiée le 25 avril 1896 dans ‘Le Livre d’Art’ (revue de Paul Fort) et représentée pour la première fois le 10 décembre 1896. Il s’agit de la première pièce du cycle d’Ubu. Cette pièce est considérée comme précurseur du mouvement surréaliste et du théâtre de l’absurde. Jarry y mêle provocation, absurde, farce, parodie et humour. Il y met en scène les aventures de François Ubu, dit le Père Ubu, capitaine de dragons, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l’ordre de l’aigle rouge de Pologne, ancien roi d’Aragon, comte de Sandomir ; puis roi de Pologne, docteur en pataphysique, grand-maître de l’Ordre de la Gidouille…

Les extraits de "Ubu roi"

La première phrase
Père Ubu – Merdre !

La dernière phrase
Père Ubu -Ah ! Messieurs ! Si beau qu’il soit il ne vaut pas la Pologne. S’il n’y avait pas de Pologne il n’y aurait pas de Polonais !

Morceau choisi
De par ma chandelle verte, merdre, madame, certes oui, je suis content. On le serait à moins : capitaine de dragons, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l’ordre de l’Aigle Rouge de Pologne et ancien roi d’Aragon, que voulez-vous de mieux ?

L’Almanach illustré du père Ubu
d’Alfred Jarry
[Littérature française XXe]
Résumé du livre
‘L’Almanach illustré du père Ubu’ est l’une des tentatives les plus curieuses d’Alfred Jarry. Il utilise son personnage fétiche pour traverser d’un regard inattendu le monde contemporain, et même pour le réinventer. Composé comme un véritable almanach (genre fort répandu en 1990) , le volume s’ouvre par un calendrier de l’année à venir, entièrement réinventé par Jarry : chaque fête, chaque nom e saint a été transformé ou détournée par la fantaisie du père Ubu. Le lecteur entre ainsi dans un temps entièrement dominé par l’imagination de Jarry. Le reste du volume montre les effets prodigieux d’un pareil renouvellement sur la vie politique, artistique ou intellectuelle : le monde entier passé à la moulinette du Père Ubu.

Les extraits de "L’Almanach illustré du père Ubu"

Morceau choisi
3e Invention. – Nous avions acquis une fort belle canne, à ce point que nous éprouvions quelque regret d’être obligé de nous laver parfois les mains, afin de n’en point souiller la pomme (de la canne). Pour éviter ce souci, nous nous somme avisés de protéger la partie supérieure de ladite canne par une chape de cuir souple, mais ceci était fort laid, et empêchait d’admirer la belle pomme. Nous nous enorgueillissons du perfectionnement suivant : la chape, très grande et double, [… ]

Tout Ubu
d’Alfred Jarry
[Théâtre]
Résumé du livre
J’ai été bien content de lire l’Alfred Jarry de Rachilde, laquelle, après avoir aidé à vivre un des êtres les plus extraordinaires que j’aie connus, l’aide aujourd’hui à survivre. II n’est pas tout à fait exact que Jarry ait été le fondateur de ce que Rachilde appelle 1′ "Ecole des démons de l’absurde ". Ils sont au moins trois, dont Jarry vient le dernier dans le temps, Lautréamont, Rimbaud et lui. Les deux premiers devaient passer comme des comètes. Jarry, seul, avait l’étoffe d’un homme de lettres complet, varié, permanent. Si l’alcool ne l’avait pas tué, il serait aujourd’hui un maître célèbre, et bien plus encore qu’un douanier Rousseau de la littérature. Dans l’équipe Claudel-Valéry-Gide, il y avait une place à l’extrême-gauche qui lui revenait, qu’il laisse vide, et. où Apollinaire ne le. remplaça bas du tout.
…Jarry fit d’ailleurs mieux que d’avoir écrit Ubu. Il fut Ubu. Il se fit holocauste pour Ubu. ,Shakespeare acteur, cette fois, a mangé Shakespeare auteur. Sul le chemin où Homais, Prudhomme et Bonhomet se rencontrent, le clair de lune confond leurs ombres en une création qui les dépasse,, qui va droit aux marionnettes de Dieu, et qui est Ubu.

Alfred Jarry

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1927   7 septembre   

François Billetdoux, écrivain français

François Billetdoux Auteur dramatique français
[Théâtre et Scène]
Né à Paris en 1927
Décédé à Paris le 26 novembre 1991

Biographie de François Billetdoux

François Billetdoux suit les cours Dullin, puis ceux de l’IDHEC. A 19 ans, sa rencontre avec Radio-France lui fera dire plus tard : ‘La radio m’a tenu lieu d’université’. Longtemps, il anime et produit de fameuses émissions radiophoniques et collabore aux ‘Lettres françaises’, aux revues ‘Opéra’ et ‘Arts’. Initiateur d’un nouveau théâtre, il connaît un premier succès en 1959 avec ‘Tchin-Tchin’. En 1964, le Prix de la jeune critique lui est attribué pour ‘Comment va le monde, môssieur ? Il tourne, môssieur ! ‘. S’ensuit une période délicate qu’il nomme ‘autoanalyse orientée’. Président de la Société des gens de lettres en 1972, il devient membre du Haut Conseil de l’audiovisuel en 1973. ‘Réveille-toi Philadelphie’, créée au théâtre de la Colline en 1988 est un triomphe qui lui vaut le Prix de la Littérature dramatique de la Ville de Paris et le Prix du Syndicat de la critique dramatique et musicale. En 1989, Le Molière du meilleur auteur dramatique et le grand prix de l’Académie française saluent l’homme et son oeuvre.

Les anecdotes sur François Billetdoux

Parenté
François Billetdoux est le père de l’auteur du fameux ‘Mes nuits sont plus belles que vos jours’, Raphaëlle Billetdoux.

La bibliographie de François Billetdoux

Va donc chez Törpe
de François Billetdoux
Résumé du livre
" A voir le vieux théâtre prisonnier de sa bêtise et le jeune de son intelligence, on pouvait redouter ces temps derniers que la scène ne devint un musée où dorment des souvenirs, de Shakespeare à Ionesco. Il semblait que l’époque des écrans de toutes tailles renoncerait peu à peu à ce cadre antique pour exprimer ses frissons nouveaux, qu’on ne connaîtrait plus au théâtre le grand étonnement intérieur dont aucun art ne lui a pourtant ravi le secret. Les fervents attendaient donc, au bord du désespoir, un cri inconnu et qui ressemblât à notre temps ; ils attendaient devant le miracle… Quant à moi, je ne crains pas d’affirmer qu’il est là. Depuis hier. "

Mes chansons des quatres saisons
de Jean-Roger Caussimon (Auteur), François Billetdoux (Commentaires), Léo Ferré (Préface)
Présentation
Jean-Roger Caussimon, comédien, auteur, compositeur et interprète, s’est imposé dans les mémoires comme un des plus grands " artisans " de la chanson française. Ce recueil de 119 textes, composé selon son propre choix, retrace une carrière d’une exceptionnelle richesse. Au long des quatre saisons de sa vie, Jean-Roger Caussimon a écrit des chansons immortelles, comme " Monsieur William ", " Les Cœurs purs ", " Nous deux ", " Comme à Ostende " ou " Ne chantez pas la Mort ". Ses interprétations et celles de Catherine Sauvage, Léo Ferré, Philippe Clay, Mouloudji, les Frères Jacques, Isabelle Aubret, Serge Gainsbourg, Philippe Léotard, Arno, Silvain Vanot, Dominique A et tant d’autres, nous accompagnent toujours Egalement disponibles, le livre inédit des mémoires de Jean-Roger Caussimon, La Double Vie, illustré d’un CD de 27 chansons inédites ou introuvables, ainsi que Le vagabond d’automne, ouvrage regroupant 75 textes inédits, ainsi que deux pièces de théâtre et un CD inédit d’une vingtaine de titres. " Et quant à nous autres, les " chansonniers " qu’on traîne hors des chaussées poétiques, nous sommes assez à l’aise, dans nos propres caniveaux, pour que nous n’aimions pas à être éclaboussés par d’illustres passants. La boue, c est la boue, et que les passants passent. Caussimon, dans son caniveau se tient debout, tout seul. Ça valait la peine d’être dit. " LÉO FERR

Réveille-toi, Philadelphie
de François Billetdoux
Présentation
En 1979 il me semble – les journaux en ont rendu compte – un animal a ravagé un territoire de la Forêt noire, du côté des Vosges. On a parlé d’un loup, puis d’un lynx. Il égorgeait les moutons et raffolait des poulaillers. On n’a jamais su qui c’était. Il est devenu presque aussi fabuleux qu’une licorne, car il s’est transformé en rumeur. Mais depuis lors, l’événement s’est reproduit en d’autres forêts, provoquant la même panique, jusqu’à il y a quelques jours encore. Serait-ce que le passé n’est jamais terminé ? En ce temps-là Philadelphie, une petite fille de neuf ans – bientôt douze, dit-elle -, privée d’amour, prétend que ce loup connu d’elle vient de Suisse à sa recherche pour l’épouser. C’est exact. Comme son père, forestier, maire de son village et veuf, se refuse à comprendre le secret des choses et ne pense qu’à tuer l’animal, elle se met à vieillir de soixante et onze ans en trois jours. On aura vite fait de conclure : " C’est un conte. " Parce que les journaux n’en ont rien dit dans leur pages de faits divers. Eh bien tournez la page. Il y en a partout dans le monde des enfants qui vieillissent à toute allure. Par le fait de bien des loups plus terribles, non identifiés non plus. Qui n’a pas peur de ce qui est à-venir ? L’auteur n’obéit plus qu’au précepte : castigat ridendo mores.

Les maîtres du mystère – Un soir de demi-brume
de François Billetdoux
En savoir plus
Un soir de demi-brume est une œuvre de jeunesse, diffusée pour la première fois le 7 septembre 1954, mais on y trouve déjà tous les caractères qui feront l’originalité du théâtre de Billetdoux : un sens aigu des situations fortes, une approche humaine de tous les personnages, une écriture brillante aux détours imprévus et une dimension poétique des images et des mots qui lui appartenait en propre. Un soir de demi-brume… La référence au poème d’Apollinaire impose le climat de la pièce… Un soir de demi-brume… à Pigalle, dans un hôtel interlope au pied de la butte Montmartre, il y a un petit portier de nuit qui rend de menus services à la clientèle et aux initiés de passage : un intermédiaire complaisant (en 1954, on ne parlait pas encore de «dealers») entre les consommateurs, toujours en manque, et le gros fournisseur de drogue, toujours prêt à les satisfaire. Mais un jour, le petit portier tombe amoureux d’une jeune fille honnête. il veut changer de vie et rompre avec le monde de la nuit. II sait bien que ce ne sera pas facile. Il a peur. Et il a raison d’avoir peur. Sait-il d’où viendra le danger ?

Prix François Billetdoux

Le Prix François Billetdoux, créé en 1998 en hommage à François Billetdoux, écrivain, cinéaste, dramaturge. Il récompense un jeune talent et une oeuvre œuvre de haute qualité littéraire sur le thème de la radio, de la télévision, des médias, de l’information et des nouvelles technologies.

2006 François Maspero L’ombre d’une photographe, Gerda Taro (Seuil)
2005 Jean-Jacques Pauvert La Traversée du livre : Mémoires (Viviane Hamy)
2004 Jérôme Michaud-Larivière Aujourd’hui Cendrars part au Brésil (Fayard)
2003 Monique Nemer Raymond Radiguet (Fayard)
2002 Catherine Jentile Tête brûlée (Plon)
2001 Evelyne Bloch-Dano Flora Tristan : la femme-messie (Grasset)
2000 Chovelon Bernadette Dans venise la rouge (Payot)
1999 Daniel Timsit Algérie, récit anachronique (Bouchene)
1998 Michel Boujut Le Jeune homme en colère (Arléa)

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire