Le jour par jour

1913   25 septembre   

Gilbert Cesbron, écrivain français.

Gilbert Cesbron, né à Paris, le 13 janvier 1913,
est un écrivain français d’inspiration catholique.
Il est décédé à Paris en 1979.


 

« En Occident, l’on vit exaspéré et l’on meurt désespéré »


Gilbert Cesbron

Biographie

Après des études au lycée Condorcet à Paris, puis à l’École des sciences politiques, il se destine à une carrière dans la radio, activité qu’il mènera en parallèle avec sa passion d’écrivain qu’il débutera en 1934 par un recueil de poèmes : Torrent.

Son premier roman paraît en Suisse : Les Innocents de Paris en 1944 et obtient un véritable succès qui lui offrira le prix de la Guilde du Livre, la même année.

Sa notoriété s’affirme en 1948 avec Notre prison est un royaume qui reçut le prix Sainte-Beuve, ainsi qu’avec sa pièce la plus célèbre, également adaptée à la radio et à l’écran : Il est minuit, docteur Schweitzer, publiée en 1952.

En tant que romancier, essayiste, auteur dramatique, Gilbert Cesbron s’attaque à des thèmes d’actualité qui le passionnent : les prêtres ouvriers dans Les saints vont en enfer, la jeunesse délinquante dans Chiens perdus sans collier, l’euthanasie dans Il est plus tard que tu ne penses ou la violence (et la non-violence) dans Entre chiens et loups.

C’est avec une tendresse et une sincérité évidentes que Cesbron se penche dans ses écrits sur la misère, la souffrance, l’humiliation des classes les plus défavorisées. Partagé entre un style populaire et coquetteries littéraires, Cesbron parvient par le choix des sujets qu’il aborde à se faire apprécier d’un vaste public.

Dès 1972, il se tourne vers l’action sociale et monte à la tête d’œuvres humanitaires, telles que le Secours Populaire Français. Il reçut, en 1978, le Prix de la Ville de Paris pour l’ensemble de son œuvre et mourut en 1979, à l’âge de 66 ans. Il avait reçu le prix Prince-Pierre-de-Monaco en 1962.

Ses romans sont caractérisés par une intention de pénétrer la réalité de la société contemporaine avec la conception d’un catholique pratiquant qui souhaite « évoquer la morale sans se prétendre moraliste », ainsi qu’il le disait lui même.

Les messages

Message de ymarcoux à Gilbert Cesbron

Bonjour Monsieur Cesbron… où que vous soyez. J’ai lu tous vos livres, sur une période s’échelonnant de mes 12 ans à ma quarantième année. Vous m’avez, à chaque lecture, redonnez confiance en l’humanité, celle qui vous habitait et qui interpellait la nôtre à chaque histoire. Votre respect et votre amour pour les enfants et les êtres sans défense, je les partage. Et votre révolte face au galvaudage de l’enface, je la partage encore aujourd’hui. Je ne suis plus sûr d’être d’accord avec vous sur d’autres points, comme la religion par exemple, mais je demeure reconnaissant pour tout ce que vous m’avez apporté. Au revoir et merci, Monsieur Cesbron.

Message de Celinep82 à Gilbert Cesbron

Merci, merci pour tout ce que vous avez écrit, merci pour votre vision du monde, merci d’avoir les mots justes pour les petites choses de la vie. Si je devais un jour savoir écrire, je voudrais que ce soit comme vous.

Les citations de Gilbert Cesbron

«Les riches sont partout chez eux, pas les pauvres.»
[ Gilbert Cesbron ] – Don Juan en automne

«La mort ferme les yeux des morts et ouvre ceux des survivants.»
[ Gilbert Cesbron ]

«Que ce monde soit absurde, c’est l’affaire des philosophes et des humanistes. Mais qu’il soit injuste, c’est notre affaire à tous.»
[ Gilbert Cesbron ]

«Chacun de nous possède une musique d’accompagnement intérieure. Et si les autres l’entendent aussi, cela s’appelle la personnalité.»
[ Gilbert Cesbron ] – Journal

«Vivre pour les autres n’est pas vivre à demi mais deux fois.»
[ Gilbert Cesbron ] – Journal sans date

«Il ne faut pas tenter de couler le capital : il est insubmersible ; il faut l’arraisonner.»
[ Gilbert Cesbron ] – Mourir étonné

«La vraie révolution, c’est quand les rôles changent et pas seulement les titulaires.»
[ Gilbert Cesbron ] – Mourir étonné

«On n’est jamais si bien asservi que par soi-même.»
[ Gilbert Cesbron ]

«On s’aperçoit qu’on est devenu un spécialiste quand les choses dont on parle avec plaisir ennuient les autres.»
[ Gilbert Cesbron ]

«L’impuissance et l’athéisme ont cela en commun, ils conduisent tous deux à la provocation.»
[ Gilbert Cesbron ] – Don Juan en automne

«J’aime, donc je suis. Dès que je cesse d’aimer, je cesse d’être.»
[ Gilbert Cesbron ]

«A force d’accepter les honneurs on finit par croire qu’on les mérite.»
[ Gilbert Cesbron ] – Mourir étonné

«Ce n’est jamais le même homme qu’on arrête, et puis qu’on juge, et puis qu’on tue ou qu’on libère.»
[ Gilbert Cesbron ] – Extrait d’ Une sentinelle attend l’aurore

«Le seul chef-d’oeuvre, c’est vivre.»
[ Gilbert Cesbron ] – Journal sans date

«Les gens qui ronflent sont toujours ceux qui s’endorment les premiers.»
[ Gilbert Cesbron ]

La bibliographie de Gilbert Cesbron

Journal sans date Tome 1
de Gilbert Cesbron
[Littérature française XXe]
Résumé du livre
J’ai recueilli, trente ans durant, de ces pensés, images, graines de récit, fragments de dialogues, lambeaux de poème, etc• qui m’étaient donnés ou me revenaient de si loin que je ne les reconnaissais plus. Aucune de ces lignes n’est le récit d’un livre, et il ne s’agit pas ici d’une « littérature de copeaux ». Mais, si l’on compare à des arbres les ouvrages d’un auteur, les fragments que voici sont comme les fleurs et les plantes du même jardin ; elles ont poussé dans la même terre. Ou plutôt les uns sont fleurs, les autres fruits, d’autres encore amandes, c’est-à-dire graines. Je demande pardon au lecteur de la bigarrure et de la diversité des réflexions qui composent ce livre : il faut de tout pour faire un vrai jardin, même des mauvaises herbes…

Lourdes entre ciel et terre
de Gilbert Cesbron
[Littérature française XXe]
Résumé du livre
Dans ce texte écrit en 1975 pour Fêtes & Saisons, Gilbert Cesbron raconte avec le talent et la sensibilité qu’on lui connaît, toutes les grâces de Lourdes : celle du pèlerinage, celles des infirmières et des brancardiers, celles de la prière des malades et de leurs accompagnateurs, celles, bien sûr, que reçut la petite Bernadette dans la grotte de Massabielle. Un témoignage du cœur que les années rendent plus fort encore. L’ouvrage est préfacé par Monseigneur Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes.

 


C’est Mozart qu’on assassine
de Gilbert Cesbron
Roman
Résumé du livre
Martin a sept ans, l’âge où l’amour de ses parents devrait guider ses premiers pas dans l’apprentissage de la violence et de l’injustice du monde. C’est au contraire l’instant où la fin de leur union va faire basculer son univers dans les histoires sordides des adultes, va briser en lui toutes les qualités de l’enfance, sa pureté, son génie propre.
Gilbert Cesbron trouve ici ses accents les plus bouleversants pour analyser le drame de cet enfant, ce "Mozart assassiné", qui voit peu à peu s’effondrer autour de lui toutes les valeurs d’amour et de droiture qu’il avait jusqu’alors connues. Mais, dans ce siècle de violence, d’égoïsme et d’impureté, le chemin de croix de Martin n’est-il pas celui de la majorité des enfants d’aujourd’hui ?

Chiens perdus sans collier
de Gilbert Cesbron
Roman
Résumé du livre
Des hommes, des femmes, animés par une vocation irrésistible, se penchent sur les pauvres gosses dont la famille est indigne et sur ceux, plus malheureux encore, qui n’ont pas de famille du tout. Le "Juge d’enfants " est un personnage caractéristique et bien mal connu -de notre époque. Dans ce livre, Gilbert Cesbron le fait vivre et agir. Son problème, c’est celui de chaque père envers ses enfants, celui de chaque homme face à cet univers fermé et si souvent lucide : le monde des gosses.

Il est minuit, Docteur Schweitzer
de Gilbert Cesbron
Théâtre
Résumé du livre
Dans un hôpital primitif du Gabon, en pleine brousse, un homme joue du piano. Une voix vient l’interrompre. « Il est minuit, docteur Schweitzer » : Marie, son assistante, rappelle au chirurgien la nécessité du repos. Mais déjà monte de la nuit le message d’un tam-tam : on apporte un enfant malade à N’tchinda, « celui qui coupe bien ». Cependant nous sommes le 1er août 1914 : la Guerre, l’Amour, la Mort entrent en scène. Aux côtés de Schweitzer, des personnages, dans lesquels on n’aura pas de mal à reconnaître Lyautey et le père de Foucauld, sont les protagonistes d’une tragédie qui, en deux nuits, conduit à un dénouement dramatique autant que vigoureusement historique.

Entre chiens et loups
de Gilbert Cesbron
Roman
Résumé du livre
La manifestation gronde au Quartier latin. Adossé aux grilles du Luxembourg, Roland Guérin écoute les clameurs avec le même frisson que lui inspiraient, dans son enfance, les cris de ses camarades déchaînés jouant à la « chasse au cerf ». Est-ce de la peur ou du dégoût pour la violence ? Tandis qu’il s’interroge, son ami Georges, comme jadis, se lance dans la bagarre avec enthousiasme. Georges sera officier de carrière, Roland professeur de lycée. L’un se bat en Indochine, puis dans les Aurès; l’autre fait la classe et, à ses heures perdues, écrit contre l’Armée des articles qu’il ne signe pas. Par lâcheté? Le mot cingle Roland que troublent les étranges similitudes entre ses adversaires et ses partisans, Il s’engage. En Algérie, le lieutenant Guérin découvre les réalités de la guerre avec ses horreurs et ses justifications. Il y découvre aussi l’amour. Entre Chiens et Loups relate les étapes d’une crise de conscience dans une époque où règne la violence, et répond à cette question essentielle : Qu’est-ce que le vrai courage ?

Il est plus tard que tu ne penses
de Gilbert Cesbron
Roman
Résumé du livre
« Jean Cormier est-il coupable d’avoir, dans la nuit du 17 au 18 décembre dernier, volontairement commis un meurtre sur la personne de Jeanne Cormier, son épouse? » C’est la première question à laquelle les jurés auront à répondre.
Debout dans le box des accusés, Jean Cormier semble absent des débats. Tout a commencé le jour où il s’est aperçu que sa femme consultait en cachette un spécialiste du cancer. Et depuis… Cormier pourrait évoquer le médecin qui lui a dit : « La cause du cancer, je la connais, moi, c’est le temps perdu. II est toujours plus tard que l’on ne pense. »
Mais il ne cherche pas à se défendre. Douze hommes vont le juger. Leur verdict ne pourrait le libérer. C’est de Dieu qu’il devra obtenir son pardon.

Tant d’amour perdu
de Gilbert Cesbron
Roman
Résumé du livre
C’est souvent dans la nouvelle, le récit, le conte que Gilbert Cesbron a atteint le sommet de son art – en témoignent, tout au long de sa vie, sept volumes, de Traduit du vent (1950) à Leur pesant d’écume (1980), en passant par Tout dort et je veille et Des enfants aux cheveux gris. Le livre que voici rassemble ses tout derniers récits, mis au point par lui dans les mois qui précédèrent sa mort. Une fois encore, s’y trouve illustrée l’idée majeure qui gouverne sa vie. "Il n’y a que l’amour qui compte…" Mais lorsque celuici – mal accordé ou en veilleuse – est foudroyé par le destin ou la fatalité, il ouvre sur la tragédie. Dans ces vingt et un récits, le trop tôt, le trop tard, les manques ou l’extrême exigence (qui, parce qu’elle ne peut être, finit par tout détruire) sont autant de mauvais terrains où le Mal et le malheur s’installent. Et, si l’amour est perdu, c’est avant tout parce qu’il y a difficulté d’être, de s’unifier, de s’accepter et d’accepter de la part de ceux et de celles qui auraient pu le vivre et le sauver.
"Il n’y a que l’amour qui compte…" Oui, mais celui qui se vit malgré… non parce que…

Une abeille contre la vitre
de Gilbert Cesbron
Roman
Résumé du livre
Depuis toujours, c’est-à-dire depuis qu’elle est capable de comprendre ce que cela veut dire, on lui répète qu’elle est laide. Qui, « on » ? Sa mère, sa sœur, ses camarades d’école. Isabelle Devrain a pris sa revanche en étant la plus intelligente mais, aussi bien dans le domaine du travail, les chances ne vont-elles pas de préférence aux belles, même si elles sont bêtes ? Car ce sont les hommes qui mènent le monde après l’avoir façonné à leur seule convenance : un monde masculin, dans lequel la femme n’a pas encore sa vraie place et ne sait pas (ou ne veut pas) la prendre. C’est à ce monde qu’ « Isa la Laide » va se heurter comme une abeille contre la vitre. A cause de son corps de statue, elle attirera le désir et non l’amour, et il lui faudra passer par bien des épreuves et bien des rencontres avant de recevoir la réponse au mystère de la Disgrâce et qui est cet autre mystère : l’Amour. Encore cela n’ira-t-il pas sans un sacrifice déchirant.

Gilbert Cesbron

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1791   26 septembre   

Théodore Géricault, peintre français

Théodore Géricault est un peintre français né le 26 septembre 1791 à Rouen, mort le 26 janvier 1824 à Paris. Incarnation de l’artiste romantique, sa vie courte et tourmentée a donné naissance à de nombreux mythes

Biographie

Géricault naît dans une famille aisée de Rouen, originaire de la Manche, à St Cyr du Bailleul où un lieu-dit éponyme "l’hotel Géricault" existe toujours. Son père, Georges, magistrat et riche propriétaire terrien, tiendra par la suite une manufacture de tabac. Sa mère, Louise Caruel, descend d’une famille normande riche. Le peintre ne connaîtra en ce sens pas de problèmes d’argent (sauf à la fin de sa vie, après avoir fait de mauvais placements), et n’aura pas le souci de vendre ses œuvres pour vivre. Cela explique la liberté que l’on trouve dans ses tableaux. Vers 1796, la famille Géricault s’installe à Paris et Théodore fait ses études au Lycée Impérial (aujourd’hui Louis-le-Grand).

Géricault étudie dans les ateliers du peintre Carle Vernet, spécialiste de scènes de chasse. Il y fait la connaissance de son fils, Horace Vernet. Il étudiera ensuite avec Pierre-Narcisse Guérin avant de s’inscrire, le 5 février 1811, à l’École des Beaux-Arts de Paris. En 1814, Géricault s’éprend d’Alexandrine Caruel, la jeune épouse de son oncle maternel, Jean-Baptiste Caruel. Cette liaison, qui durera plusieurs années et produira un fils, Hippolyte Georges, s’avère désastreuse pour l’artiste.

Ayant échoué au concours du grand prix de Rome, Géricault décide, en 1816, de partir pour l’Italie à ses propres frais. Il est durablement impressionné par les peintres de la Renaissance italienne, en particulier Michel-Ange, ainsi que par le maître flamand Pierre Paul Rubens, pour le mouvement qu’il donne à ses œuvres. Parmi ses contemporains, c’est pour le baron Gros qu’il a le plus d’admiration.

Dès le début de sa carrière, Géricault témoigne de qualités qui le distinguent nettement des peintres néoclassiques de l’école de David : il choisit en effet de privilégier les thèmes de la vie quotidienne, qu’il porte au rang de hauts faits héroïques. Chantre du désespoir et de la souffrance humaine, il devient rapidement le chef de file des peintres romantiques.

Sa première œuvre,Officier de chasseurs à cheval de la garde impériale chargeant (1812), est une image de la victoire (on est à l’époque où Napoléon n’a pas encore vécu la défaite). Deux ans plus tard, dans un Salon organisé par Louis XVIII, Géricault expose sa deuxième œuvre à côté de la première: Cuirassier blessé (1814, musée du Louvre). En un contraste frappant avec la première, celle-ci représente un officier sur une pente avec son cheval, s’éloignant de la bataille. Son regard, "tourné vers la tuerie" qu’il vient de quitter, traduit le désarroi, la défaite. Dramatiques et monumentaux, ces deux portraits équestres, déjà empreints du talent grandiose de l’artiste, suscitent un certain intérêt lors du Salon de 1814, dans un Paris occupé par les Alliés.

En 1819, un nouveau Salon s’ouvre au Louvre. Géricault veut réaliser une œuvre immense, spectaculaire. Cherchant son inspiration dans les journaux, il y découvre l’"affaire de la Méduse", catastrophe maritime peu glorieuse que la monarchie restaurée avait tenté d’étouffer. Le fait divers que le peintre expose sur sa toile est celui du naufrage d’une frégate, la Méduse, le 2 juillet 1816, au large des côtes du Sénégal. Ce bâtiment de la marine royale, avec près de 400 membres d’équipage à son bord, avait pour commandant Hughes Duroy de Chaumareys, officier incompétent, révoqué sous l’empire, mais nommé dans ses fonctions lors du retour à la monarchie.

Alerté par son équipage de l’imminence d’un danger, le commandant refuse d’y prêter attention et c’est le drame: la navire coule corps et biens. Les officiers et hauts fonctionnaires ont tôt fait de s’emparer des six canots de sauvetage, abandonnant navire et naufragés au mépris du code d’honneur de la Marine. Les 150 autres membres de l’équipage s’entasseront dans des conditions pitoyables sur un radeau de 20m sur 10m, construit à la hâte au moyen de rondins de bois. Celui-ci devait être tiré par les canots de sauvetage, mais la corde fut "mystérieusement" coupée. Un orage éclate, et ce naufrage se transforme en une odyssée de plus en plus atroce où se succèdent scènes de meurtres, suicide, folie et cannibalisme. Le moment culminant choisi par Géricault dans cette dérive qui durera treize jours, est celui où les naufragés voient au loin le navire qui vient les sauver, le brick Argos. Géricault peint cet instant intensément dramatique, "entre salut et perdition", où les hommes encore valides se lèvent tant bien que mal pour faire signe au navire qui point, à peine visible, à l’horizon.

Le peintre a trouvé son inspiration, il veut émouvoir le public. Soucieux d’ancrer son œuvre dans la réalité, il prend connaissance du récit de deux survivants: Alexandre Corréard, l’ingénieur géographe de la Méduse, et Henri Savigny, le chirurgien du bord. Il fera construire une maquette grandeur nature du bateau dans son atelier et demandera aux sept rescapés du naufrage de venir poser pour lui. Il ira même jusqu’à exposer dans son atelier des restes humains. Grâce à l’entremise d’un ami médecin à l’hôpital de Beaujon, proche de son atelier, Géricault pourra obtenir des bras et pieds amputés, afin de les étudier. De même, il dessinera plusieurs fois une tête décapitée, obtenue à Bicêtre, où se trouvait une institution qui était tout à la fois hospice, prison et asile d’aliénés. Selon Charles Clément, son biographe, une puanteur étouffante règnait parfois dans son atelier de la rue du Faubourg-du-Roule. Géricault travaillera avec acharnement, pendant une année entière, à une œuvre de cinq mètres sur sept qui est, selon l’expression de Michel Schneider, "une leçon d’architecture autant qu’une leçon d’anatomie".

Le Radeau de la Méduse sera présenté au musée du Louvre en 1819. Le peintre s’attend à une apothéose, tant il s’est donné de mal pour parfaire son chef-d’œuvre. Mais lors de l’accrochage, une erreur fait que le tableau sera placé beaucoup trop haut, à côté d’œuvres immenses qui vont complètement l’écraser. Géricault voit le drame se dérouler devant ses yeux. On se moque de cette œuvre qui fustigeait, à travers le commandant de la Méduse, Louis XVIII et tous les royalistes. Éreinté par la critique, Géricault quitte Paris pour l’Angleterre. D’avril 1820 à novembre 1821, il voyage en Angleterre, et découvre à la fois les grands paysagistes anglais, dont Constable et Turner, et les courses de chevaux, ce fut derechef toute une nouvelle série d’oeuvres inspirée par "la plus grande conquête de l’homme" dont, entre autres, le célèbre Derby d’Epsom (musée du Louvre). À la fin de sa vie, il se consacre au thème du cheval, qui le passionne depuis le début de sa carrière. L’animal devient en effet le centre de sa mythologie personnelle, le messager des méditations du peintre sur la passion, la souffrance et la mort. L’histoire équestre de Géricault été racontée en détail par Bartabas dans son film Mazeppa (1993).

En décembre 1821, le peintre revient à Paris, tombe malade et ne se débarrasse pas de son état que Baudelaire décrira si bien : son spleen (ennui de la vie). Il commencera dès lors à peindre une série de peintures sur le thème de la folie. Il explore cet univers et son ami médecin-chef de la Salpêtrière et pionnier en études psychiatriques, Étienne-Jean Georget, va lui proposer de peindre les portraits de dix malades pour améliorer son état. Chacune représente le désarroi total, comme celui de L’aliéné avec monomanie du commandement militaire qui montre un homme (probablement un "demi-solde", ancien soldat de l’épopée napoléonienne, mis à pied par la monarchie restaurée), obsédé par la gloire perdue, habillé au quotidien comme un militaire, révélant ainsi l’obsession et le désespoir absolu.

Outre ses peintures à l’huile, Géricault réalise également des lithographies, des sculptures, rares mais remarquables, et des centaines de dessins. Il meurt le 26 janvier 1824, affaibli par une tuberculose chronique. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Une statue de bronze ainsi qu’un bas-relief représentant Le Radeau de la Méduse, tous deux signés Antoine Etex, ornent sa sépulture

Les chroniques historiques

Naissance d’un tableau

2 Juillet 1816
Sur la route du Sénégal, un des fleurons de la Marine française, ‘La Méduse’, s’échoue sur le banc d’Arguin avec à son bord 395 personnes. Pour suppléer aux canots de sauvetage, l’équipage se réfugie sur un radeau de fortune mais les amarres sont coupées. Le radeau part alors à la dérive avec 150 hommes et une femme et pour toute nourriture 75 livres de biscuits. 12 jours plus tard l’embarcation sera découverte. 15 ont survécu, les autres ont été jetés à la mer ou même mangés par les autres occupants. L’événement inspirera le peintre Théodore Géricault qui l’immortalisera en 1819 sur un tableau grandiose appelé ‘Le Radeau de la Méduse’.

Naissance de Géricault

26 Septembre 1791
Le peintre du ‘Radeau de la méduse’ voit le jour à Rouen. Théodore Géricault illustrera dans ses peintures un souci constant de la représentation du réel, qu’il soit constitué de fait réels où de simples représentations du quotidien.

L’année de La Méduse

15 Juillet 1816
Le navire Argus vient au secours des rescapés de La Méduse, bateau échoué au large de l’Afrique. Le manque de canots de sauvetage les avait contraints à construire un radeau. Pour épargner les maigres rations dont ils disposent, ils commencent par se débarrasser des bouches inutiles. Les vivres manquant, ils se nourrissent de la chair des cadavres. Sur les 147 naufragés, 15 sont encore en vie 12 jours plus tard quand survient l’Argus. Géricault immortalise par une peinture cet épisode dramatique qui a scandalisé le public d’alors.

Les livres à propos de Théodore Géricault

La Dormeuse de Naples
d’Adrien Goetz
[Littérature française XXIè]
Résumé du livre
Dans la quiétude de son atelier de Naples, Ingres peint un chef-d’ oeuvre. Il a la concentration du génie habité par l’inspiration et les émois du jeune homme qu’il n’a peut-être jamais été. Devant lui pose une jeune femme, nue, belle, qu’Ingres aime passionnément, mais en silence. Toute la fougue de son désir contenu s’exprimera dans son tableau, «La Dormeuse de Naples ». Plusieurs années plus tard, alors que le peintre est toujours hanté par le corps du modèle, le tableau, lui, est oublié, perdu peut-être… Jusqu’au jour où Corot l’aperçoit, caché dans les souterrains de Rome. Un élève de Géricault confessera, lui, l’avoir vu dans l’atelier de son maître…

Entre lumières et romantisme
Sous la direction de Mehdi Korchane
[Beaux-Arts]
Résumé du livre
La scène artistique européenne voit s’épanouir entre 1760 et 1820 le courant néoclassique. Aux bouleversements qui affectent l’échiquier politique répondent des mutations esthétiques profondes, marquées par des dualités et des contradictions : Rome et Paris, antiquité et modernité, nature et idéal, classicisme et romantisme. Le cabinet des dessins des Beaux-Arts d’Orléans abrite une collection de plusieurs centaines de pièces où sont représentés tous les grands artistes français de la période (David, Géricault, Ingres, Regnault… ) ainsi que des artistes étrangers rares dans les collections publiques françaises tels Mengs, hackert, Gessner, Kuyper. Un ensemble exceptionnel dont cet ouvrage tente de révéler toute la richesse.

Le Naufrage de la Méduse
d’Alexandre Corréard, Jean-Baptiste Savigny
[Littérature classique]
Résumé du livre
Juillet 1816. Une escadre française vogue vers le Sénégal. Le principal navire, la frégate la Méduse, qui longe de trop près les côtes de Mauritanie, s’échoue sur un haut-fond. Des groupes de passagers rejoindront Saint-Louis soit par mer, soit, au prix de nombreuses pertes, à marches forcées à travers le Sahara. Mais cent quarante-sept hommes sont abandonnés sur un radeau. Ils vont dériver pendant quinze jours. Faim, soif, délires, mutineries, massacres, liquidation des blessés et des mourants, cannibalisme, en quelques jours cette petite société se transforme en une horde d’une sauvagerie sans égale. Lorsqu’on retrouve le radeau, il ne reste que quinze hommes à bord. Deux des rescapés livrent leur témoignage. Survivants de l’affreuse aventure, c’est avec rage qu’ils écrivent ce récit d’une des plus terribles tragédies de l’histoire maritime. Ils ne se doutent pas alors qu’ils vont déclencher une crise majeure au sommet de l’État français. Ni qu’ils vont être à la source d’un tableau géant, un des sommets de l’histoire de la peinture, ‘Le Radeau de la Méduse’ de Théodore Géricault.

Géricault, la folie d’un monde
[Arts – Peinture & Arts graphiques]
Présentation
Le musée des Beaux-Arts de Lyon consacre une nouvelle exposition à l’un des artistes majeurs du romantisme français, Théodore Géricault (1791-1824) , quinze ans après l’importante rétrospective présentée à Paris au Grand Palais, en 1991.
La présence dans les collections du musée des Beaux-Arts de Lyon de la ‘Monomane de l’envie’, acquise en 1908, est à l’origine de ce projet ambitieux, qui regroupe, notamment, trois des cinq portraits de la fameuse série des monomanes. Contrairement à l’historiographie qui isole ces cinq portraits dans la production de l’artiste, l’exposition de Lyon se propose d’élargir la notion de folie au regard d’une vision politique. Elle entend démontrer que Théodore Géricault, pour être véritablement compris, doit être envisagé comme un peintre d’histoire maniant avec subtilité le symbole et l’allégorie politique. Articulée autour de quatorze séquences, l’exposition du musée des Beaux-Arts de Lyon réunit plus de 140 oeuvres provenant de collections publiques et privées européennes et américaines. Certains dessins et tableaux sont présentés pour la première fois au public, d’autres n’ont plus été montrés depuis 1924.

Peintures

Théodore Géricault par lui même

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1626   24 septembre   

Théophile de Viau, poète et écrivain français

Théophile de Viau, né entre mars et mai 1590 à Clairac et mort le 25 septembre 1626 à Paris, est un poète et dramaturge baroque français, connu pour ses poèmes licencieux et son athéisme.

Théophile est le poète le plus lu au XVIIe siècle, même s’il sera oublié suite aux critiques des Classiques. Son écriture est aisée et innovante. C’est un moderne.

Depuis le XXe siècle, on le classe comme un auteur baroque. On le considère également comme un libertin. Même si ce dernier terme apparaît un peu dans son œuvre, ce sont avant tout des dénominations tardives.

Bien qu’un moment protégé du roi Louis XIII, il a dû se convertir au catholicisme, et vivre longtemps caché suite à des peines d’exil prononcées contre lui. Il a en effet été accusé à tort d’avoir publié des poèmes obscènes. On lui reprochait en fait ses croyances très libres et ses pratiques homosexuelles

Sa vie

Né dans une famille protestante, les croyances religieuses de Théophile de Viau n’ont pas résisté au spectacle des querelles entre théologiens dont il avait été le témoin lors de sa scolarité à l’académie de Saumur et à l’université de Leyde. Il se joint à une troupe de théâtre ambulant. En 1615, il s’installe à Paris, où il mène joyeuse vie tout en devenant un brillant poète de cour. C’est sans doute à cette époque qu’il a été l’ami du poète Guez de Balzac. Il prend part de 1615-16 aux guerres protestantes en Guyenne au service du comte de Candale. Pardonné après la guerre, il reprend sa vie de brillant poète de cour. Entré en contact avec les idées épicuriennes du philosophe italien Lucilio Vanini qui remettait l’immortalité de l’âme en cause, sa conversion au catholicisme ne l’empêche nullement de rester libertin d’esprit et de cœur. Son irréligion, ses idées libertines et ses « mœurs » lui valent d’être banni de France en 1619. En 1620, il revient à la cour après avoir voyagé en Angleterre. À la publication sous son nom d’un recueil de poèmes licencieux, le Parnasse satyrique en 1622, il est, sur dénonciation des jésuites, condamné à apparaître nus pieds devant Notre Dame de Paris et pour être brûlé vif en 1623. La sentence est exécutée en effigie tandis que Théophile se cache. Attrapé lors qu’il tentait de passer en Angleterre, il est emprisonné à la Conciergerie pendant près de deux années tandis le père Garasse se livre à une véritable analyse de texte de ses poèmes pour obtenir sa condamnation à mort en prouvant qu’il y a glissé des allusions à la sodomie. Pas moins de cinquante-cinq brochures seront éditées pour et contre Théophile à l’occasion de cette affaire qui va mobiliser les intellectuels et les écrivains de l’époque. Pendant ce temps, Théophile rédige Plainte de Théophile à son ami Tircis reprochant à son amant, Jacques Vallée des Barreaux, son peu d’empressement à le tirer d’affaire. Sa sentence commuée en arrêt d’exil perpétuel, Théophile passera les derniers mois de sa vie à Chantilly sous la protection du duc de Montmorency.

On lui doit des pièces de théâtre, dont la tragédie Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé qui, donnée en 1621, remporta un vif succès. Elle est restée involontairement célèbre pour le double sens permis par le vers « Il en rougit, le traître ! », phrase prononcée en fait par l’infortunée Thisbé, contemplant le poignard avec lequel son amant Pyrame vient de se suicider :

Ah ! voici le poignard qui du sang de son maître
S’est souillé lâchement. Il en rougit, le traître !
Edmond Rostand repris ce vers dans Cyrano de Bergerac :

Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :

Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître !
Fidèle à l’esthétique baroque, il s’est montré, dans sa poésie (poèmes lyriques, sonnets, odes et élégies satiriques), résolument hostile aux nouvelles contraintes classiques imposées par Malherbe. Ce refus de plier à l’ordre nouveau lui a valu d’être éreinté par Boileau :

Tous les jours à la cour un sot de qualité
Peut juger de travers avec impunité,
À Malherbe, à Racan, préférer Théophile…

Son Un corbeau devant moi croasse, qui dépeint une scène fantastique de tonnerre, de serpents et de feu montre qu’il était demeuré attaché aux images sensibles de l’époque baroque. Deux de ses poésies sont des plaidoyers mélancoliques adressés au roi sur son incarcération ou son exil. Cette expression de tristesse se retrouve dans son Ode sur la Solitude qui allie des motifs classiques à une élégie au sujet du poète au milieu d’une forêt. Oublié à l’époque classique, Théophile de Viau a été redécouvert par les romantiques, au XIXe siècle, notamment Théophile Gautier.

Les citations de Théophile de Viau

«Un plaisir est plus grand qui vient sans qu’on y pense.»
[ Théophile de Viau ] – Pyrame et Thisbé

Ah! voici le poignard qui du sang de son maître – S’est souillé lâchement: il en rougit, le traître!
[ Pyrame et Thisbé (1621), V, 2, Thisbé ]

Dans ce climat barbare où le destin me range, – Me rendant mon pays comme un pays étrange … [ Elégie ]
Théophile de Viau

Imite qui voudra les merveilles d’autrui: – Malherbe a fort bien fait, mais il a fait pour lui. [ Elégie à une dame ]
Théophile de Viau

Incertain et dépravé, je ne me retiens pas assez du plaisir comme chrétien, je m’y laisse aller comme homme, mais je ne m’y laisse pas tromper comme bête. [ Au lecteur (1641) ]
Théophile de Viau

La règle me déplaît; j’écris confusément: – Jamais un bon esprit ne fait rien qu’aisément. [ Elégie à une dame ]
Théophile de Viau

Le sot glisse sur les plaisirs, – Mais le sage y demeure ferme – En attendant que ses désirs – Ou ses jours finissent leur terme.
Théophile de Viau

Mais je me sens jaloux de tout ce qui te touche, – De l’air qui si souvent entre et sort par ta bouche. [ Pyrame et Thisbé (1621) ]
Théophile de Viau

Bibliographie

Le livre interdit : De Théophile de Viau à Sade
Par Jean-Christophe Abramovici

Présentation
C’est au XVIIe siècle qu’apparurent dans les bibliothèques les premiers " enfers ", ces espaces secrets dans lesquels on relégua les livres interdits, hérétiques puis pornographiques. À la fin du XIXe siècle, la Bibliothèque nationale institutionnalisa cette pratique en créant une cote " Enfer " qui marquait du sceau d’infamie les écrits jugés dangereux – véritable " recueil de tous les dévergondages luxurieux de la plume et du crayon " d’après le Grand Larousse de 1877. Si l’Enfer fut d’abord une pièce séparée, ses ouvrages ont été réunis il y a plusieurs décennies déjà dans de simples armoires, qui devraient être remplacées à leur tour par de banals rayonnages dans la future Grande Bibliothèque de France. Jusqu’en 1972, les derniers mille sept cent trente numéros de l’Enfer furent attribués pour la plupart à des livres sanctionnés moins pour leur contenu que pour leur histoire judiciaire. Ainsi, de toutes les éditions des Infortunes de la vertu de Sade, seule celle de Jean-Jacques Pauvert (1954) y est classée. Cette progressive banalisation de la littérature interdite tranche avec les nombreux textes d’écrivains, d’hommes d’Eglise, de philosophes et de législateurs qui s’interrogèrent sur la nature du " mauvais livre " et les moyens de l’identifier. La présente anthologie déroule l’histoire de cet engagement polémique, depuis le procès intenté en 1623 contre le poète libertin Théophile de Viau jusqu’au réquisitoire dressé deux siècles plus tard par l’écrivain immigré Charles de Villers contre l’érotisme français.

Théophile de Viau : un poète rebelle
Par Guido Saba
Présentation
Théophile de Viau, qui eut une existence passionnée et finalement dramatique, est une figure marquante de la littérature du début du XVIIe siècle. Bien qu’il soit mort assez jeune, il a laissé une œuvre qui méritait d’être examinée de près dans un ouvrage d’ensemble. C’est fait. En éliminant tout bagage érudit, Guido Saba passe en revue dans ce livre toute sa production littéraire : il contribue par là à modifier l’image stéréotypée d’un libertin victime de la persécution du pouvoir et d’une œuvre réduite à quelques poèmes qu’on trouve dans toutes les anthologies. Théophile apparaît ainsi successivement en poète, tragédien, narrateur et pamphlétaire. On découvre alors un écrivain exceptionnellement doué, une personnalité complexe et attachante par sa modernité. Grâce à des citations éclairantes, le critique souligne les qualités d’une prose novatrice et d’une poésie riche d’images éblouissantes qui fusionnent avec une musicalité raffinée et touchante.
Guido Saba a donné une édition critique monumentale des œuvres de Théophile de Viau. Prix national pour la philologie de l’Accademia dei Lincei et Grand Prix du rayonnement de la langue française de l’Académie française.

Théophile de Viau d’après une gravure du XVIIe siècle

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1865   23 septembre   

Suzanne Valadon, peintre français.

Suzanne Valadon, de son vrai nom Marie-Clémentine Valade, née le 23 septembre 1865 à Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne)
et morte le 7 avril 1938 à Paris,
inhumée au cimetière parisien de Saint-Ouen,
est une peintre française.

Sa vie

Fille d’une blanchisseuse non mariée, Suzanne Valadon devint acrobate de cirque à quinze ans, jusqu’à ce qu’une chute mette fin à cette activité. Dans le quartier de Montmartre où elle était établie avec sa mère, puis son fils, le futur peintre Maurice Utrillo, elle eut la possibilité de s’initier à l’art.

Son genre de beauté attira le regard des artistes et elle devint leur modèle, les observant en posant et apprenant ainsi leurs techniques. Elle fut le modèle d’Edgar Degas, Henri de Toulouse-Lautrec, Pierre-Auguste Renoir et Pierre Puvis de Chavannes, nouant des relations avec certains. Habituée des bars « mal famés » de Montmartre où la bourgeoisie parisienne venait « s’encanailler », Toulouse-Lautrec durant cette période fit d’elle un portrait célèbre, intitulé La Buveuse.

Degas remarqua les lignes vives de ses dessins et peintures et encouragea ses efforts. Elle connut de son vivant le succès et réussit à se mettre à l’abri des difficultés financières de sa jeunesse, pourvoyant aux besoins de son fils, appelé à sa naissance Maurice Valadon, et qui ne prit que plus tard le nom de famille de son père: Utrillo.

Suzanne Valadon peignit des natures mortes, des bouquets et des paysages remarquables par la force de leur composition et leurs couleurs vibrantes. Elle est aussi connue pour ses nus. Ses premières expositions au début des années 1890 comportaient principalement des portraits, parmi lesquels un d’Erik Satie avec qui elle eut une relation en 1893. Il lui proposa le mariage au matin de leur première nuit. Elle fut la seule relation intime de celui-ci, le laissant, comme il dira, avec « rien, à part une froide solitude qui remplit la tête avec du vide et le cœur avec de la peine ». En 1894, Suzanne Valadon fut la première femme admise à la Société Nationale des Beaux-Arts. Perfectionniste, elle pouvait travailler plusieurs années ses tableaux avant de les exposer.

Esprit libre, fantasque jusqu’à la bizarrerie, elle était connue pour porter un petit bouquet de carottes, avoir une chèvre dans son studio à seule fin de « manger ses mauvais dessins », ou nourrir ses chats avec du caviar le vendredi.

Son mariage, en 1896, avec un agent de change, prit fin en 1909. Suzanne, alors âgée de 44 ans, délaissa son mari pour un peintre de 23 ans, André Utter, qu’elle épousa en 1914. Cette union, houleuse, devait durer près de trente ans. L’une de ses toiles les plus connues est Adam et Ève, où André Utter figure Adam et elle-même Ève.

Suzanne Valadon mourut le 7 avril 1938, entourée de ses amis peintres André Derain, Pablo Picasso et Georges Braque, et fut enterrée au Cimetière de Saint-Ouen.

Ses œuvres sont aujourd’hui exposées au Centre Georges-Pompidou et au Metropolitan Museum of Art à New York.

Les livres à propos de Suzanne Valadon

Suzanne Valadon ou la recherche de la vérité

de Jeanne Champion
Biographie
Résumé
Elle se voulait libre d’aimer et de peindre, en un temps où seuls les hommes pouvaient prétendre à mener la vie de bohème. Qui était donc cette Suzanne Valadon qui, au début du siècle, brava préjugés et interdits par amour de son art? Au-delà de tout scandale, sa vérité à elle tenait en un seul mot: la peinture. De ce désir d’être pleinement et sans entraves naquit en effet – et quel que fût le prix à payer pour elle et pour ses proches – une oeuvre puissante et singulière que l’on méconnaît aujourd’hui. Comme si Valadon subissait son purgatoire… Il n’est pas de livre sur le Montmartre de la Belle Epoque qui ne parle de a Suzanne la Folle », la a mauvaise mère » d’Utrillo le maudit. Les biographes de Toulouse-Lautrec ou d’Erik Satie évoquent la maîtresse du peintre et du musicien. Mais à ce jour, en dehors de quelques monographies, aucun ouvrage ne lui était entièrement consacré : Valadon n’existait qu’à travers les hommes de sa vie. La présente biographie romanesque vient enfin réparer cet étrange oubli…

Les Escaliers de Montmartre, tome 1 : Suzanne Valadon

de Michel Peyramaure
Présentation
Dans les années 1870, au temps des cerises, une gamine dessine sur le trottoir du boulevard Rochechouard. Un monsieur important remarque sa beauté et son talent. Il s’appelle Puvis de Chavannes et lui demande de poser pour lui. Dix ans plus tard, la jeune fille, qui a pris le nom de Suzanne Valadon, connaît déjà tous les peintres de la Butte Montmartre, ce quartier encore champêtre où le génie semble courir les rues. Renoir, Degas, Toulouse-Lautrec, et même Eric Satie le musicien, entrent dans sa vie. Suzanne devient leur modèle, leur muse, leur maîtresse. En marge de cette vie d’art et d’amour, elle élève le petit Maurice, enfant d’une liaison passagère avec un Catalan nommé Utrillo. Et aussi, et surtout, elle continue à peindre, magnifiquement… Autour de cette jeune femme, dans la société la plus libre qui fût alors, Michel Peyramaure fait revivre toute une époque, le temps légendaire des impressionnistes, celui des " peintres du bonheur ".

Suzanne Valadon

de Thérèse Diamand Rosinsky ( professeur d’histoire de l’art à l’université de New York. Spécialiste de Suzanne Valadon)
Présentation d’Alexandra Morardet
Thérèse Diamand Rosinsky dépeint la vie hors du commun d’une femme créatrice de sa propre légende, fabulatrice et peintre au talent affirmé, Suzanne Valadon, mère de Maurice Utrillo.
Suzanne Valadon, née Marie-Clémentine en 1865, est la fille illégitime d’une femme de ménage illettrée. Très tôt livrée à elle-même, elle déambule dans les rues de Montmartre et commence à travailler à 11 ans. Après un passage éclair dans le monde du cirque, elle débute comme modèle à l’âge de 15 ans. Elle pose ainsi sous le pseudonyme de Maria, pour les plus grands peintres de son temps, Puvis de Chavannes, Renoir, Toulouse Lautrec.
Cette assoiffée de la vie collectionne les amants et s’entiche de la situation de Toulouse-Lautrec. Accouchant à dix-huit ans de Maurice Utrillo, elle le confie à sa mère, pour repartir aussitôt dans une vie de bohème des plus exacerbées.
La première œuvre connue de celle qui affirme dessiner depuis l’âge de huit ans, est un autoportrait daté de 1883, inspiré par les observations minutieuses des toiles de ses amants. " A Puvis et à Renoir, Valadon avait emprunté les sujets et les techniques. De Lautrec elle apprit la rapidité d’exécution, dans laquelle son art puisait son caractère. "
Peu à peu, affirmant son talent, elle se départit de l’influence des grands peintres de l’époque pour expérimenter un style fortement personnel. Représentant le nu masculin, elle brise les tabous qui emprisonnent les femmes artistes et se libère du carcan iconographique de l’idéal féminin pour peindre les déchéances de son propre corps.
Volcanique, amoureuse passionnée, farouchement indépendante, légérement calculatrice, elle se donne entièrement à la peinture et à l’amour. En tant que mère possessive, elle prend Maurice Utrillo sous son aile, tentant de le protéger de lui-même. Elle l’initie ainsi à la peinture, pour l’aider à sortir d’un alcoolisme précoce.
Celle que Degas surnommait " La terrible Maria ", côtoie les plus grands artistes de son temps, flirte avec les mouvements picturaux sans jamais s’y laisser prendre.
" Femme et artiste, elle défie les conventions sociales de son temps, les servitudes imposées aux femmes et les restrictions toujours en vigueur dans le monde de l’art. "
Sa vie, pourtant, s’essouffle ; Utrillo s’éloigne, marié à une intrigante tandis qu’André Utter, son compagnon, la trompe et s’isole. Son existence se dessine alors dans des tonalités aux reflets naturalistes, chers aux personnages de Zola.
On garde l’image d’une artiste aux amours tumulteuses et au caractère bien trempé. Après une jeunesse ennivrante, Suzanne Valadon s’éteint seule en 1938, laissant son nom rejoindre ceux des plus grands artistes de son temps.
Thérèse Diamand Rosinsky décrit les œuvres de Suzanne Valadon avec la précision d’une historienne d’art, agrémentant le tout d’une certaine poésie. Elle livre entre ces pages, le portrait sans concessions, parfois ironique, d’une femme au destin exceptionnel. Cette plongée dans le Montmartre de sa splendeur, nous fait déambuler entre les tables du Lapin Agile, du Chat Noir, du Bœuf sur le toit, ou sur la piste du Moulin de la Galette évoquant ainsi le Paris des peintres, théâtre d’une dynamique créatrice jamais retrouvée.
Une merveille de nostalgie.

Les photos et récits à propos de Suzanne Valadon

Photo: Suzanne Valadon et Utrillo

Malgré le geste chevaleresque de Miguel Utrillo y Molins, homme de lettres espagnol et journaliste qui lui donna son nom en 1891, on considère que le père de Maurice Utrillo est inconnu

Photo: Lucie Valore, Maurice Utrillo et Suzanne Valadon.

Mais sa vie dont il n’avait jamais été maître, continua d’une façon rocambolesque. Un jour "la vache à lait" (de sa mère et du jeune mari de celle-ci, Utter) décida de quitter Montmartre, à vrai dire un peu aidé par "la bonne Lucie" Valore, un étrange personnage qui dorénavant allait "s’occuper" du "maître" en l’épousant et en l’emmenant au Vésinet où elle laissera à la postérité des vers inoubliables :
O maison qu’habite la Gloire
D’un grand artiste du pinceau
Raconte aussi la belle histoire
De Lucie, amour d’Utrillo.
Naly se rappelle:
Pour empoisonner Utter qui la trompait et la négligeait, elle (Suzanne Valadon) avait favorisé ce mariage. Elle savait qu’en acceptant le départ de Maurice elle coupait la source des revenus de son mari. Quant à elle, elle n’avait pas de besoins !
Utter tenta tout pour empêcher le mariage Utrillo-Valore. Il réussit à retarder le départ de Maurice de trois semaines. Mais un jour, arrivant avenue Junot, il demanda :
– Où est Maurice ?
Valadon lui répondit avec un rire strident de Grand Guignol :
– Envolé !… Parti avec Lucie !"
Et c’était vrai. Lucie Valore était arrivée dans un taxi et avait enlevé Utrillo sans même prendre le temps de lui laisser mettre des chaussures.

Naly, Suisse d’origine, avec Gen Paul l’une des figures les plus célèbres des derniers jours de Montmartre. Lucide et ennemi de l’affabulation il a assiste au mariage bouffe d’Utrillo, ainsi qu’aux derniers jours de Suzanne Valadon et d’Utter.

Photo: Utrillo, Valado et Utter, 1919

"Lorsqu’ils se battaient, c’est moi qui les séparait. Un jour, je faillis être tué par un fer à repasser jeté à toute volée à travers la cour par Utrillo. Le fer creva la verrière de mon atelier et vint atterrir sur ma table à dessin !

Ce n’est pas moi que visait Utrillo… Il nous aimait bien; ma femme lui procurait des cartes postales d’après lesquelles il peignait ses vues de Montmartre… Il s était emparé du fer dans une crise de rage et l’avait lancé, sans songer au reste." (Galanis)

Principales œuvres

"La Buveuse "
Portrait de Suzane Valadon par Henri de Toulouse-Lautrec

Valadon vue par Puvis de Chavannes

Valadon vue par Renoir

Valadon vue par Renoir

Publié dans Arts et Littérature | 3 commentaires

Le jour par jour

1907   22 septembre   

Maurice Blanchot, écrivain français.

Maurice Blanchot (Quain, Saône-et-Loire, 27 septembre 1907
– Le Mesnil-Saint-Denis, Yvelines, 20 février 2003)
est un romancier, critique et philosophe français.
Sa vie fut entièrement dévouée à la littérature et au silence qui lui est propre.

Biographie

Maurice Blanchot naît le 27 septembre 1907 à Quain (Saône-et-Loire), dans un milieu aisé. Il suit ses études à Strasbourg (allemand et philosophie) jusqu’en 1925. Il fréquente l’Action française et déambule muni d’une canne au pommeau d’argent. C’est à Strasbourg qu’il rencontre Emmanuel Levinas : « très éloigné de moi politiquement à cette époque-là, il était monarchiste. » Blanchot dira : « […] Emmanuel Levinas, le seul ami – ah, ami lointain – que je tutoie et qui me tutoie ; cela est arrivé, non pas parce que nous étions jeunes, mais par une décision délibérée, un pacte auquel j’espère ne jamais manquer. » (Pour l’Amitié). En 1928, il achève la lecture de Être et Temps de Martin Heidegger : « Grâce à Emmanuel Levinas, sans qui, dès 1927 ou 1928, je n’aurais pu commencer à entendre Sein und Zeit, c’est un véritable choc intellectuel que ce livre provoqua en moi. Un événement de première grandeur venait de se produire : impossible de l’atténuer, même aujourd’hui, même dans mon souvenir. » (cité par Christophe Bident, p. 44). Il passe son Certificat d’Études Supérieures à Paris en 1929, puis se diplôme à la Sorbonne en 1930 en réalisant un travail sur la conception du dogmatisme chez les sceptiques. Il suit alors des études de médecine à l’Hôpital Sainte-Anne, avec une spécialisation en neurologie et psychiatrie.

A partir de 1931, Blanchot collabore avec certains journaux et revues d’extrême-droite : il publie son premier texte en juin 1931 dans la Revue française : « François Mauriac et ceux qui étaient perdus ». Critique littéraire, pendant la guerre, et chroniqueur de politique étrangère au Journal des Débats, il y devient rédacteur en chef – « […] et c’est là qu’il passera, pendant près de dix ans, le plus clair de son temps » (Bident, p. 68). En 1932, il commence la rédaction de Thomas l’Obscur. En 1933, il entre au Remparts (de Paul Levy) tout en poursuivant son travail au Journal des Débats. « Avec Blanchot, Maxence et Maulnier à des postes-clés, la "jeune droite" occupe cependant une place importante » (Bident, p. 73). Après la fin de Remparts, Blanchot retrouve Levy à Aux écoutes où il est également rédacteur en chef. En 1935-1936, il écrit Le dernier mot et L’idylle, qui seront d’abord republiés dans Le ressassement éternel en 1951, puis dans Après coup en 1983. En 1936 il entre à la revue Combat, où il vitupère contre Léon Blum, puis à L’Insurgé en 1937.

En mai 1940, Thomas l’Obscur est terminé : Jean Paulhan le reçoit chez Gallimard. Pendant l’Occupation, à partir de mai 1940, Blanchot abandonne le journalisme politique mais à partir d’ « avril 1941, et jusqu’aux derniers jours, Blanchot assurera le Journal des Débats, toujours plus vichyste, ultra-maréchaliste, d’une chronique littéraire régulière » (Bident, p. 155). En novembre, Blanchot sauve Paul Levy de la Déportation, puis mettra en sécurité la femme et la fille de Levinas. Il participera à un réseau d’aide aux clandestins dans sa région natale. À la fin de 1940, il rencontre Georges Bataille, ainsi que sa compagne Denise Rollin (qui aura peut-être une aventure avec Blanchot). Bataille lit à Blanchot L’Expérience intérieure, qui sera fort redevable à Thomas l’obscur. Celui-ci fut publié en 1941 : Paulhan le conseille à la NNRF (Nouvelle nouvelle revue française) ; en 1942 suit son second roman, Aminadab. Il rencontre Dionys Mascolo en 1943, alors qu’il publie son premier recueil de textes critiques, Faux Pas, premier recueil de critiques. Il devient membre du Jury du Prix de la Pléiade.

En 1944, Blanchot séjourne à Quain où il vivra l’un des événements les plus dramatiques de sa vie, relaté cinquante ans plus tard dans L’instant de ma mort : il faillit être fusillé par des soldats allemands. Depuis ce jour, la mort, comme déjà passée et devant revenir à nouveau, ne le quitta plus.

Après la Guerre, Blanchot devient un membre éminent de la scène littéraire française. Il est membre du jury du Prix des Critiques en 1945, puis collabore dès 1946 à diverses revues importantes : L’Arche, les premiers numéros des Temps Modernes, la nouvelle revue Critique ou il rencontre Jean Piel. À la fin de l’année 1946, il décide de quitter Paris et s’installe à Èze dans les Alpes-Maritimes.

Il poursuit une œuvre toujours plus exigeante et de laquelle il extirpe toute donnée biographique. Il publie son dernier roman, Le Très-haut en 1948, et dès 1947, avec Le dernier mot jusqu’à la fin de sa vie, il n’écrira plus désormais que des récits. Une étude , Lautréamont et Sade, est publiée en 1949, ainsi qu’un second recueil de textes critiques, La part du feu, dans lequel se trouve peut-être le programme de son "livre" à venir, La littérature et le droit à la mort. Il publie dans la revue Empédocle Un récit ? (qui ne sera publiée en livre qu’en 1973 sous le titre La folie du jour). Suite au choix du genre du récit, il retravaille Thomas l’obscur, l’abrège de deux cents pages, le termine en 1948 (il sera republié en 1950). En 1953, il débute sa collaboration à la NNRF, régulièrement, jusqu’au moins 1969. Il regroupe les premiers de ces essais (les Recherches) dans L’espace littéraire, puis Le livre à venir. Un autre récit suit, Le dernier homme, en 1957. Il revient alors à Paris, où il rencontre Robert Antelme, duquel il deviendra l’ami.

Toujours plus absent, il côtoie pourtant Antelme, Marguerite Duras, Mascolo, Gineta et Elio Vittorini, et sa pensée se radicalise. Il participe activement au Manifeste des 121 défendant le droit à l’insoumission en Algérie. À partir de 1960-1961, l’idée germe de création d’une [[Revue internationale]]. Le projet, portée par Blanchot jusqu’en 1964 au moins, recoupera l’histoire de la plupart des écrivains importants des années cinquante et soixante en Europe, ainsi qu’aux États-Unis et en Amérique du Sud. Louis-René des Forêts sera l’un des piliers, avec Vittorini, Magnus Enzensberger, et dans une moindre mesure, Italo Calvino, Roland Barthes, Michel Butor, Günter Grass.

En 1962 paraît L’Attente l’oubli, point d’orgue de son œuvre, et premières tentatives d’écriture du fragment.

Blanchot rencontre Jacques Derrida en 1967, puis Michel Foucault en 1968, lesquels, avec Gilles Deleuze, Barthes, Roger Laporte ou même Philippe Sollers (qui s’en démarquera). Il participe aux cortèges de Mai-Juin avec Mascolo et Duras notamment, et il participe aux Comités Écrivains-Étudiants. Blanchot se retire alors de plus en plus dans le silence, ne réservant son accueil qu’à de rares amis. Après la publication de la somme qu’est L’entretien infini en 1969 (année de la mort de Jean Paulhan), il ne s’adonnera plus qu’au fragment. Le pas au-delà (1973), puis L’écriture du désastre (1983). Son dernier livre de narration L’Instant de ma mort, paraît en 1994. Ce livre marque la transition entre le personnel et le collectif, le biographique et le récit.

La communauté inavouable (1983), sur Bataille, Duras et le communisme, marque le début de plusieurs textes à la fois politiques et d’hommages, comme Pour l’amitié ou Les intellectuels en question en 1996, ou d’autres d’abord publiés chez Fata Morgana (dont Blanchot claque la porte en 1996 suite à l’affaire Alain de Benoist, publié par l’éditeur) puis regroupées dans Une voix venue d’ailleurs en 2001 (essais sur des Forêts, Michel Foucault, Paul Celan). Il prendra encore position en faveur du Peuple Juif, pour la reconnaissance légale du couple homosexuel, contre les lois Debré.

Ne côtoyant plus que Jacques Derrida et deux ou trois amis proches, Blanchot meurt en 2003, à l’âge de 96 ans.

L’œuvre de Maurice Blanchot

La portée, l’influence, l’importance des textes de Maurice Blanchot sur la littérature et la philosophie françaises d’après-guerre est un fait incontestable. Son œuvre balance à première vue entre hermétisme (revenant à l’un des auteurs les plus lus de Blanchot, Stéphane Mallarmé) et terrorisme (imputable à une autre des figures de formation du jeune Blanchot, celle de Jean Paulhan). L’œuvre de Blanchot serait ainsi l’héritière d’une tradition littéraire française qui, née peut-être de l’audience d’écrivains tel que Maurice Scève, se répercute chez Mallarmé, Paul Valéry, Paulhan et se poursuivrait peut-être, dans une certaine mesure toutefois, chez Samuel Beckett, Marguerite Duras ou Jacques Derrida.

Son œuvre, le silence dont il a cerné sa vie d’homme, mais aussi ses engagements politiques et sa poétique exigeante, ont érigé Blanchot en une espèce de figure mythique, guide ou nocher, ou, dans le cas contraire, ennemi public ou gourou. La passion que cristallise son nom n’a d’égal que l’absence de renommée auprès du grand public.

Son cheminement politique (de l’extrême-droite à l’extrême-gauche) ; ses prises de positions, notamment contre Charles de Gaulle ; son opposition, moins virulente, à Jean-Paul Sartre ; les écrivains qui se réclament de lui ou que lui-même a soutenu contre tous ; son irrésistible parenté avec la Nouvelle Nouvelle Revue Française ; son engagement auprès du peuple Juif et le questionnement impossible de la Shoah (Auschwitz) ; enfin ses amitiés indéfectibles, en tête celle avec Emmanuel Levinas et celle avec Georges Bataille font de lui, bien qu’absent de la scène médiatique et sujet à une maladie obscure qui semble éternelle, un témoin obligé de la vie culturelle de l’après-guerre.

La parole de Blanchot

Pour le lecteur qui découvre la première fois Blanchot, soit par le récit ou le roman, soit par l’essai, l’expérience est nouvelle. À lire Blanchot, le lecteur consent à entrer dans un langage qui, bien que jamais réellement difficile, surprend, et nécessite un effort de par sa syntaxe ardue et sa rigoureuse méthode : méthode dont la rigueur consiste essentiellement à pousser jusqu’au bout à la fois la pensée et le langage et le rapport que les deux entretiennent.

Influencé par le versant linguistique de la réflexion de Jean Paulhan, notamment les textes sur le tryptique pensée-langage-signe (d’une facture différente des préceptes du structuralisme linguistique de Saussure à Jakobson) : Jacob Cow le pirate (1921), Clef de la Poésie (1944), et bien sûr Les Fleurs de Tarbes (1941). Le premier texte critique publié par Blanchot : Comment la littérature est-elle possible ?, en 1942 chez José Corti, précisément entre les Fleurs et Clef de Paulhan, marque à la fois l’empreinte de celui-ci et le souci majeur de la “poétique” blanchotienne.

En effet, tous les premiers écrits de Blanchot, qui méditent sur un énorme réservoir de publications françaises et étrangères (notamment allemandes et américaines), apparaissent moins comme des essais au sens classique que comme une expérience littéraire propre, un avant-propos, une initiation à la Montaigne, dont la suite de l’œuvre ne sera jamais plus que l’approfondissement.

Remarquons enfin que cette époque correspond au début de l’écriture du grand roman de Blanchot, Thomas l’obscur. Ce que l’on peut dire de cette époque de formation (longue toutefois), le texte blanchotien se construit, et pour en saisir le sel, nous pouvons poser comme citation liminaire cet extrait de Thomas l’obscur.

« Thomas demeura à lire dans sa chambre. Il était assis, les mains jointes au dessus de son front, les pouces appuyés contre la racine de ses cheveux, si absorbé qu’il ne faisait pas un mouvement lorsqu’on ouvrait la porte. ceux qui entraient, voyant son livre toujours ouvert aux mêmes pages, pensaient qu’il feignait de lire. Il lisait. Il lisait avec une attention et une minutie insurpassables. Il était, auprès de chaque signe, dans la situation où se trouve le mâle quand la mante religieuse va le dévorer. L’un et l’autre se regardaient. Les mots, issus d’un livre qui prenait une puissance mortelle, exerçaient sur le regard qui les touchait un attrait doux et paisible. chacun d’eux, comme un œil à demi fermé, laissait entrer le regard trop vif qu’en d’autres circonstances il n’eût pas souffert […] Il se voyait avec plaisir dans cet œil qui le voyait. Son plaisir même devint très grand. Il devint si grand, si impitoyable qu’il le subit avec une sorte d’effroi et que, s’étant dressé, moment insupportable, sans recevoir de son interlocuteur un signe complice, il aperçut toute l’étrangeté qu’il y avait à être observé par un mot comme par un être vivant, et non seulement un mot, mais tous les mots qui se trouvaient dans ce mot, par tous ceux qui l’accompagnaient et qui à leur tour contenaient eux-mêmes d’autres mots, comme une suite d’anges s’ouvrant à l’infini jusqu’à l’œil absolu. D’un texte aussi bien défendu, loin de s’écarter, il mit toute sa force à vouloir se saisir, refusant obstinément de retirer son regard, croyant être encore un lecteur profond, quand déjà les mots s’emparaient de lui et commençaient de le lire. »

Cette longue citation, malgré sa décontextualisation et l’impossibilité chez Blanchot d’élever des phrases à des exempla, nous permet de poser, en premier lieu, l’une des principales thématiques chez Blanchot : la lecture.

Le rapport : lecture <—> écriture

Car Maurice Blanchot est avant tout un lecteur, qui assaille d’une lecture serrée le remous littéraire. Si Thomas l’obscur était le premier roman de l’auteur, celui-ci écrit depuis les années trente des articles qui s’autorisent de plus en plus des incursions en terrain littéraire, pour devenir réellement lectures.

Tout le répertoire classique y passe, ainsi que nombre des parutions contemporaines de l’époque. Les deux premiers recueils critiques de Blanchot, Faux pas et La part du feu regorgent de textes qui cherchent à cerner quelque chose de la littérature.

Ce quelque chose, il arrive à la fin de La part du feu (cf. le texte fondateur « La littérature et le droit à la mort », qui transcende l’œuvre de Hegel par celle de Mallarmé) ainsi que dans le petit essai Comment la littérature est-elle possible ?. Comme le dit Blanchot, le travail de l’écrivain commence lorsque la littérature devient une question. C’est le sens de l’essai publié chez Corti. Dès lors ce questionnement inlassable va décrire un « espace littéraire », où il ne sera plus question que de cette question.

Blanchot visite et travaille pour cela les œuvres importantes du fonds mondial, avec une nette préférence pour les œuvres travaillant cette source littéraire insondable : par là Blanchot ouvre des chemins qui seront ceux explorés par la suite par des écrivains comme Roland Barthes, Jacques Derrida, Michel Foucault, Philippe Sollers. Son dialogue avec le texte littéraire est fructueux : Hegel puis Heidegger, Sade, Nietzsche, Georges Bataille, Marguerite Duras, Samuel Beckett, Antonin Artaud, Henri Michaux, Henry James, Virginia Woolf, Marcel Proust, Simone Weil, Robert Antelme, Pierre Klossowski, René Char, Louis-René des Forêts, Paul Celan, Philippe Jaccottet, et surtout Hölderlin, Rilke, Kafka et Mallarmé, puis Emmanuel Levinas (leurs relations ont fait l'(objet d’un colloque récent , ainsi qu’un très grand nombre d’autres écrivains, forme la sève des textes écrits, notamment durant l’Après-Guerre, dans des revues comme L’Arche, L’Arc, Le Nouveau Commerce, Critique, Les Temps Modernes et surtout, grâce à Jean Paulhan, à partir du premier numéro de la Nouvelle Nouvelle Revue Française en 1953 jusqu’à la mort de celui-ci à peu près en 1969.

Chaque mois, dix pages de Blanchot ont façonné des générations d’écrivains, et même d’autres artistes : peintres et plasticiens, architectes, photographes, etc. Ces textes, réunis encore dans les chefs-d’œuvre que sont L’espace littéraire et Le livre à venir.

Mais ces textes ne seraient rien si le travail de lecture de Maurice Blanchot ne s’accompagnait d’une écriture propre, les deux méthodes, les deux occupations, étant le revers et l’avers, indissociables, d’une même entité, appelée littérature.

Les romans du jeune Blanchot qui étaient alors plutôt conventionnels, influencés par ceux de Jean Giraudoux, Kafka, un certain romantisme, un certain fantastique (Aminadab, Le Très-Haut), deviennent de leurs cotés des trames de plus en plus ténues : le langage se resserre, l’intrigue se raréfie et le mot prend toute sa place : Thomas l’obscur reparaît en 1950, émondé, radical[4]. L’arrêt de mort, ouvre une recherche dont le triptyque Au moment voulu, Celui qui ne m’accompagnait pas, Le dernier homme forme une suite de plus en plus exigeante et dont il importe moins de connaître la finalité que d’en sentir l’essence, et notamment la poésie propre à cette limite de la littérature.

Cet unisson se fait plus sensible dès les années soixante, notamment par le texte singulier L’attente l’oubli, livre étrange, fragmentaire, le premier d’une série successive. Un texte paru en revue, « L’entretien infini » marque peut-être la limite de cette recherche littéraire où le récit se réduit de plus en plus à l’intervalle onirique, fantastique, éthique et érotique propre à l’entretien.

Ce texte sera repris en tête du livre éponyme peut-être le plus important de Blanchot, dont la force n’a sans doute pas encore été aujourd’hui complètement éprouvée. Des fragments seront repris de livres en livres, dans des contextes différents, sans atténuer leur portée littéraire. Il semble que la recherche de Blanchot (du nom de la chronique qu’il a tenue dans la NRF pendant plus de quinze années), ainsi que l’épreuve de cette recherche dans le champ narratif, ne servent en réalité qu’une immense déférence envers la chose littéraire que Blanchot, paraphrasant Mallarmé, décrit comme « ce jeu insensé d’écrire ».

« *Le secret, cette réserve qui, si elle parlait, la faisait différer de parler, lui donnant parole en cette différence. “Vous ai-je jamais promi de parler ?” —“Non, mais c’est vous-même qui étiez, ne disant rien et refusant de rien dire et restant liée à ce qui ne se dit pas, promesse de parole.” Ils ne parlaient pas, ils étaient les répondants de toute parole encore à dire entre eux. »

La mort

Dans L’espace littéraire puis Le livre à venir, Maurice Blanchot questionne le centre même de l’expérience littéraire notamment dans sa faculté à « remettre tout en cause, y compris elle-même ». Blanchot voit dans l’écrivain celui qui, n’étant pas autrement qu’au service de l’œuvre, perd toute individualité et toute énergie en elle. Il est alors en proie au désœuvrement alors même qu’il fait l’épreuve de l’autre nuit, nuit de la solitude où s’égarent les pensées.

Réalité dispersée, temps arrêté ou absent, l’écrire renvoie face à elle-même l’écriture et face à lui-même, anéanti, l’écrivain. Cet espace est l’espace du neutre, où se neutralisent toute velléité, toute individualité et, bien sûr, tout engagement.

La mort est alors la présence chaude et lénifiante qui rassérène l’écrire et lui confère toute sa force.

« Ecrire, c’est entrer dans la solitude où menace la fascination. C’est se livrer au risque de l’absence de temps, où règne le recommencement éternel. C’est passer du Je au Il, de sorte que ce qui m’arrive n’arrive à personne, est anonyme par le fait que cela me concerne, se répète dans un éparpillement éternel. »

Cette expérience est alors présentée par Blanchot sous la forme du mythe d’Orphée et Eurydice, pages célèbres de son œuvre. La recherche de l’œuvre par le poète, Orphée, qui devra se résoudre par la disparition d’Eurydice marque le début de l’expérience littéraire.

« […]certes, en se retournant vers Eurydice, Orphée ruine l’œuvre, l’œuvre immédiatement se défait, et Eurydice se retourne en l’ombre ; l’essence de la nuit, sous son regard, se révèle comme l’inessentiel. Ainsi trahit-il l’œuvre et Eurydice et la nuit. Mais ne pas se tourner vers Eurydice, ce ne serait pas moins trahir, être infidèle àla force sans mesure et sans prudence de son mouvement, qui ne veut pas Eurydice dans sa vérité diurne et dans son agrément quotidien, qui la veut dans son obscurité nocturne, dans son éloignement, avec son corps fermé et son visage scellé, qui veut la voir, non quand elle est visible, mais quand elle est invisible, et non comme l’intimité d’une vie familière, mais comme l’étrangeté de ce qui exclut toute intimité, non pas la faire vivre, mais avoir vivante en elle la plénitude de la mort. »

La mort est singulièrement familière pour Blanchot, homme toujours malade gravement, et pourtant toujours vivant, toujours ainsi dans l’intimité de la mort, toujours dans la connivence, l’intimité, la proximité de la mort.

Mais la mort n’est jamais proche, elle est toujours le plus lointain, l’expérience impossible, le défaut de témoignage. De fait, la mort procure une espèce d’infinie légèreté pour celui qui la côtoie comme sa voisine : l’écrivain.

La mort, pour Blanchot, est au cœur même du processus poétique et s’il étudie tout particulièrement les auteurs dans la naissance de leur œuvre (lettres d’Artaud à Jacques Rivière, Journal de Kafka et celui de Virginia Woolf), il saura peu à peu montrer combien la littérature, si proche de la philosophie mais au contraire, dévastatrice, donne corps à la pensée de la mort si bien que, à terme, mort et pensée même ne sont qu’une seule et même chose (ainsi débute Le pas au-delà)

Le raccourci peut être abrupt, mais il est le fruit d’une écriture patiente, éternelle, et le Pas en est une étape supplémentaire. Il se trouve par ailleurs que Blanchot vivra vieux, et verra disparaître ses amis, fidèlement, l’un après l’autre, et la parole de Blanchot, sur le tard, aura pour une part cette forme d’hommage. L’amitié, le dernier livre critique au sens premier du terme (qui n’est pas sous la forme de fragment) en marquera la pierre de touche.

Devant le vide alors donné par la vie même, Blanchot donnera peut-être l’une des clefs capitales à la compréhension de son œuvre, un court récit, L’instant de ma mort, décrivant comment le narrateur échappe, de justesse à la mort par fusillade durant la dernière guerre. Ce texte, paru en 1994, dessine peut-être la fin d’une œuvre, il marque en tout cas un cran décisif dans l’ensemble des thèmes que Blanchot a travaillé au fil de ses livres. « * Mourir serait, chaque fois, là où nous parlons, ce qui retient d’affirmer, de s’affirmer, comme de nier. »

Cela, qui est aussi le neutre, et qui est assez proche de ce que Levinas nomme l’il y a, ressort de l’écriture même, et associe dans le même mouvement la mort, le désastre, le désœuvrement :

« Ecrire, c’est ne plus mettre au futur la mort toujours déjà passée, mais accepter de la subir sans la rendre présente et sans se rendre présent à elle, savoir qu’elle a eu lieu, bien qu’elle n’ait pas été éprouvée, et la reconnaître dans l’oubli qu’elle laisse et dont les traces qui s’effacent appellent à s’excepter de l’ordre cosmique, là où le désastre rend le réel impossible et le désir indésirable. »

Le graffiti et le fragment

Le livre à venir énumérait les étapes de la littérature depuis Proust jusqu’à Robbe-Grillet ou Barthes, et le constant rapport au désœuvrement qui étreignait chaque jour plus fort la pratique littéraire. Il pouvait être considéré comme le pendant pratique de L’espace littéraire. La fin du livre, explicitant ce titre énigmatique de livre à venir, en suivant de près le projet de Livre de Stéphane Mallarmé, montre ce vers quoi peut tendre la littérature : la pluralité, la dissémination, la dialogie, l’éparpillement.

Cette dernière partie, appelée justement « Où va la littérature ? », sera justement reprise comme hypothèse dans L’entretien infini.

Mais ce nouvel opus, fort de plus de 600 pages, a une ambition supplémentaire : il convoque à lui les plus grands noms de la littérature, certes, mais il s’attache également à démonter, cerner, instruire, répéter, lire et relire, et comprendre le fonds philosophique du passé comme du présent.

Le lien entre littérature et philosophie est fait. Le lien entre création narrative et création critique se fortifie. On ne peut ici résumer en quelques phrases l’ensemble de cette œuvre. On peut toutefois insister sur le fait que ce livre prend pour base de travail le Livre, comme support politique, signe de la complétion et d’une certaine autorité, et, sans doute, signe de pouvoir.

A contrario, Blanchot encense la parole dispersée, la parole en archipel de René Char, le « Livre » de Mallarmé, la parole anonyme. Vient alors le fragment. Après une longue réflexion sur Héraclite, sur Nietzsche, Blanchot en vient à concevoir la parole même de l’entretien, la parole de l’altérité, la parole d’autrui assimilée ou la déprise de la parole personnelle. L’influence de Levinas est ici la plus sensible.

Le fragment, ainsi dégagé au fil d’un raisonnement infaillible, patient et souvent irrévocable, rejoint ainsi l’exigence du neutre. La parole, anonyme, peut enfin se libérer d’elle-même et toucher à la liberté même. Le fragment porte le neutre.

« Mais l’un des traits du neutre[…], c’est, se dérobant à l’affirmation comme à la négation, de recéler, encore, sans la présenter, la pointe d’une question ou d’un questionnement, sous la forme, non d’une réponse, mais d’un retrait à l’égard de tout ce qui viendrait, en cette réponse, répondre. »

Deux livres complètement fragmentaires, par la suite, Le pas au-delà et L’écriture du désastre, sont comme les achévements de cette pensée qui se dénie comme pensée et qui, en butte à la loi qu’indique le livre, cherche à modérer son pouvoir par le recours au neutre, qui est l’anonyme du fragment.

Cette parole, concomitamment, Blanchot la conçoit dans le champ politique. Rentré à Paris après dix ans d’absence d’une retraite solitaire, Maurice Blanchot se liera dès 1958 au groupe informel des « amis de la rue Saint Benoît », chez Marguerite Duras, avec Robert Antelme, Dyonis Mascolo, les Vittorini.

A l’amitié de Mascolo s’ajoute la revendication : il se pose ouvertement contre le coup d’état gaulliste en 1958, contre la guerre d’Algérie en 1960 (ils rédigent la fameuse Déclaration des 121). Il est dans la rue en 1968, comme en témoigne Michel Foucault. Il observe les graffiti, il se gorge de l’écriture anonyme des rues, il profite de son anonymat (il n’existe que quatre photos de lui à ce jour). Il se consacrera au début des années soixante au projet de Revue internationale où la rubrique Le cours des choses associe les auteurs de manière anonyme ; l’échec de ce projet collectif le peine grandement. Prenant position ça et là pour différentes causes humanitaires, la fin de l’œuvre de Blanchot est marquée par la plus grande humilité devant les blessures de l’Histoire, dont la plus grande est l’Holocauste. La folie du jour, texte publié dans la revue Empédocle en 1949 (sous le titre Un récit ?) puis chez Fata Morgana en 1973 essaie d’évaluer la possibilité d’écrire après Auschwitz. Dès 1949 la sentence était claire :

« Un récit ? Non, pas de récit, plus jamais »

La fin de l’œuvre est encore marquée par une série de petits livres, à partir de La communauté inavouable, dédiés aux amis (Bataille, Duras, Celan, Mascolo, Foucault, des Forêts, Laporte, Levinas…), faisant foi, par là, d’un idéal de la communauté qui dépasse même le communisme. Le personnage rejoint alors la note biographique des éditions de poche de ses essais :

« Maurice Blanchot, romancier et critique, est né en 1907. Sa vie est entièrement dévouée à la littérature et au silence qui lui est propre. »

Le 100ème anniversaire de la naissance de Maurice Blanchot

1907-2007

Notice

L’entretien infini, avec ce titre – celui d’un des plus imposants de ses ouvrages – on pourrait tenter d’emblématiser la pensée de Maurice Blanchot. A dire vrai, moins une pensée qu’une posture ou un geste : celui d’une confiance. Avant tout, Blanchot fait confiance à la possibilité de l’entretien. Ce qui s’y entretient (avec un autre, avec soi-même, avec la propre poursuite de l’entretien), c’est le rapport toujours renouvelé de la parole avec l’infini du sens qui fait sa vérité.

L’écriture (la littérature) nomme ce rapport. Elle ne transcrit pas un témoignage, elle n’invente pas une fiction, elle ne délivre pas un message : elle trace le parcours infini du sens en tant qu’il s’absente. Cet absentement n’est pas négatif, il fait la chance et l’enjeu du sens même. "Ecrire" signifie approcher sans relâche la limite de la parole, cette limite que la parole seule désigne et dont la désignation nous illimite (nous, les parlants).

Blanchot a su reconnaître ainsi l’événement de la modernité : l’évaporation des outre-mondes et avec eux d’une division assurée entre la "littérature" et l’expérience ou la vérité. Il rouvre dans l’écriture la tâche de donner une voix à ce qui de soi reste muet.

Donner pareille voix, c’est « veiller sur le sens absent « ». Vigilance attentive, soucieuse et affectueuse. Elle veut prendre soin de cette réserve d’absence par laquelle se donne la vérité : l’expérience en nous de l’infini hors de nous.

Cette expérience est possible et nécessaire lorsque se sont refermés les livres sacrés avec leur herméneutique de l’existence. La littérature – ou l’écriture – commence dans la fermeture de ces livres. Mais elle ne forme pas une théologie profane. Elle récuse toute théologie autant que tout athéisme : toute installation d’un Sens. L’ « absence » n’est ici qu’un mouvement : un absentement. C’est le constant passage à l’infini de toute parole. « Le prodigieux absent, absent de moi et de tout, absent aussi pour moi… » dont parle Thomas l’obscur n’est pas un être ni une instance mais le glissement continu de moi hors de moi, par lequel vient, pourtant toujours en attente , le « sentiment pur de son existence » .

Cette existence n’est pas la vie comme immédiate affection et perpétuation de soi, sans en être la mort. Mais le « mourir » dont Blanchot parle – et qui ne se confond en rien avec la cessation de vivre, qui est au contraire le vivre ou ce « sur-vivre » nommé par Derrida au plus près de Blanchot – forme le mouvement de l’incessante approche de l’absentement comme sens véritable, annulant en lui toute trace de nihilisme.

Tel est le mouvement qui peut en s’écrivant « donner à rien, sous sa forme de rien, la forme de quelque chose ».

Jean-Luc Nancy

Les citations de Maurice Blanchot

«Le risque de se livrer à l’inessentiel est lui-même essentiel.»
[ Maurice Blanchot ] – L’espace littéraire

«Tout art tire son origine d’un défaut exceptionnel.»
[ Maurice Blanchot ] – Le livre à venir

«Tous les mots sont adultes. Seul l’espace où ils retentissent les reconduit vers la mort perpétuelle où ils semblent naître toujours.»
[ Maurice Blanchot ]

«Dans les périodes dites heureuses, seules les réponses semblent vivantes.»
[ Maurice Blanchot ] – L’espace littéraire

«Là où la légèreté nous est donnée, la gravité ne manque pas.»
[ Maurice Blanchot ] – L’espace littéraire

«Il faut tout dire. La première des libertés est la liberté de tout dire.»
[ Maurice Blanchot ] – Extrait d’un L’entretien infini

«La banalité est faite d’un mystère qui n’a pas jugé utile de se dénoncer.»
[ Maurice Blanchot ] – Faux pas

«Lorsque tu affirmes, tu interroges encore.»
[ Maurice Blanchot ] – L’attente, l’oubli

«Chaque fois que tu oublies, c’est la mort que tu te rappelles en oubliant.»
[ Maurice Blanchot ] – L’attente, l’oubli

«La réponse est le malheur de la question.»
[ Maurice Blanchot ] – Extrait d’un L’entretien infini

«L’oubli détient le pouvoir et le sens du secret.»
[ Maurice Blanchot ] – L’Attente : l’oubli

«Le pourrissement de l’attente, l’ennui.»
[ Maurice Blanchot ] – L’Attente, l’oubli

«L’art nous offre des énigmes mais par bonheur aucun héros.»
[ Maurice Blanchot ] – L’Espace littéraire

«L’attente commence quand il n’y a plus rien à attendre, ni même la fin de l’attente. L’attente ignore et détruit ce qu’elle attend. L’attente n’attend rien.»
[ Maurice Blanchot ] – L’Attente, l’oubli

Bibliographie de Maurice Blanchot

L’espace littéraire
de Maurice Blanchot
Résumé du livre
Le livre de Maurice Blanchot n’est pas seulement un essai d’élucidation de la création littéraire et artistique, mais encore une recherche précise de ce qui est en jeu pour l’homme d’aujourd’hui, par le fait que « quelque chose comme l’art ou la littérature existe » : descente vers la profondeur, approche de l’obscurité, expérience de la solitude et de la mort. L’auteur interroge les œuvres de Mallarmé, de Kafka, de Rilke, de Hölderlin et de bien d’autres ; il n’existe peut-être pas de méditation aussi rigoureuse, aussi riche, sur les conduites créatrices dans toute l’histoire de la critique.

Thomas l’obscur
de Maurice Blanchot
Roman

Résumé du livre
«Thomas demeura à lire dans sa chambre. Il était assis sur une chaise de velours, les mains jointes au-dessus de son front, les pouces appuyés contre la racine des cheveux, si absorbé qu’il ne faisait pas un mouvement lorsqu’on ouvrait la porte. Ceux qui entraient se penchaient sur son épaule et lisaient ces phrases: "Il descendit sur la plage: il voulait marcher. L’engourdissement gagnait après les parties superficielles les régions profondes du coeur. Encore quelques heures et il savait qu’il s’en irait doucement à un état incompréhensible sans jamais connaître le secret de sa métamorphose. Encore quelques instants et il éprouverait cette paix que donne la vie en se retirant, cette tranquillité de l’abandon au crime et à la mort. II eut envie de s’étendre sur le sable: las et informe, il épiait le moment où allait paraître la première agonie de sa vie, un sentiment merveilleux qui doucement le délierait de ce qu’il y avait de raidi dans ses articulations et ses pensées. Il vit que tout en lui pré-parait le consentement: son corps commençait à se détendre ; ses mains ouvertes s’offraient au malheur; ses yeux mi-fermés faisaient signe au destin."»

Les livres à propos de Maurice Blanchot

Chaque fois unique, la fin du monde
de Jacques Derrida
[Philosophie]
Résumé du livre
Ce livre épais réunit les textes que Jacques Derrida aura publiés, au cours des vingt dernières années, en Europe ou aux Etats-Unis, à la mort de certains de ses amis qui furent aussi des penseurs : Roland Barthes, Paul de Man, Michel Foucault, Louis Althusser, Edmond Jabès, Gilles Deleuze, Emmanuel Lévinas, Jean-François Lyotard, Maurice Blanchot… De belles et profondes preuves d’amitié, dans la pensée…

 


La Philosophie d’Emmanuel Levinas Métaphysique, esthétique, éthique
de Daniel Salvatore Schiffer
[Philosophie]
Résumé du livre
Ce livre opère une lecture transversale de l’oeuvre de Levinas afin de mettre en évidence la manière dont le penseur a profondément modifié, sur le plan conceptuel, l’approche des trois disciplines majeures de la philosophie : la métaphysique, l’esthétique et l’éthique. En ce qui concerne la métaphysique, le débat fondamental avec Heidegger est principalement abordé à travers la déstabilisation que Levinas fait subir, à l’intérieur d »Etre et Temps’, à l’analytique du Dasein, dans l’examen des notions de monde, d’essence et d’existence, de transcendance, de triple structure du souci, de néant et d’angoisse, de l’être pour la mort. Cette critique de l’ontologie heideggérienne ouvre la pensée de Levinas sur un domaine qui a été peu analysé jusqu’à présent : l’esthétique. Celle-ci engage en particulier l’examen, sur le plan phénoménologique, du rapport à Sartre, Merleau-Ponty et Blanchot. Loin de frapper l’art du sceau du rejet, sinon du mépris, ainsi qu’on l’a parfois soutenu, c’est une véritable fonction ontologique que Levinas attribue à l’art, dès lors qu’il y perçoit, dans ce qu’il définit comme un entre-temps, la structure sensible de l’être. Son éthique, quant à elle, s’efforce de dépasser, via notamment les notions de visage, d’infini et de diachronie, mais en se référant à Bergson également, les catégories traditionnelles dans lesquelles le rapport à autrui a été pensé ou, plutôt, esquivé.

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1972   21 septembre   

Henry de Montherlant, romancier, essayiste, auteur dramatique et académicien français

Henry Marie Joseph Frédéric Expedite Millon de Montherlant, né le 20 avril 1895 à Paris,
décédé le 21 septembre 1972 à Paris,
est un romancier, essayiste, auteur dramatique
et académicien français.

Biographie

Issu de la noblesse catalane, Henry Millon de Montherlant envisage très tôt de faire œuvre d’écrivain. Ce sera d’abord l’expérience du journal intime (détruit à la fin de sa vie). Son père décédé, son éducation est laissée à la charge de sa mère qui lui donnera le goût de la littérature. Quo Vadis ? dont elle lui donne lecture, marquera l’ensemble de sa vie et lui fournira les thèmes qu’il abordera tout au long de son œuvre (l’amitié, les taureaux, Rome, et le suicide).

Son renvoi en 1912 du collège Sainte-Croix de Neuilly-sur-Seine lui fournira le thème de deux de ses œuvres, La Ville dont le prince est un enfant (1951) et Les Garçons (1969). Au sortir de la Première Guerre mondiale, il se tournera vers les stades, la piste et le football où il rencontrera la jeunesse des fortifs, renouera avec les fraternités des tranchées, exaltera les corps des athlètes, compagnons et compagnes.

Admirateur des civilisations du bassin méditerranéen (Rome antique, Espagne, civilisation arabe), il y fit de nombreux voyages. Il vécut même quelques années dans l’Algérie coloniale. Nourri dans sa jeunesse par la lecture de Nietzsche, et Barrès, il trouve dans le courage et les vertus antiques un idéal.

Patriote, et anticolonialiste, il écrira dans Le Songe, le courage et l’amitié des combattants, invitera par de nombreux articles et ouvrages à intervenir contre l’Allemagne nazie (1936, puis 1938). L’Équinoxe de Septembre sera interdit par l’occupant. La Rose de Sable où il décrit les excès d’une France coloniale verra son édition fragmentée sur une trentaine d’années jusqu’en 1968.

En rupture avec la société contemporaine, cherchant à transcender les luttes partisanes, il se consacre à l’écriture de son théâtre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Grandeur et misère d’hommes et femmes tiraillés par leur passions, trahis et perdus.

Durant la période de l’après-guerre, il fut également l’auteur de nombreux dessins réalisés à la mine de plomb, des esquisses représentant tour à tour des scènes de tauromachie, des hommes en habits de lumière, et quelques nus féminins ou masculins. Il renoncera cependant au dessin, expliquant que « tout ce qui n’est pas littérature ou plaisir est temps perdu ».

Montherlant se défie de l’amour et des femmes, avec lesquelles il est toujours sur la défensive. Il pénétre la psychologie féminine dans ses quatre romans sur les "Jeunes Filles" qui seront vendus à des millions d’exemplaires auprès d’un public féminin.

Devenant quasiment aveugle, après avoir été accidenté, il se suicide le 21 Septembre 1972 à son domicile du 25, quai Voltaire à Paris, conformément aux principes romains développés tout au long de son œuvre, « pour échapper à l’angoisse de devenir aveugle subitement ».

Ses cendres sont dispersées à Rome, sur le Forum, entre les pierres du temple de Portunus (ou temple de la Fortune virile) et dans le Tibre, par Jean-Claude Barat, son héritier, et Gabriel Matzneff.

André Gide a dit de lui qu’il était « un seigneur des lettres » ; il sera élu en 1960 à l’Académie française sans en avoir fait expressément la demande.

À plusieurs reprises Roger Peyrefitte, qui l’a bien connu, parle de lui dans ses romans sous le pseudonyme transparent de « Lionel de Beauséant ». On goûtera particulièrement le chapitre qui lui est consacré dans Des Français. Il apparaît aussi dans La Mort d’une mère où les propos qu’il tient montrent à la fois son cynisme et son esprit.

Les citations d’Henry de Montherlant

«Ce qu’il y a de difficile dans la charité, c’est qu’il faut continuer.»
[ Henry de Montherlant ]

«Nous avons deux sortes de bonheurs : ceux que nous obtenons sans faire de tort à personne, et ceux que nous obtenons en poignardant quelqu’un.»
[ Henry de Montherlant ] – Extrait des Carnets 1930-1944

«Se plaindre est un des moyens d’obtenir. La pitié est d’un magnifique rapport.»
[ Henry de Montherlant ] – La reine morte

«Le suicide est le dernier acte par lequel un homme puisse montrer qu’il a dominé sa vie.»
[ Henry de Montherlant ]

«Les enfants martyrs sont ceux qu’on embrasse trop. Les grand-mères sont particulièrement recherchées pour cette tâche de tortionnaire.»
[ Henry de Montherlant ]

«Il est faux qu’on puisse faire faire tout ce qu’on veut aux hommes avec de l’argent. Mais on peut faire faire tout, à la plupart des hommes, en les prenant par la vanité.»
[ Henry de Montherlant ] – Les jeunes filles

«On reconnaît l’homme libre à ce qu’il est attaqué simultanément ou successivement par les partis opposés.»
[ Henry de Montherlant ] – Extrait des Carnets

«Presque toute vie d’homme est corrompue par le besoin qu’il a de justifier son existence.»
[ Henry de Montherlant ] – Pitié pour les femmes

«La liberté existe toujours. Il suffit d’en payer le prix.»
[ Henry de Montherlant ]

«A quoi bon insulter les morts, puisqu’ils n’en souffrent pas ?»
[ Henry de Montherlant ] – Extrait des Carnets

«Les dictateurs naissent dans les maisons où on n’ose pas donner à un ordre à la bonne.»
[ Henry de Montherlant ]

«Chacun n’est devenu tout à fait soi-même que le jour où ses parents sont morts.»
[ Henry de Montherlant ] – Carnets

«Idéal de la femme : être servie dans les petites choses, et servir dans les grandes.»
[ Henry de Montherlant ] – Extrait des Carnets

«La vie, ce n’est pas la prise, c’est le désir.»
[ Henry de Montherlant ] – Extrait d’ Aux fontaines du désir

La bibliographie d’Henry de Montherlant

Les garçons
d’Henry de Montherlant
[Littérature française XXe]
Résumé du livre
En mars 1913, Henry de Montherlant est renvoyé du collège Sainte-Croix pour pédérastie. Il s’inspire de cette affaire cinquante-six ans après son renvoi pour écrire ‘Les Garçons’. Dans ce roman, Alban de Bricoule, élève de philo, décide de mener une ‘réforme’ du collège d’enseignement libre dans lequel il est inscrit et où règne l’indiscipline. Sa tentative échoue et il est exclu ; cependant, ses efforts ouvrent les yeux du directeur, qui prend le relais de son élève et rétablit l’ordre dans son établissement.

La Reine morte
d’Henry de Montherlant
[Théâtre]
Résumé du livre
Le sujet de cette pièce est directement emprunté à un épisode de l’histoire du Portugal. Le vieux roi Ferrante a choisi une épouse pour son fils. Mais celui-ci avoue alors son mariage secret avec une dame de la cour, Inès. Déchiré entre l’étrange sympathie qu’il ressent pour Inès et l’envie de la faire assassiner, Ferrante hésite, tergiverse…

 


Le démon du bien
d’Henry de Montherlant
Roman

Résumé du livre
« – L’amour est gâché non seulement par le mariage, mais par la seule possibilité du mariage. Le spectre du mariage, agitant ses chaînes – les chaînes du mariage, il va sans dire ! – empoisonne tout amour avec une jeune fille. À l’instant où je me dis que je pourrais… non, je ne veux même pas prononcer ces mots… mon amour pour vous s’affaiblit, comme sous l’effet maléfique d’un charme. Si je chasse cette idée funeste, aussitôt il se redresse et pète le feu. »

La rose des sables
d’Henry de Montherlant
[Littérature française XXe]
Résumé du livre
Au Maroc, sous le protectorat français, un jeune officier tombe amoureux d’une belle et mystérieuse Arabe. Mais les tensions indépendantistes commencent à se faire sentir, plongeant notre officier dans une situation des plus critiques…

 

 

Le cardinal d’Espagne
d’Henry de Montherlant
Roman
Résumé du livre
« Il n’y a pas dans l’œuvre de Montherlant de pages aussi bouleversantes que ces pages où Jeanne la Folle expose à voix mesurée, et juste et nette, les évidences de l’amour et du malheur. Pas une ombre de complaisance, les mots les plus nus, le tragique le plus dépouillé. Ce qu’elle dit est parfois sublime. On songe aux cris de la Religieuse portugaise, aux chantonnements d’Ophélie, aux murmures du roi Lear sur la lande. »


La petite infante de Castille
d’Henry de Montherlant
Roman
Résumé du livre
Si d’aventure, comme le chevalier du vieux romance espa-gnol, on rencontre une infante perchée en haut d’un chêne et qu’elle vous demande de l’emmener, quel parti choisir ? S’en aller d’abord, tenir conseil, tel le chevalier, au risque de ne plus trouver personne en revenant au chêne… ou prendre en croupe l’infante, et advienne que pourra! L’allégorie de La petite infante de Castille s’impose à Henry de Montherlant lorsque, à Barcelone, la vue d’une toute jeune danseuse de music-hall allume en lui le feu d’un subit mouvement de passion. Rien de plus aisé que d’approcher l’enfant. Cette facilité même serait assez rebutante, mais renoncer n’est-il pas un autre piège ? Fuyant dans l’lle de la Félicité, l’écrivain poursuit l’analyse des désirs contradictoires qui font de lui un « voyageur traqué ». C’est sur une suite de portraits de danseuses espagnoles que s’achèvent des réflexions dont la pertinence, jointe à la per-fection désinvolte de l’écriture, donne une qualité de rigueur tonique à ce 2e volet du triptyque : Les voyageurs traqués.

La relève du matin
d’Henry de Montherlant
Roman
Résumé du livre
Les morts vont vite, rappelle un dicton populaire. Des jeunes hommes tombés pendant la guerre de 1914-19i8, combien ont laissé un souvenir? L’oubli n’est-il pas leur lot puisque, n’ayant fait de mal à personne, ils n’ont pris place dans aucune vie »? A cette remarque d’ironie amère, sur laquelle s’ouvre l’essai écrit en mémoire d’un "tort de dix-neuf ans, fait écho la conclusion du Concert dans un parc : " Les hommes, dans leur course, se passent l’un à l’autre l’indifférence. Ce n’est pas un flambeau. Mais c’est un pain, et qui permet de vivre. » On aurait pourtant tort de croire que dans ces pages rédigées de 1916 à 1920 Henry de Montherlant ait pour propos unique la révolte ou la résignation devant un destin qui fauche la jeunesse d’un pays à la fleur de l’âge. C’est cette jeunesse elle-même qu’il veut célébrer.
Dans l’adolescent, mieux encore dans l’enfant, il voit celui qui est l’espérance de la nation – l’être pur à qui tout est encore possible, le seul digne d’assumer la relève. L’influence de l’éducation, en particulier celle de son collège, fait l’objet de quelques-uns des meilleurs c morceaux » d’une prose qui porte déjà la’ griffe du grand écrivain.
François Mauriac, à qui l’auteur avait communiqué son manuscrit en 1917, lui écrivait : « A moi, qui ne suis plus très capable de m’émouvoir avec de la littérature, vous avez donné une émotion, – la même que j’eus, à votre âge, en lisant Les Illuminations de Rimbaud. »

Les lépreuses
d’Henry de Montherlant
Roman
Résumé du livre
« – …
Il y a trois cents lépreux dans Paris, dont vingt seulement sont hospitalisés, et dans la salle commune, encore. Les autres se promènent la canne à la main. Peut-être le garçon qui nous a servis…
Il y a des femmes qui ont vécu trente ans avec un mari lépreux et n’ont pas été contaminées. Tout ce que je vous dis, ce ne sont pas des boniments qu’on m’a racontés pour me rassurer. On me l’a dit, mais je l’ai lu aussi dans un livre de médecine. Vous n’avez qu’à en acheter un.
– Mais comment avez-vous attrapé cela ? Si vous l’avez attrapé, car je ne peux pas y croire.
– Avec une femme. »

Les olympiques
d’Henry de Montherlant
Roman
Résumé du livre
Sous le titre Les Olympiques sont réunis deux textes publiés – en 1924 : Le paradis à l’ombre des épées et Lés onze devant la porte dorée. Le paradis, c’est le stade, véritable pierre de touche des êtres : dans l’effort s’impose la seule hiérarchie de la valeur personnelle – les distinctions de classe ou de fortune ne comptent pas sur la cendrée. Le sport ne va pas sans cruauté, comme le démontre l’âpre épisode de Mademoiselle de Plémeur, championne du « trois cents », mais sa dureté même fait sa noblesse.
Le plus bel exemple de la valeur des jeux du stade, c’est le héros du Paradis et des Onze qui le donne: Jacques Peyrony, le jeune garçon passionné de « l’assoce ».
De sa plume nerveuse, « en forme » comme l’athlète, Henry de Montherlant passe des scènes dé genre à des poèmes en prose.
Les Olympiques sont un hommage à l’humanisme du sport en même temps qu’une des oeuvres les plus caractéristiques de MONTHERLANT. Paul Souday écrivit, à leur publication, qu’ « elles ouvraient grandes les fenêtres de la chambre où venait de mourir PROUST ».

Henry de MONTHERLANT

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1819   20 septembre   

Théodore Chassériau, peintre français

Théodore Chassériau (20 septembre 1819 – 8 octobre 1856) est un peintre français né à (Saint Barbe de Samana) Saint-Domingue mort à Paris.

Né Etrusque (et non Romain), Grec d’Asie Mineure (et non d’Athènes), ce français des Antilles parle plusieurs langues. Chassériau est riche de plusieurs cultures qui s’entremêlent.

Il étudie à l’atelier de Jean-Auguste-Dominique Ingres, mais sera plus tard fortement influencé par Paul Delaroche et par Delacroix.

Très tôt, vers le milieu des années 1830, Théophile Gautier s’intéresse à l’art de Chassériau. Il lui prête alors des "vies imaginaires" ou parle de "grâce étrange" pour tenter de rendre compte de l’univers particulier du peintre. En effet, Chassériau ne cesse de se jouer d’atmosphères trouble, étrange, équivoque et mystérieuse.

Théodore Chassériau était à son époque renommé pour ses portraits et ses scènes historiques, dont son Tepidarium à Pompéi (1853) exposé au Musée d’Orsay.

Frère : Frédéric-Victor-Charles Chassériau, administrateur à Saint-Domingue.

Cousin germain : Baron Charles Frédéric Chassériau, architecte en chef de la ville d’Alger

Principales œuvres

1835 : Aline Chassériau (Louvre)

1836 : Ernest Chassériau (Louvre)
1836 : Caïn maudit
1836 : Retour de l’enfant prodigue
1837 : Ruth et Booz
1838 : Vénus marine dite Vénus Anadyomène (Louvre)
1839 : Suzanne au bain (Louvre)
1839 : Isaure Chassériau
1840 : Andromède et les Néréides (Louvre)
1840 : Henri Lacordaire (cloître de Sainte-Sabine à Rome) (Louvre)
1840 : Jeune prêtre, (Detroit Institute of Arts)
1840 : Le Christ au jardin des oliviers (Décoration de l’église de Saint-Jean d’Angély)
1840 : Diane surprise par Actéon,

1841 : Esther se parant pour être présentée à Assuérus dit La toilette d’Esther (Louvre)

1841 : Portrait de La Comtesse de Marie d’Agoult (dessin & Peinture)
1841 : Charlotte de Pange (1616-1850) (Metropolitan Museum of Art New-York)
1842 : Trois scènes de la vie de Sainte Marie l’Egyptienne (Louvre)
1842 : La baigneuse (vue de dos) (Pinacothèque de Munich)
1842 : Admiral Baron Victor Duperré (dessin), (Detroit Institute of Arts)
1842 : Les Captives troyennes

1843 : Les deux sœurs (Aline & Adèle sœurs de Théodore) (Louvre)

1843 : Marie l’Egyptienne, fresque décorative de l’église Saint-Merri à Paris
1844 : Apollon et Daphné (Louvre)
1844 : Christ au Jardin
1844-1848 : La Paix, décor de l’escalier de la Cour des comptes
1845 : Ali-Ben-Hamed, calife de Constantine (Versailles)

1845 : Cléopâtre se donnant la Mort

1846 : Baronne Charles Frédéric Chassériau (dessin), (Art Institute of Chicago)
1848 : L’Actrice Alice Ozy (dessin), (Detroit Institute of Arts)

1848 : Mademoiselle Cabarrus (Quimper)

 

 

1849 : Le Coucher de Desdémone (Louvre)
1849 : Héro et Léandre, dit Le Poète et la Sirène (Louvre)

1850 : Baigneuse endormie près d’une source

1850 : Femme Maures
1850 : Cavaliers arabes
1850 : La Tentation de Saint Antoine

1850 : Young Moorish Woman Nursing her Child

1850 : Le baptême de l’eunuque
1851 : Femme et fillette de Constantine avec une gazelle
1852 : Chefs de tribus arabes se défiant en combat singulier, sous les remparts d’une ville (Musée d’Orsay)
1852 : Cavaliers arabes emportant leurs morts, après une défaite contre des Spahis (Louvre)
1852 : Le Christ chez Marthe et Marie
1853 : Décoration de l’église de Saint-Roch à Paris
1853 : Tepidarium de Pompei (Louvre)
1853 : La Défense des Gaules

1854 : Macbeth apercevant le spectre de Banco

1855 : Macbeth suivi de Banco rencontre les Trois Sorcières sur la Lande

1855 : Décoration de l’église de Saint-Philippe-du-Roule à Paris
1855 : Juives de Constantine
1856 : Intérieur de Harem
1856 : Othello et Desdémone (une des scènes d’Othello)
1856 : Desdémone (une des scènes d’Othello)
La Petra Camera,musée des Beaux-Arts de Budapest.
Prosper Marilhat (1811-1847)
La Princesse de Belgioioso (dessin & Peinture)
La Princesse Cantacuzène (dessin & Peinture)
Roméo et Juliette (Louvre)
Halte de Spahis auprès d’une Source (Louvre)
Le Bon Samaritain (Louvre)
La Descente de croix
Saint François Xavier baptisant les Indiens et les Japonais
Sapho se précipitant du Rocher de Leucate
La Femme de Mola di Gaète embrassant son enfant (Louvre)

Exposition

Théodore chassériau : Exposition, Grand Palais, printemps 2002
de Christine Peltre (Auteur)

Avis

Longtemps Théodore Chassériau (1819-1856) fut l’un des grands oubliés de l’histoire de la peinture. Célébré de son vivant pour son audace picturale, pour la vivacité de son trait et sa capacité à renouveler les thèmes iconographiques, Chassériau, dès la fin du XIXe siècle, fut pourtant relégué, à tort, dans la catégorie infamante des peintres pompiers.

L’auteur de cette monographie, Christine Peltre, est ainsi confronté à une rude tâche : restituer l’importance de l’œuvre d’un artiste que ces contemporains comparaient à Delacroix. Le texte cohérent et précis retrace donc avec justesse la vie de Chassériau. Mais c’est surtout l’iconographie qui rend cet ouvrage intéressant. Riche de dessins, d’esquisses et même de vues des grandes fresques qu’il réalise pour les institutions, cet album montre la spécificité de ce peintre dans le milieu français de l’époque. Dès lors, on saisit mieux sa fascination pour les motifs exotiques ou même historiques. Ce Théodore Chassériau doit donc être considéré comme une bonne monographie sur ce peintre à découvrir.

Damien Sausset

Présentation

Abordant avec une précocité étonnante les genres du portrait ou de la peinture d’histoire, la gravure, les grands décors pour des édifices civils et religieux, Théodore Chassériau (1819-1856) a laissé une oeuvre dense où triomphent un style, une inspiration immédiatement identifiables, par la nervosité du trait ou les audaces de la couleur. Chassériau, pourtant, reste aujourd’hui un artiste méconnu. Son oeuvre se réduit le plus souvent, dans les histoires de fart, aux mêmes reproductions, celles de La Toilette d’Esther ou du Tepidarium. Quant à l’image du peintre, elle est encore dessinée par le jugement du XIXe siècle : élève prodige dans l’atelier d’Ingres – qui pressentait en lui le « Napoléon de la peinture » , Chassériau aurait rejoint Delacroix que, selon Baudelaire et d’autres après lui, il « cherche à détrousser » dès 1845.

L’ouvrage de Christine Peltre tente de redéployer dans une abondante iconographie la richesse de Chassériau et, à la lumière des recherches récentes, s’attache à renouveler son approche – la dernière étude complète consacrée à l’artiste date de 1974.

Personnalité du « Paris moderne », celui de Tocqueville ou de la comtesse d’Agoult, le peintre souhaite « rajeunir » l’histoire du monde, et l’on peut dans certaines scènes retrouver les accents des conférences de Lacordaire, dont il a fait le portrait en 1840. Amant de l’actrice Alice Ozy, ami de la tragédienne Rachel, Chassériau s’exprime dans sa peinture en homme de théâtre et il donne de Shakespeare une vision personnelle et inspirée. Dans l’exotisme enfin, avant comme après le voyage d’Algérie en 1846, il trouve des possibilités d’expression nouvelle en mêlant Orient et Occident : de certains panneaux du décor de la Cour des comptes ou des scènes de baptême de l’église Saint-Roch, on peut dire, avec Théophile Gautier, qu’ils sont d’« un Indien qui a fait ses études en Grèce ».

Les dessins, riches de nombreuses annotations, retracent le cheminement des oeuvres et la complexité d’une inspiration avide de liberté qui, loin d’être bridée par l’encombrant parrainage de deux maîtres, a sans cesse recherché des voies : nouvelles, comme en témoigne symboliquement, peu avant la mort de l’artiste, la jeunesse ardente de La Défense des Gaules (1855).

Art et poésie

" L’IDEAL MODERNE " SELON THEODORE CHASSERIAU & CHARLES BAUDELAIRE

 Extrait "De la beauté moderne "

Ecoutons Baudelaire : « Pour moi le romantisme est l’expression la plus récente, la plus actuelle du beau… », et de préciser : « Le beau est fait d’un élément éternel, invariable et d’un élément relatif, circonstanciel, qui sera, si l’on veut, tour à tour ou tout ensemble, l’époque, la mode, la passion… cette dualité est une conséquence fatale de la dualité de l’homme. Considérez si cela vous plait, la partie éternellement subsistante comme l’âme de l’art et l’élément variable comme son corps… ».

Avec cette notion de dualité, transparaît ici un principe ô combien cher à Baudelaire, et qui a vraisemblablement marqué les esprits de toutes les générations estudiantines depuis lors : le charme bizarre ou le beau bizarre !

Reprenons à présent la description du portrait de l’Enfant et de la poupée peint par Théodore Chassériau, à l’endroit même où nous l’avions laissée ; pour ce faire, nous allons, une fois de plus, emprunter à Baudelaire ses propres vers, extraits de La Beauté ( Les Fleurs du mal) :

« Je suis belle, ô mortel ! Comme un rêve de pierre… »

« J’unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes… »

« J’ai… de purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles ».

Difficile de na pas percevoir que l’âme – élément éternel et invariable – de ce portait, nous est révélée au travers de cette triade : « rêve de pierre », « blancheur des cygnes » et « purs miroirs » ; cette symbolique résurgente de la Renaissance voit son incarnation dans la féminité, – thème que nous allons, à présent, aborder ; mais auparavant, intéressons nous à l’autre partie constitutive de la beauté : le corps qui – indissociable de l’âme que nous venons d’évoquer – confère à ce portrait cette dualité et ce charme étrange ; tandis que le corps, élément variable, est ici tout à la fois l’époque et la mode (il n’y a à ce propos qu’à admirer les coiffures de l’enfant et de la poupée à la mode des années 1830, ainsi que la robe en plumetis de satin blanc – décolletée et cintrée à merveille – de cet enfant) ; le corps c’est aussi la morale (les parures exposées au grand jour sont autant de jalons dans l’éducation des jeunes-filles) et la passion : force est de constater qu’il se dégage de ce portrait une impression générale très proche d’un sentiment amoureux, exprimé par toute la fougue et la passion d’un jeune peintre de 17 ans !

De la féminité

-Baudelaire – s’agissant de la féminité – nous dit ceci : « La femme est sans doute une lumière, un regard, une invitation au bonheur, mais elle est surtout une harmonie générale, non seulement dans son allure et le mouvement de ses membres, mais aussi dans les mousselines, les gazes, les vastes et chatoyantes nuées d’étoffes dont elle s’enveloppe, et qui sont comme les attributs et le piédestal de sa divinité ; dans le métal et le minéral qui serpentent autour de ses bras et de son cou, qui ajoutent leurs étincelles au feu de ses regards, ou qui jasent doucement à ses oreilles…», et Baudelaire de surenchérir : « …quel est l’homme qui (…) n’a pas joui de la manière la plus désintéressée, d’une toilette savamment composée, et n’en a pas emporté une image inséparable de la beauté de celle à qui elle appartenait faisant ainsi des deux, de la femme et de la robe, une totalité indivisible… ».

Revenons sur le portrait de la petite Laure Stéphanie, à la lumière de ces vers de Baudelaire – qui une foi encore, ont traversés les Temps :

« …les parfums, les couleurs et les sons se répondent… »

Les parfums lourds… de vanille, de rhum et de cannes à sucre de St Domingue ; les couleurs chaude et froide : rouge et blanche (dont la base est bleutée, au regard de la Réflectographie infrarouge) des robes respectives de la poupée et de l’enfant ; le son des boucles – d’or et d’ambre – qui jasent doucement aux oreilles de l’enfant.

« Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière… »

Charles Baudelaire (Extrait des « Bijoux » – Les Fleurs du mal)

"De la couleur "outil de modernité dans la peinture romantique

Avec quelle maestria Chassériau s’exécute au travers de cette toile : nous avions observé des tons chaud et froid des robes rouge de la poupée et blanche – à base bleutée – de l’enfant ; Chassériau nous offre en fait, ici même, une double opposition croisée des tons chaud et froid : la robe rouge est portée par la poupée qui vient des pays de l’Est (le chaud qui vient du froid) tandis que la robe blanche est portée par cette enfant qui vient, comme lui, de St Domingue (le froid qui vient du chaud) ; ainsi, le chaud et le froid n’existent-ils que relativement !

Mais laissons Baudelaire conclure :

« Un bon tableau, fidèle et égal au rêve qui l’a enfanté, doit être produit comme un monde. De même que la création telle que nous la voyons est le résultat de plusieurs créations dont les précédentes sont toujours complétées par la suivante, ainsi un tableau, conduit harmoniquement consiste en une série de tableaux superposés, chaque nouvelle couche donnant au rêve plus de réalité et le faisant monter d’un degré vers la perfection »

Théodore Chassériau (1819-1856)

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1937   19 septembre   

Jean-Pierre Andrevon, écrivain de science-fiction français

Jean-Pierre Andrevon (né à Bourgoin-Jallieu le 19 septembre 1937,comme son illustre confrère Frédéric Dard), Vierge, ascendant Scorpion, est un écrivain de science-fiction français engagé.

Biograpgie

Enfance à la campagne, sous le signe de la guerre et de l’occupation. Etudes secondaires avortées au lycée Champollion à Grenoble. Puis travail : employé aux Ponts et Chaussés de 16 à 20 ans. Une période de latence, où Andrevon fait ses premières armes: quelques nouvelles de science-fiction inspirées par ses premières lectures – LA GUERRE DES MONDES de Wells, les volumes des deux premières collections consacrées au genre apparues en France dans les années 50 : Anticipation au Fleuve Noir, et Le Rayon Fantastique.

Du dessin, et aussi des chansons, composées à la guitare dans la lignée de Brassens, Leclerc, Golmann.

Entre aux Arts Décoratifs de Grenoble en 1957. En sort nanti d’un Certificat d’Aptitude à l’Enseignement ( CAFAS ). Enseigne un an ( au lycée Champollion ! ), puis c’est le service militaire en Algérie, où la guerre se termine ( 1963 – 64 ). Retour au pays, enseigne à nouveau jusqu’en 1969, date à laquelle une "compression des postes artistiques" l’oblige à devenir écrivain à temps plein.

Depuis la sortie des Arts Décos, et parallélement à l’enseignement, Andrevon a poursuivi et développé de nombreuses activités… Journaliste ( vite spécialisée dans la critique cinématographique) dans une quotidien régional; peinture; auteur-compositeur-interprète ( finaliste en 1968 de la " Fine Fleur de la chanson ); cinéaste, avec la réalisation de deux courts-métrages, en 1971 et 1977.

Mais c’est naturellement l’écriture qui mobilise l’essentiel de ses efforts créatifs. Après des parutions dans divers fanzines, sa première nouvelle professionnelle est publiée dans le magazine FICTION en mai 1968 – signe du destin pour un écrivain qui s’est toujours voulu engagé ! Le premier roman, LES HOMMES-MACHINES CONTRE GANDAHAR, chez Denoël, suit à un an d’écart. En 1988, soit près de vingt ans plus tard, ce roman est adapté à l’écran, sous la forme d’un dessin animé de long métrage, réalisé par René Laloux sur des dessins de Caza. Dés lors, Andrevon publie chaque année trois ou quatre ouvrages en moyenne ( romans, recueils de nouvelles, travaux en commun), au départ essentiellement chez Denoël et au Fleuve Noir ( où il a débuté en signant d’un pseudonyme : Alphonse Brutsche), puis chez de trés nombreux autres éditeurs : J’ai Lu, Livre de Poche, Flammarion, Magnard, Nathan, Canaille, Baleine, etc. Il faut dire que l’auteur a élargi sa production, passant de la s-f au fantastique, à l’horreur, au livre pour la jeunesse, au policier…

Son activité dans la presse se poursuit et culmine dans les années 70 : articles et dessins dans CHARLIE HEBDO, CHARLIE MENSUEL, COMBAT NON-VIOLENT, critiques dans des revues b-d ( CIRCUS, A SUIVRE), ou de cinéma, comme L’ECRAN FANTASTIQUE – une collaboration qui se poursuit aujourd’hui encore. Surtout, Andrevon participe depuis son premier numéro ( 1971) à la rédaction de LA GUEULE OUVERTE, première revue française consacrée à l’écologie militante. Et, naturellement, il est toujours présent dans FICTION, jusqu’à la mort de la revue en 1989.

Quelques repères importants : Prix de la science-fiction pour la jeunesse en 1982 avec LA FEE ET LE GEOMETRE ( Casterman). Grand Prix de la Science-fiction française en 1990 pour SUKRAN ( Denoël). En 1983, un " Livre d’Or" réunissant ses meilleurs textes et réalisé par Patrice Duvic, est publié chez Presses Pocket. Dans la deuxième moitié des années 80, il participe à la création de deux collections de science-fiction, comme co-directeur à la Découverte, comme lecteur et illustrateur aux éditions de l’Aurore. Entre 1983 et 1989, Andrevon participe à la direction et aux activités du Centre de Création Littéraire de Grenoble, maison d’édition associative, où il publie nouvelles, poèmes, posters, cartes postales. Cette période marque son retour à la peinture, abandonnée depuis 1975. Deux prestations picturales : la réalisation d’une peinture murale, " le mur des galaxies", à la Maison d’Ailleurs, musée international de la science-fiction, à Yverdon ( Suisse) en 1990, et une exposition personnelle à la mairie de Grenoble en 1993. Plusieurs travaux graphiques ( "ATTENTION SCIENCE-FICTION" ou " LES CHATS") sont publiés à partir de 1990 par une jeune éditeur de Perpignan avec lequel l’auteur se lie : …car rien n’a d’importance, devenu depuis H&O éditions, qui publié également son traité LA NECESSITE ECOLOGIQUE, réédité en 1994 avec le concours du Ministère de l’Environnement. Cette même année, son roman LE TRAVAIL DU FURET ( Livre de Poche) est adapté à la télévision, où il est programmé en Janvier 94, puis pendant l’été 96. Andrevon a écrit ses souvenirs de jeunesse sous le titre de JE ME SOUVIENS DE GRENOBLE, en 1993 ( ed. de Belledonne ).

En 1997, son premier roman, Gandahar, est réédité, en même temps que paraît sa suite, écrite 28 ans après: Gandahar et l’oiseau- monde… Ce qui pousse l’auteur à écrire deux autres Gandahar, à parrus en octobre 99. Un mois plus tôt son premier roman réaliste, Gueule-de-Rat, est publié à la Table Ronde. En outre, le cinéma s’intéresse à nouveau à lui, pour un autre film d’animation de long-métrage, cette fois d’après La fée et le géomètre, ainsi que pour une version cinéma de Le travail du furet

La bibliographie de Jean-Pierre Andrevon

Les Gros Seins de la petite juive
de Jean-Pierre Andrevon
[Littérature française XXIè]
Résumé du livre
« Que me restait-il des gros seins de la petite juive ? Il me restait, intact, le fantôme qui m’avait accompagné toutes ces années et pouvait maintenant, après sa métamorphose ultime, se fondre à mon esprit apaisé, au milieu de la lumière d’août, dans le tardif et trompeur éblouissement du monde. » Ces dernières phrases referment un court roman de vrais-faux souvenirs où le narrateur/auteur fantasme sur ses premiers émois, censément survenus pendant la guerre et l’occupation de Grenoble par l’armée allemande, et causés par la vision fugitive des seins de la fille de la concierge, petite juive un terrible matin disparue. Pour toujours ? La collection qui abrite le récit se veut réunir des mémoires vraies ou fausses concernant l’éveil de la sensualité, les amours d’enfance, les baisers volés, comme chante Charles Trenet.


Le Furet et la colombe
Les Chroniques de Centrum – Tome 2

de Jean-Pierre Andrevon et Afif Khaled
[Bande dessinée]
Résumé du livre
Gigantesque mégapole, Centrum souffre de surpopulation. Chaque année, 400.000 citoyens sont donc tirés au sort pour être exécutés par un corps de police spéciale appelé les Furets. Parmi eux, un anonyme est en proie au doute. Il réalise qu’il y a beaucoup moins de riches que de pauvres sur la liste. Le tirage au sort serait-il truqué ? Il décide de mener son enquête, sans se douter qu’un mystérieux homme en noir supprime tous les indices qui lui seraient utiles. Mais ce n’est pas le pire. Un matin, il découvre sur la liste de ses ‘gibiers’ du jour, le nom de Jos. Sa belle voisine, son amie, la tendre travailleuse du sexe qu’il ne touche que des yeux… Que faire ? Surtout lorsqu’on a toujours une longueur de retard sur l’oeil omniprésent de Big Brother…

Le Travail du furet
Les Chroniques de Centrum – Tome 1

de Jean-Pierre Andrevon et Afif Khaled
[Bande dessinée]
Résumé du livre
Gigantesque mégapole, Centrum souffre de trois maux : la montée des eaux suite aux changements climatiques, la pénurie de tout et la surpopulation. C’est pourquoi, chaque année, 400.000 citoyens, tirés au sort par l’ordinateur Atropos, sont désormais éliminés au cours de ce qu’on appelle le Contrôle Égalitaire. Une délicate mission confiée à un corps de police spécial, les Furets ; parmi eux, un anonyme, moine-soldat, toujours vêtu d’un Borsalino ruisselant, d’un imper à la Bogart et bardé d’armes les plus diverses. Il a pour seul compagnon, un poisson rouge nommé Moby. Jusqu’au jour, où rompant avec tous ses principes, il sauve d’une bande de traqueurs de chair, une jeune travailleuse du sexe officiant dans les coursives de sa résidence. Ce n’est que le premier des grains de sable qui vont peu à peu faire dérailler la mécanique bien huilée de son boulot…

LA FORTERESSE SACRIFIÉE,
de Jean-Pierre Andrevon
Résumé du livre
Dans la nuit du 8 au 9 septembre 1943, suite à l’armistice signée par l’Italie avec les alliés, les troupes allemandes, cantonnées pas loin de Grenoble, investissent la ville. Allaient commencer onze mois d’occupation très dure tandis qu’au-dessus de la capitale des Alpes, sur le plateau du Vercors, défendu par des pentes abruptes et qu’on avait pu considérer comme un « porte-avions en terre ferme », la résistance s’organisait. Et puis, après plusieurs assauts infructueux, 20 000 soldats allemands appuyés par des parachutistes et des planeurs, donnent l’assaut final le 19 juillet 44. En trois jours, les 4000 hommes du maquis sont balayés. Mal organisés, abandonnés par Londres comme par De Gaulle, trahis ? La tragédie héroïque du Vercors demeure néanmoins une des pages les plus fortes de la Résistance. Elle est ici reconstituée, à travers l’engagement d’un jeune grenoblois de seize ans, en respectant scrupuleusement les faits historiques, et avec l’aide des souvenirs de l’auteur, six ans à l’époque. Ce roman, avec Les Gros seins de la petite juive et Je me souviens de Grenoble, forme un triptyque grenoblois dont certains événements se recoupent, et consacré à la petite enfance du signataire.

HYDRA
de Jean-Pierre Andrevon
Résumé du livre
Hydra : un monde aquatique sans la moindre terre émergée. Un océan grouillant de vie. Des espèces innombrables et une évolution accélérée à cause d’une radioactivité de surface vingt fois supérieure à celle de la Terre. C’est sur ce monde qu’une équipe de sept scientifiques, isolés sur une base flottante, sont chargés de découvrir une arme biologique susceptible d’influer le cours de la guerre qui oppose depuis plus de trente ans les Terriens aux Autres. Mais ces Autres sont-ils réellement les agresseurs ? Un space-opera dans la grande tradition, publié à l’origine en deux volume en 85 et 86 dans la collection « Anticipation » du Fleuve Noir : Soupçons sur Hydra et Le Premier Hybride, et ici réédités dans une version revue et partiellement réécrite.

Cauchemar… cauchemars !
de Jean-Pierre Andrevon
Science-Fiction
Résumé du livre
Le train l’emporte loin de Paris. Jean-Marie Perrier regarde sans le voir le paysage qui défile. Le jeune homme rêve, s’inquiète, s’interroge. D’où vient-il? Et où va t il? Sur son billet, il lit: Paris – Saint Expilly. Malgré ses instants d’amnésie et le sentiment d’irréalité qui l’enveloppe, il se souvient de Saint-Expilly: sa ville natale.
Et il reconnaît la petite cité, sa maison, mais lorsque sa mère apparaît sur le seuil, elle ne le reconnaît pas et ajoute avant de refermer: "Mon fils est mort depuis deux ans, monsieur." Dans les rues, Jean-Marie erre, déboussole, hagard… quand un miroir lui renvoie l’image d’un inconnu, durement marqué par l’âge.
Qui est-il? D’où venait-il? Où ira-t-il?

Hôpital Nord
de Jean-Pierre Andrevon
Science-Fiction
Résumé du livre
Cette fois, ça y est! Vous ne pouvez plus y échapper: il vous faut y aller. A L’HÔPITAL. L’hôpital! Cet endroit lourd de terreurs secrètes et glacées, où l’on sait quand on entre, mais jamais quand on sort. Si on en sort. Que de bruits ne colporte-t-on pas, sur l’hôpital… Au sujet de Gabriel Chadenas, que l’on aurait opéré, et opéré encore, jusqu’à ce qu’il ne reste de lui que… Et de Mme Duprèze, la femme du patron de la morgue, qu’on n’aurait jamais revue. Et de la petite Frédérique, qui y aurait traversé un cauchemar de nuit et de brouillard. Et du mystérieux Debronkaert, malade introuvable qui serait bloqué dans un bloc opératoire entièrement automatisé… Sait-on vraiment ce qui se passe, à l’intérieur de l’énorme bloc cubique de L’HÔPITAL NORD?

L’immeuble d’en face
de Jean-Pierre Andrevon
Science-Fiction
Résumé du livre
Vous êtes tous un jour ou l’autre passés devant l’immeuble d’en face. Peut-être même est-il en face de chez vous, précisément.
C’est un immeuble de cinq étages, banal en apparence, sans histoires. Sans histoires ?…
Mais quelles sont ces inquiétantes lueurs qui filtrent à travers les volets du célibataire du rez-de-chaussée ?
Où est passé son voisin, le gendarme retraité ?
Que va découvrir Georges, l’infirme du second, en voulant monter à l’étage du dessus ? quelle guerre impossible se livre la famille Goulot ?
Pourquoi la petite Amélie, du quatrième, attirée par l’évier de sa cuisine ? Et que fabrique donc l’Australien, le dingue du cinquième, avec ses planches et ses clous ? Oui, il s’enpasse de belles dans l’immeuble d’en face ! Mais au fait… Si c’était chez vous ?

La nuit des bêtes
de Jean-Pierre Andrevon
Science-Fiction
Résumé du livre
Attirée par une étrange lumière bleue au fond d’une armoire, la chatte de Patrick disparaît… Clo libère les bêtes du zoo une nuit d’alerte nucléaire, et pour quelques heures, la ville change de visage… Sébastien, fou de chevaux, s’exerce sur un manche de balai jusqu’au jour où celui-ci se transforme en vrai cheval ! Christophe se réveille un matin dans un paradis peuplé d’animaux extraordinaires… Entre science-fiction et fantastique, quatre histoires où l’animal et l’enfant se rejoignent pour construire un rêve merveilleux.

Le premier hybride
de Jean-Pierre Andrevon
Science-Fiction
Résumé du livre
Je suis seul au milieu d’un océan sans limites, et je crie. Autour de moi, la pluie, la nuit, les monstres qui sortent de l’eau pour me bouffer, les cauchemars visqueux qui me visitent quand je sombre dans le sommeil, la soif, la faim, la solitude… et la folie qui me guette.
Viendra-t-on un jour me chercher, sur cette planète liquide qui s’appelle Hydra?
Peut-être.
Mais si c’était pire encore?

Visiteurs d’apocalypse
de Jean-Pierre Andrevon
Nouvelles
Résumé du livre
Ils sont tous dans la mine : les deux journalistes, le directeur et sa mignonne épouse, l’ingénieur nucléaire et le vieux notaire homo, le chef de chantier et sa copine aux gros seins. Un bel échantillon d’humanité… Ils sont sous la terre, coincés, quand les lumières s’éteignent et que la radio crache avant de mourir : "C’est la guerre atomique !" La guerre atomique, vraiment? Ou autre chose, de plus terrible encore ?

Le Monde enfin
de Jean-Pierre Andrevon
Résumé du livre
Un vieil homme parcourt à cheval la France, vidée de ses habitants comme la totalité de la planète, à la suite d’une pandémie foudroyante quarante-cinq ans plus tôt. Sur son chemin, il traverse des villes envahies par la végétation et peuplées par des animaux sauvages, ainsi que quelques communautés de survivants octogénaires. Au crépuscule de sa vie, égrenant ses souvenirs, il veut une dernière fois voir la mer. Dans ce monde désert, quelques destins se croisent : une femme cherche désespérément à mettre un enfant au monde, l’équipage de la première expédition avortée vers une autre étoile atterrit en catastrophe. Mais l’existence de ces survivants n’est peut-être pas due au hasard : quel est ce météore bleu vif que les rescapés aperçoivent parfois dans le ciel ? Un espoir venu d’ailleurs ou le dernier signe de l’apocalypse ?

Le passager de la maison du temps
de Jean-Pierre Andrevon
Résumé du livre
Hiver 1439. Ayant trouvé refuge dans une demeure solitaire cachée au fond d’un vallon, Luc de Melun croit découvrir le repaire du Diable. Le vieillard qui l’habite meurt bientôt, lui léguant cet étrange lieu doté de moyens technologiques incroyables, et capable de voyager dans le futur. À la fois prisonnier et maître de la maison du temps, Luc observe le monde ; il devient le témoin de l’histoire de l’humanité. Mais la belle mécanique se détraque. L’explorateur temporel, au terme d’un ultime périple, va enfin découvrir son rôle et la raison d’être de cette bâtisse extraordinaire.

Le météore de Sibérie
Rivière Blanche

de Jean-Pierre Andrevon
Résumé du livre
En 1906, un corps céleste mystérieux s’abattait sur la Tugunska, en plein coeur de la Sibérie, causant mort et dévastation. Aujourd’hui, l’histoire semble se répèter…
Le journaliste photographe Marc Lucciani et ses confrères américains Oskar Selznick et Frank Matheson décident d’enquêter sur place, mais ils n’ont aucune idée de l’horreur qui les attend au sein de l’énigmatique "camp des étoiles" créé par les autorités russes pour exploiter les abominables secrets du METEORE DE SIBERIE…

Zombies, un horizon de cendre
de Jean-Pierre Andrevon
Résumé du livre
Premier jour : Au loin, il y a votre voisin. Vous lui faites un signe avant de poursuivre votre route. Jusqu’au moment où vous réalisez que le voisin en question est décédé depuis des semaines…
Troisième jour : Vous ne décollez plus de la télé, qui enchaine les emissions spéciales: partout dans le monde les morts se réveillent. Apathiques, ils errent au royaume des vivants…
Cinquième jour : Paralysé de trouille et de degoût, vous regardez votre femme serrer dans ses bras, au beau milieu de votre salon, une chose qui, un jour,fut sa mère…
Huitième jour : Votre femme vous a quitté après que vous avez réduit en cendres l’ignominie qu’elle appelait "maman". Derrière vos volets cloués, alors que le chien ne cesse de geindre, ils rodent.
Neuvième jour : La télé diffuse un reportage au cours duquel on voit une de ces choses dévorer un chat vivant…
Ils sont désormais des millions et vous ne vous posez qu’une question : mon monde n’est-il pas désormaisle leur ?

Au coin « PEINTURES », DE JEAN-PIERRE ANDREVON

Au coin « DESSINS », DE JEAN-PIERRE ANDREVON

JEAN-PIERRE ANDREVON
Alphonse Brutsche

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

Le jour par jour

1961   18 septembre   

Bernard Werber, écrivain français

Bernard Werber est un écrivain français (né le 18 septembre 1961 à Toulouse), connu notamment pour sa trilogie des Fourmis et ses nombreux romans. Son œuvre fait se rencontrer mythologie, spiritualité, philosophie, science-fiction, biologie, futurologie, logique, ainsi que des données scientifiques

 Biographie

Il naît à Toulouse (Haute-Garonne) le 18 septembre 1961. Dès l’âge de 14 ans, il écrit des histoires pour un fanzine (partie de sa vie qui lui servira pour ses romans, comme dans L’Empire des anges). Après ses études, il devient journaliste scientifique pendant une dizaine d’années, notamment pour Eurêka, le magazine de la Cité des sciences et de l’industrie. De ces années lui vient son goût pour la science, qu’il mêle avec ses thèmes favoris, des fourmis à la mort jusqu’aux origines de l’humanité.

Les œuvres de Bernard Werber ont été traduites en trente-cinq langues. Avec 15 millions d’exemplaires vendus dans le monde, Bernard Werber est un des auteurs français contemporains les plus lus au monde (avec Marc Lévy). Il est même considéré comme une star en Corée du Sud[réf. nécessaire].

Suite à son livre éponyme, il a initié l’Arbre des possibles, site Web et « projet pour rechercher ou imaginer les futurs possibles de l’humanité ». Le premier long-métrage de cinéma réalisé par Bernard Werber Nos amis les Terriens est sorti en avril 2007.

Écriture

Son style d’écriture mêle différents genres, notamment la saga d’aventure, la science-fiction de l’entre-deux-guerres et le conte philosophique.

Dans la plupart de ses romans, Bernard Werber utilise la même forme de construction, alternant des articles informatifs d’encyclopédie et deux fils narratifs. Les articles précisent ou élargissent les intrigues, ces deux dernières se recoupant épisodiquement.

De plus, ses romans et ses nouvelles s’entrecroisent. On retrouve ainsi des personnages comme Edmond Wells à la fois dans la trilogie des Fourmis et dans L’Empire des anges, mais également des thèmes récurrents, comme « l’Arbre des possibles » d’Isidore Katzenberg, ou encore le roman Nous les dieux, reprenant des éléments de la nouvelle L’École des jeunes dieux.

Dans deux romans, Werber décrit des auteurs de littérature. Ainsi est présenté un auteur qui, à la fin de sa vie, écrit un dernier livre qui donne un sens à l’œuvre entière. En ayant préalablement noté une certaine similarité des personnages, des thèmes et du style de l’œuvre de Werber, on peut en conclure qu’il essaye de donner une certaine cohérence aux idées qu’il développe.

Depuis quelques années, Bernard Werber a décidé de sortir un livre par an, à chaque 1er octobre. Après la rentrée littéraire, l’objectif est de « proposer au public autre chose que de possibles prix Goncourt ».

Certains de ses détracteurs lui reprochent de faire passer dans ses ouvrages certaines théories scientifiques pour des certitudes alors qu’elles ne sont que des hypothèses parmi tant d’autres, quand elles ont un fondement scientifique. Sur le plan scientifique, il faut donc appréhender ses œuvres avec un recul nécessaire.

Néanmoins, aucune de ses œuvres n’a la prétention de vouloir prouver ou infirmer une quelconque théorie scientifique, seulement exposer dans une œuvre de fiction des découvertes encore peu voire pas connues du grand public. L’Ultime secret illustre bien cette tendance, on peut y lire sur la quatrième de couverture la phrase suivante : « Ils vont aller de surprise en surprise jusqu’à l’extraordinaire dénouement basé sur une découverte scientifique peu connue mais réelle. »

Symboliques

Les symboliques dans ses livres sont nombreuses. Les animaux comme le dauphin, le rat ou les fourmis sont autant d’animaux intelligents ou, en tout cas, présentés comme tels.

Aussi, revient fréquemment la symbolique des chiffres qui, selon la façon qu’ils sont expliqués, reflètent « le stade de l’évolution de l’âme » dans la forme même des chiffres

Les anecdotes sur Bernard Werber

Journaliste sensitif
Bernard Werber avait réalisé le journal de son lycée sous forme de bande dessinée. Pour restituer l’ambiance de chaque vignette, il avait collé un papier imbibé de parfum et indiqué la musique à écouter, ceci afin de mobiliser tous les sens lors de la lecture !

Werber sur la toile
Non content d’être l’un des auteurs français les plus lus, Bernard Werber est passé de la page blanche à la toile. Son premier court-métrage ‘La Reine de Nacre’ est sorti en DVD le 8 octobre 2003.

Salon du Livre de Paris
Bernard Werber est l’un des auteurs présents à la 25ème édition du Salon du Livre de Paris en mars 2005, l’occasion pour lui de dédicacer ‘Nous, les dieux’.

Les messages

Message de ansobabou à Bernard Werber

Bernard Werber… maintenant que mes yeux et mon imaginaire ont appris a vibrer au sillage de votre plume, je me sens comme orpheline à chaque fin de roman et en manque de ces aventures qui illuminent ma vie… Grâce à ce sentiment, il m’a donc fallu compenser et mettre de la folie dans ma réalité… Quelle jouissance de la vie vous m’avez offerte… Sans aucun doute vous obtiendrez vos 600 points pour devenir un 6 alors au moment de prendre votre décision, pensez au bien que vous feriez aux générations suivantes en revenant sur terre comme grand initié… Les esprits comme le votre sont rares, surtout ne changez pas, ou plutôt si, changez ! mais gardez toujours cette ligne d’évolution qui nous facilite à tous le chemin de l’élévation… Si comme vous le dites au royaume des Dieux on parle et comprend toutes les langues, alors vous avez ce quelque chose de céleste qui nous touche tous malgre nos différences… Merci, mille fois merci.

Message de Nais02 à Bernard Werber

Cher monsieur Werber,
Merci pour vos écrits, il n’y a pas meilleur écrivain dans cet univers que vous. Merci pour votre "Livre du voyage." J’ai grace à lui, mais surtout à vous, réussit à avoir un petit peu de confiance en moi, comprendre qu’on finit tous par mourir un jour et qu’il ne faut rien laisser s’échapper de ce qui nous entoure, parce qu’on ne regrette que ce que l’on a pas fait. Merci monsieur Werber.
Naïs

Message de Hormiga à Bernard Werber

Bonjour,
Je suis un gamin de 12 ans un peu loufoque, très différent de la plupart de mes camarades, passionné de littérature, de rock, d’ordinateurs, montréalais, et qui est tombé amoureux de vos livres.
Je ne sais exactement quoi écrire et j’ai décidé d’occuper une heure de mon Lundi de vacances à vous écrire. Tout ce que je voulais vous dire c’est que vous êtes un auteur tout à fait extraordinaire et que j’attends, imapatient que je suis, le tome 3 du cycle des dieux. Je dévore vos livres un par un en écoutant un peu de musique. Je sais que cette lettre est tout à fait inutile et qu’elle va sûrement se retrouver dans un tas de feuille avant de se faire bouffer par une termite dans un dépotoir.
Je suis un admirateur comme les autres qui vous encourage à continuer. Suis-je le seul ou un des seuls canadiens à vous lire? Peut-être!
Simplement Bravo et Bravo encore!
Sincères salutations!
Malik, un vrai admirateur!

Message de tomygougy à Bernard Werber
Bernard Werber est un mythe de la littérature française, il est ingénieux, mystique, tout simplement fantastique comme les histoires qu il nous fait découvrir. La trilogie des fourmis, la minutie avec laquelle il nous decrit ces petits êtres, nous rapproche un peu plus d’une réalité que nous avons tendance à oublier. L empire des anges, le souffle des dieux… nous permet d’imaginer une vie après la mort plutot originale mais possible. Quel plaisir de se plonger dans l imagination de bernard werber et de partager avec lui les mêmes idées.(Virginie)

Message de Athena44 à Bernard Werber

J’ai découvert avec joie, au fil des mots, que je n’étais pas la seule à entretenir de telles convictions… C’est rassurant ! Réconfortant ! A la lecture des premières pages de "Le souffle des Dieux" que j’attendais avec impatience, ça recommence… Je suis persuadée que Bernard Werber n’invente rien et je cautionne à 500 % la teneur de ses écrits, enfin un auteur qui sait, de façon cohérente et abordable pour toutes les intélligences, présenter au grand jour la vérité que beaucoup cherchaient. Bravo ! Que ces écrits amènent une réflexion profonde sur le vrai sens de notre court passage sur terre. Bernard Weber, vous êtes merveilleux. Mille mercis pour ces moments de détente intense, de rêveries profondes et de soutien.

Message de Maxxime à Bernard Werber

Y-a-t-il un but caché sous tous ses romans qui s’enchaînent mais ne se ressemblent que dans leur originalité ? Si oui, je tiens à vous dire que le secret faute d’être l’Ultime secret (reste bien gardé). Je vous souhaite une bonne continuation.
Maxime DORIDANT

Message de blairomout à Bernard Werber

Que dire de plus après ce qu’on dit les autres? Merci encore une fois! Ce qui me fascine chez Bernard Werber, c’est qu’il arrive à rallier presque tous les styles littéraires en un seul livre. La quantité de réflexion qui sort de chacun de ses livres est tout simplement phénoménale! Chacun de ses livres nous renseigne un peu plus sur notre statut d’être humain et la place dérisoire que nous occupons dans cet univers! Dire que je n’aurais peut-être jamais découvert cet auteur fantastique si un ami ne m’avait pas conseillé de lire Le Père de nos Pères. Merci à lui! Depuis une passion s’est mise en route et ne cesse de s’accroître! Pour preuve j’ai commencé un blog sur Bernard Werber où je réunis extraits de livres, énigmes, illusions d’optiques et d’autres choses… Si vous êtes aussi werberisé ou si vous voulez le devenir venez donc sur http://blairmout.skyblog.com

Message de lolokameleon à Bernard Werber

Bernard je t’adore !
Jamais un écrivain n’a su me rendre accros aux livres et à la lecture, tu es le seul et d’ailleurs je n’ai envie de lire que tes livres à toi ! Je suis une Werberaddict !!! J’ai hâte de lire Nos amis les humains, introuvable pour le moment et aussi le royaume des Dieux prévu pour octobre 2004. Sinon aucun autre ne m’a échappé à part les bd EXIT que je vais me procurer incessamment sous peu ! Sans parler du DVD.
Je n’arrête pas de parler de toi à mon entourage, certains te connaissent déjà ! Et dire que tout ça a commencé un jour où je devais prendre le train et je me cherchais un bouquin pour le trajet et j’ai choisi l’Empire des anges et là depuis je ne peux plus me passer de toi ! Continues d’écrire, c’est vital pour moi !!!!
Bravo et Merci pour tout ce que tu m’apportes

Message de doyc à Bernard Werber

La découverte fut suivie d’une grande passion pour Bernard Werber. Je possède tout ses livres et à chaque lecture j’apprends toujours quelque chose sur moi et sur les autres. Son style d’écriture est unique et tellement intelligente. Mille fois bravo et j’attends avec avec impatience son prochain livre qui sera, j’en suis sur, à la hauteur de son immense talent.
Merci Bernard !
Caroline

Message de eleida à Bernard Werber

J’ai lu la plupart de vos livres (Empires des anges, La trilogies des fourmis, l’arbre des possibles…) mais celui qui m’a le plus séduite est La révolution des fourmis ! Vous etes un écrivain hors du commun !

Message de aloris à Bernard Werber

J’ai lu la trilogie des fourmis, les thanataunautes, l’empire des anges et le père de nos père avec autant d’enthousiasme et d’étincelles dans les yeux à chaque fois que je tournais une page. tout simplement CAPTIVANT ! merci…

Message de Chocolatte à Bernard Werber

Je trouve vraiment que la trilogie des fourmis de Bernard Werber est très très réaliste, j’ai vraiment l’impression qu’il était lui même l’oncle Edmond et qu’il a réalisé tous ces travaux sur les fourmis c’est incroyable ! Cette trilogie est vraiment envoûtante, je la recommande à tout le monde, Bernard Werber est vraiment en très très grand écrivain !

Message de franode à Bernard Werber

Ce n’est pas parce que je suis de Toulouse que je vous apprécie.
J’ai lu tous vos ouvrages. Je ne sais lequel est le plus beau, le plus captivant. Je suis une inconditionnelle.
Merci de me faire rêver, merci de me redonner l’espoir.
J’avais affiché devant mon bureau une phrase extraite d’un de vos ouvrages. Je ne l’ai plus, on me l’a fauchée.
Merci d’être vous.
Françoise

Message de Baby14 à Bernard Werber

Selon moi, Bernard Werber est le plus grand romancier français des XX et XXIe siécle. Je dévore ses livres. Ses livres qui paraissent si gros se lisent en peu de temps grâce à l’organisation intelligente des chapitres, le suspens est toujours tenu jusqu’au dernier moment.
Merci M.Werber d’exister et de nous faire rêver.

Message de Enileda33 à Bernard Werber

J’ai une immense affection et admiration pour vous. Vous êtes mon auteur préféré, et vous me bercez de nombreuses fois me donnez des conseils avec une philosophie nouvelle et juste. Merci !

Message de ladelaide à Bernard Werber

Si je m’étais retrouvée à écrire des histoires aussi fabuleuses que vous, si j’étais dans votre peau, je crois que mes textes ne sauraient être plus intenses et plus beaux que les vôtres. Il donne courage, et pour vivre il faut du courage ! Alors merci de nous faire vivre !

Les citations de Bernard Werber

«Le monde se divise en deux catégories de gens : ceux qui lisent des livres et ceux qui écoutent ceux qui ont lu des livres.»
[ Bernard Werber ] – Les Thanatonautes

«Ce n’est pas en brimant les riches que l’on rend les pauvres plus heureux.»
[ Bernard Werber ] – L’empire des anges

«On peut pardonner beaucoup à autrui, sauf de vous avoir aidé.»
[ Bernard Werber ] – L’empire des anges

«La vraie justice, c’est peut-être ça : être capable de dire merci à ceux qui vous ont fait du bien et de ne pas lécher la main de ceux qui vous ont nui.»
[ Bernard Werber ] – Les Thanatonautes

«Nous ne sommes que des grains de sable mais nous sommes ensemble. Nous sommes comme les grains de sable sur la plage, mais sans les grains de sable la plage n’existerait pas.»
[ Bernard Werber ] – Les Thanatonautes

«Si un humain n’est pas capable de percevoir la douleur d’un autre, il serait justifié de lui retirer sa qualité d’homme.»
[ Bernard Werber ] – La révolution des fourmis

«Avis aux grands de ce monde : peu importe ce que vous accomplirez, la seule façon de vous inscrire dans l’Histoire, c’est de vous trouver un bon biographe.»
[ Bernard Werber ] – L’empire des anges

«Pour bâtir un couple, il faut être quatre : un homme plus sa part de féminité, une femme plus sa part de virilité.»
[ Bernard Werber ] – L’empire des anges

«On n’écoute plus ce que les gens disent. On se contente de regarder comment ils le disent, quel regard ils ont en le disant, et si leur cravate est assortie à leur pochette.»
[ Bernard Werber ] – La révolution des fourmis

«Un peintre bon acteur est capable de convaincre qu’une toile monochrome est une oeuvre d’art.»
[ Bernard Werber ] – La révolution des fourmis

«Pour l’instant le monde humain appartient à ceux qui se demandent "pourquoi". Mais l’avenir appartient forcément à ceux qui se demandent "comment".»
[ Bernard Werber ] – Encyclopédie du savoir relatif et absolu

La bibliographie de Bernard Werber

LE MYSTERE DES DIEUX
Au-dessus des hommes,
les Anges.
Au-dessus des Anges,
les Dieux.
Au-dessus des Dieux:
?

de Bernard Werber
NOTES DE L’AUTEUR
Le Mystère des Dieux. Voilà la trilogie est enfin bouclée. Elle a commencé à exister (dans mon cerveau puis sur des notes dans des fichiers word) il y a maintenant 9 ans. Après il a fallu créer ce monde.
Il m’a fallu 5 ans pour inventer tous ces personnages et ces décors avant de publier "Nous les Dieux" en 2004.
Au milieu il y a eu une parenthèse avec le Papillon des Etoiles. Il me fallait un répit d’un an pour réfléchir à une fin surprenante qui ne soit pas que la simple prolongation du principe posé au début (ce qui était le cas dans ma première version).

Donc Michael Pinson va enfin savoir ce qu’il y à là haut au dessus de tout.

Cette fois ci je ne laisse plus aucune porte ou fenêtre ouverte. La série "spiritualité" s’achève avec ce dernier opus. Et il y a réellement la grande révélation finale.

Ouf.
Ça c’est fait.
Quand j’ai commencé ce projet il y avait tout d’abord la volonté de raconter l’histoire de l’humanité autrement. Avec un concept: "Vous n’aimez pas ce monde, essayez d’en imaginer un meilleur" et puis "Vous trouvez que dieu est imparfait? Essayez vous même de faire mieux". Et cela débouchait sur "Essayez de voir avec distance l’histoire de votre espèce pour en comprendre les vrais enjeux cachés".
Juste en imaginant, ou en tentant de se mettre à la place de Dieu on comprend différemment l’histoire. On déduit aussi que la grande Histoire qu’on nous a servi dans les manuels n’est que l’histoire des vainqueurs interprétée et arrangée par des historiens de cours et des propagandistes officiels.

Comprenant que nul pourra vraiment savoir l’exacte vérité j’ai essayé de trouver une logique derrière les enchaînements d’événements probables qui se sont déroulés.

La confrontation des 3 énergies A, D, N. me semblait une explication.
L’évolution de l’état de conscience en suivant la symbolique des chiffres: 1,2,3…etc… une autre.

Maintenant c’est vous qui en suivant les aventures de Michael Pinson trouverez votre propre vision de l’histoire et votre propre grille de lecture de l’actualité.

Si le cycle des dieux fonctionne bien il devrait surtout vous donner envie de réfléchir sur le monde dans lequel vous vivez. Il devrait vous inspirer tout comme Michael Pinson une manière personnelle d’analyser le monde et d’agir sur lui.

En fait ces trois livres devraient agir comme des miroirs ou vous allez vous apercevoir que vous n’êtes pas complètement dupe de tout ce qu’on vous sert comme soupe tous les soirs aux actualités à la télévision.

Après le Mystère de dieux, j’ai entrepris l’écriture de quelque chose de complètement différent. Bon voyage en Aeden, et si vous voyez Aphrodite, saluez là de ma part.

Le Souffle des dieux
de Bernard Werber
[Littérature française XXIè]
Résumé du livre
Dans la ville d’Olympie, sur l’île d’Aeden, quelque part dans l’Univers, se trouve la dernière étape du cheminement des âmes. Les élèves dieux, réduits de moitié, poursuivent leur initiation. Michael Pinson tente de faire survivre son peuple, alors que l’Histoire accélère. Plus les élèves jouent plus ils ont de difficultés à créer un autre scénario que celui de la première Terre. Comme si l’Histoire était une fatalité, comme s’il n’y avait qu’une manière de faire évoluer les civilisations. Mais Michael n’a pas comme préoccupation que la survie des mortels qui le vénèrent, il doit aussi gérer des problèmes dans son quotidien : il est amoureux d’Aphrodite, déesse de l’amour ; il doit essayer de ne pas se faire tuer par le Déicide, cet élève tricheur qui élimine directement ses concurrents à coups de foudre ; enfin il doit essayer de comprendre ce qu’il fait là.
Les critiques
par Jonathan Journiac

Dans son nouveau roman, Bernard Werber est au sommet de son art en utilisant tous les ingrédients qui ont fait le succès de ses précédentes oeuvres. Comme d’habitude, l’intrigue principale est entrecoupée de passages de l’Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu d’Edmond Wells toujours aussi intéressants. De même, on trouve deux intrigues secondaires à celle du héros, à savoir celle des mortels qu’il surveille et surtout celle du peuple qu’il a créé. On se délecte à retrouver sur une autre planète tant de références à notre histoire… Comme toujours, Werber se montre audacieux, et son ambition est à la hauteur de son génie.
En effet, les personnages gagnent en profondeur, en subtilité et, à quelques exceptions près, en crédibilité. Les lieux communs qui avaient été parsemés dans le tome 1 prennent ici tout leur sens. Nos dieux dévoilent plusieurs de leurs facettes et deviennent, pour le lecteur, plus… humains.
Mais il ne faut pas oublier que ce roman emprunte, comme toujours chez cet auteur, au roman policier. Et si l’on trouve peu d’indices pour découvrir l’identité du déicide, les retournements ne manquent pas pour tenir le lecteur en haleine. De plus, la création de sociétés nouvelles donne l’occasion à Bernard Werber de nous dévoiler quelques principes politiques qui expliquent leur fonctionnement. Il nous soumet des pistes de réflexion sur les sociétés humaines, proposant parfois des visions inédites de l’histoire. Le lecteur se prend facilement au jeu et a bien du mal à s’arracher à cette lecture. Car, quand arrive alors la dernière page et ses dernières révélations, seule subsiste l’envie de continuer et d’en apprendre d’avantage ; Werber a le don d’écrire des livres vivants qui nous font réfléchir sur notre place dans l’univers.


Nous, les dieux : L’Ile des sortilèges
Cycle des dieux – Tome 1

de Bernard Werber
[Littérature française XXIè]
Résumé du livre
Quelque part, loin, très loin, se trouve une île que ses habitants appellent Aeden. Là, perchée sur un haut plateau, une ville : Olympie. Dans son coeur, une étrange institution, l’école des dieux, et ses professeurs : les douze dieux de la mythologie grecque, chargés d’enseigner l’art de gérer les foules d’humains pour leur donner l’envie de survivre, de bâtir des cités, de faire la guerre, d’inventer des religions ou d’élever le niveau de leur conscience. La nouvelle promotion ? Cent quarante-quatre élèves dieux qui vont devoir s’affronter à travers leurs peuples, leurs prophètes, chacun avec son style de divinité. Mais la vie sur Aeden n’est pas le paradis. Un élève essaie de tuer ses congénères, un autre est tombé fou amoureux du plus séduisant des professeurs, Aphrodite, déesse de l’amour, et tous se demandent quelle est cette lumière là-haut sur la montagne qui semble les surveiller…
Les critiques
Donner une suite à ‘L’Empire des anges’ avait de quoi attiser les curiosités… Qu’est-ce qu’il peut y avoir après les anges ? Les dieux ? Sacrée gageure de recréer une mythologie et un panthéon de Dieux… Un pari un peu trop risqué pour s’en sortir sans encombres. Le récit et les descriptions de ce nouvel Olympe s’avèrent peu imaginatifs. Que le dieu de la Guerre soit doté d’une force impressionnante et que la déesse de l’amour habite un boudoir érotique, parait une évidence. Bernard Werber qui nous avait habitués à une lecture sur plusieurs niveaux et à un emboîtement de récits, nous livre ici une fable pour enfant sans relief. Les pages de ‘L’Encyclopédie du savoir relatif et absolu’ qui était si intéressantes dans les premiers tomes, donnent ici dans la redondance plutôt que dans la mise en lumière. Les personnages célèbres qui ont rejoint l’école des Dieux sont caricaturaux et sans profondeur. Et ses héros des ‘Thanatonautes’, qui se retrouvent réunis, ne parviennent pas à porter l’histoire, non qu’ils soient inintéressants, mais leurs dialogues sont un peu creux. Dommage, c’était un beau projet : les bonnes intentions ne font pas tout.
Floriane Pouzol 


Nos Amis les Humains
de Bernard Werber
[Littérature française XXIè]
Résumé du livre
Enfermés dans une cage, un scientifique et une dompteuse de tigres sont confrontés à la difficulté de se comprendre et de s’aimer… Ils vont, au-delà, devoir décider si, oui ou non, l’humanité mérite d’être sauvée…


 


L’Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu
de Bernard Werber
[Dictionnaire et anthologie]
Résumé du livre
Réunir tous les savoirs de son époque, telle a été l’ambition du professeur Edmond Wells. Mêlant science et spiritualité, physique quantique et recettes de cuisine, ce savant singulier et solitaire a accumulé tout au long de sa vie des informations étonnantes. Un seul point commun à tous ces textes : donner à réfléchir, ‘faire pétiller les neurones’. Le professeur Edmond Wells était un homme plein d’humour qui accordait une grande importance à la notion de paradoxe. Mais de tous les paradoxes, le plus étonnant est certainement le statut même de ce personnage puisqu’il n’est, on le sait maintenant, que le fruit de l’imagination fertile de Bernard Werber.
La critique
par M.A.
Quand vous étiez petit, démontiez-vous vos jouets pour comprendre comment ils fonctionnaient, cherchiez-vous à comprendre pourquoi le brouillard reculait toujours quand vous marchiez vers lui, regardiez-vous derrière le téléviseur pour trouver d’où venaient les images ?
Ami(e)s vicéralement curieux, ce livre est fait pour vous ! Aux antipodes de l’austérité traditionnellement propre aux encyclopédies, truffé d’anecdotes et de réflexions étonnantes, il ne semble servir qu’une seule cause : aborder de façon ludique un peu tous les sujets, sans logique ni rigueur, presque avec désinvolture, pour le plus grand plaisir de nos méninges bouillonnantes. De l’histoire, de la philosophie, des mathématiques, et même de la cuisine, les pages recèlent un mélange agréable de connaissances d’un nouveau genre… Que l’on effeuille avec plaisir. Bref, une encyclopédie version soufflé au chocolat !

Le Papillon des étoiles
de Bernard Werber
[Littérature française XXIè]
Résumé du livre
La Terre court à sa perte. Décidant d’aller voir si l’aventure humaine peut recommencer ailleurs, un jeune ingénieur en aéronautique conçoit et fabrique un gigantesque papillon céleste capable de se propulser dans le vide interstellaire. A bord du vaisseau, des humains et tout un matériel biologique, végétal et animal nécessaire à la survie de plusieurs générations.
La critique
par Fanny Dutriez
Comme à la sortie de chaque Bernard Werber, on s’est encore enthousiasmé, tout près que nous étions à clôturer la trilogie des dieux. Petite déception en s’apercevant qu’il ne s’agissait pas d’une suite mais d’un ouvrage indépendant. Tant pis, on prend le risque. De toute façon depuis ‘Les Fourmis’, Bernard Werber on adore.
Dès les premières lignes, c’est une forte impression de déjà lu qui se dégage de ce roman. Un scientifique ahuri en proie au remords, une femme qui brûle sa vie et qui voit ce sombre dessein arrêté par un accident de voiture qui la rend invalide.
Puis arrive le pompon, la terre va mal, il faut agir. Plus pour elle, c’est trop tard mais pour la race humaine que, évidemment, il faut sauver. Au-delà du coté totalement fictif de cette délocalisation massive d’espèce, ‘Le Papillon des étoiles’ dérange. D’où vient donc cette impression de ne lire qu’un mix raté de tous les livres de Werber ? Car même si au cours des premières pages, on y met toute notre bonne volonté, on est vite lassé par ce récit cousu de fil blanc (Quoi, les deux héros qui se haïssent vont s’aimer ? Non c’est pas possible vraiment !). Et l’on ne peut s’empêcher de penser aux ‘Fourmis’ ou encore aux ‘Thanatonautes’ qui en leur temps nous avaient tenus en haleine durant de longues soirées.
Au final, on s’imagine que c’est une critique des hommes qu’a voulu écrire ici Bernard Werber puisqu’en près de 300 pages, il nous explique qu’on en peut rien contre le genre humain. Et oui même en sélectionnant des non-violents, il y a des guerres à bord du Papillon des étoiles. En tout cas tout ce que l’on retiendra de cet ouvrage c’est sa devise ‘Le Dernier espoir, c’est la Fuite’, si on avait su on l’aurait appliquée.


Genèse
Les Enfants d’Eve – Tome 1

de Bernard Werber et Eric Puech
[Bande dessinée]
Résumé du livre
L’histoire de cette bande dessinée se déroule environ 200 ans après notre époque. C’est une nouvelle ère, puisqu’après une explosion nucléaire qui a détruit toute vie humaine sur la terre, ce sont des femmes, et uniquement des femmes, qui ont repeuplé la planète. Mais elles ignorent tout de leur histoire et du passé, ne connaissent même pas l’existence des hommes, car une police religieuse empêche toute information sur le sujet. Mais certaines se rebellent et veulent savoir la vérité…
La critique
par Jonathan Journiac
Ce premier tome des ‘Enfants d’Eve’ est une excellente bande-dessinée. Après ses nombreux romans et les trois tomes d »Exit’, le génie de Bernard Werber est de nouveau mis en couleurs. Le thème de cette nouvelle série est original : il n’y a dorénavant que des femmes sur terre. On retrouve par contre des idées moult fois utilisées, telle que la notion d’élue ou le complot du gouvernement pour cacher la Vérité… Un soupçon de série américaine (‘Alias’) et une pincée de cinéma font passer un message clair : il faut ouvrir les yeux pour voir le monde autrement qu’à travers la vision imposée. Werber en profite pour créer une toute nouvelle société et, comme d’habitude, il s’en donne à coeur joie. Le lecteur se délecte de découvrir les nouveaux modes de vie des personnages, les schémas parentaux et familiaux inédits… Le scénario est habilement mené, on n’a pas le temps de s’ennuyer une seule seconde. Le tout servi par de très belles images aux couleurs douces. Eric Puech a notamment la capacité de savoir exprimer les mouvements. Vivement la suite !

L’Empire des Anges
de Bernard Werber
[SF et Fantasy]
Résumé du livre
Que pensent les anges de nous ? Que peuvent-ils faire pour nous aider ? Qu’attendent-ils de l’humanité en général ? Lorsque Michael Pinson (stupidement tué dans un accident d’avion percutant un immeuble) a passé avec succès l’épreuve de la ‘pesée des âmes’, il a accédé au royaume des anges. Mais passé le premier émerveillement, il découvre l’ampleur de la tâche. Le voilà chargé de trois mortels, qu’il devra désormais guider et aider tout au long de leur vie. Ses moyens d’action : les rêves, les signes, les médiums, les intuitions, les chats. Cependant, il est obligé des respecter le libre arbitre des hommes. Il s’aperçoit que ceux-ci essaient de réduire leur malheur au lieu de construire leur bonheur. Que faire pour leur montrer la voie ? Et puis comment s’occuper intelligemment au Paradis, un endroit bien sympathique mais sans cinéma, sans musique, sans restaurant ?

Le Livre Secret des Fourmis
Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu

de Bernard Werber et Guillaume Aretos
[Dictionnaire et anthologie]
Résumé du livre
Nous vivons dans un monde merveilleux et nous ne le savons pas. Nous côtoyons tous les jours des univers parallèles fabuleux – parfois inquiétants – et nous refusons de les voir. Par exemple, le royaume des fourmis. Bernard Werber pose son regard sur l’infiniment petit comme sur l’infiniment grand un regard unique. Témoin son ‘encyclopédie’, ce ‘livre secret’ où se mêlent physique et métaphysique, technologie et magie, mathématiques et mystique, épopées modernes et rites anciens. Y sont révélés, entre autres, le secret de la pierre philosophale et celui du pain, les projets des tyrans les plus vils et les plus belles utopies, les rencontres des civilisations humaines et animales, le sens caché des fugues de Bach et la naissance de l’esclavage chez les rats.

Le Père de nos pères
de Bernard Werber
[Littérature française XXIè]
Résumé du livre
Une course-poursuite haletante où l’on rencontre: une jeune reporter délurée, ex-cambrioleuse, un journaliste à la retraite, obèse mais fin limier, un spécialiste de la préhistoire qui en savait trop, un club de savants passionnés, une charcutière industrielle, une star du X, quelques primates avisés et une dame phacochère qui n’a pas peur des alliances contre nature… Voyage aux sources de l’humanité, enquête aux mille rebondissements, hypothèses scientifiques stupéfiantes sur le mystère de nos origines… Un thriller paléontologique qui pourrait bien changer notre vision du monde.

L’Arbre des Possibles
Et autres histoires

de Bernard Werber
[SF et Fantasy]
Résumé du livre
Bernard Werber nous offre avec ‘L’arbre des possibles’, vingt petites histoires sous forme de contes, de légendes et de minipolars. Des récits fantastiques et extraordinaires où les dieux vont à l’école pour apprendre à bien gouverner leurs troupeaux d’humains, où les objets sont soudainement remplacés par leurs noms, où les gens ont l’esprit limité et ne peuvent compter que jusqu’à vingt et où l’on part en vacances au XVIIe siècle après s’être fait vacciner contre la peste.

L’Ultime Secret
de Bernard Werber
[Littérature française XXIè]
Résumé du livre
‘C’est au coeur de notre cerveau qu’il faut chercher la source de tous nos comportements’, estime Samuel Fincher, un brillant neurologue cannois. Le problème, c’est que Samuel Fincher meurt d’extase amoureuse dans les bras d’une top model danoise, le soir même de sa victoire au championnat du monde d’échecs. Avait-il trouvé au fin fond de nos crânes un secret qui devait rester caché ? Peut-on mourir de plaisir ? Deux journalistes scientifiques parisiens, Lucrèce Nemrod et Isidore Katzenberg, veulent en savoir plus sur ce décès étrange. C’est donc sur la Côte d’Azur qu’ils vont mener l’enquête, de la morgue de Cannes à un étrange asile psychiatrique où les fous sont utilisés pour leurs talents particuliers. Ils vont aller de surprise en surprise jusqu’à l’extraordinaire dénouement basé sur une découverte scientifique peu connue mais réelle.

Le Deuxième Cercle
Exit – Tome 2

de Bernard Werber, Alain Mounier
[Bande dessinée]
Résumé du livre
Le Deuxième cercle : ‘Si vous n’en faites pas partie, vous n’avez rien à craindre’. En effet, après trois meurtres, les membres d’Exit intègrent ‘ le Deuxième cercle ‘, réseau plus restreint, mais beaucoup plus expérimenté… Prise en pleine tourmente, Amandine tente de comprendre qui tire les ficelles du jeu.

Les Thanatonautes
de Bernard Werber
[Littérature française XXIè]
Résumé du livre
L’homme a tout exploré : le monde de l’espace, le monde sous-marin, le monde souterrain ; pourtant il lui manque la connaissance d’un monde : le continent des morts. Voilà la prochaine frontière. Michael Pinson et son ami Raoul Razorbak, deux jeunes chercheurs sans complexes, veulent relever ce défi et, utilisant les techniques de médecine mais aussi d’astronautique les plus modernes, partent à la découverte du paradis. Leur dénomination ? Les thanatonautes. Du grec Thanatos (divinité de la mort) et nautès (navigateur). Leur guide ? Le livre des morts tibétains, le livre des morts égyptiens mais aussi les grandes mythologies et les textes sacrés de pratiquement toutes les religions qui semblent depuis toujours avoir su ce qu’étaient le dernier voyage et le ‘ véritable ‘ paradis. Peu à peu les thanatonautes dressent la carte géographique de ce monde inconnu et en découvrent les décors immenses et mirifiques.

Bernard Werber

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire

lLe jour par jour

1863   17 septembre   

Alfred de Vigny, poète français

Alfred de Vigny Ecrivain et poète français
[Poésie]
Né à Loches le 27 mars 1797
Décédé à Paris le 17 septembre 1863

« J’ai fait illustre un nom qu’on m’a transmis sans gloire »
Alfred de Vigny

Biographie

"Issu d’une famille de petite noblesse dont tous les membres avaient servi dans l’armée, il était fils d’un officier blessé pendant la guerre de Sept ans et de Mlle de Baraudin, fille d’un chef d’escadre de la marine royale, personne d’une rare distinction physique et morale. Elevé à Paris, au collège, il fut un écolier mélancolique : sa sensibilité et son imagination le faisaient déjà souffrir. Son hérédité militaire et les gloires de l’épopée impériale le poussèrent de bonne heure dans l’armée ; à l’âge de seize ans et demi, il était pourvu d’un brevet de sous-lieutenant dans les gendarmes rouges (1814), en même temps que Lamartine entrait aux gardes du corps.

La fuite des Cent-Jours et le retour de Louis XVIII sous la protection de l’étranger portèrent un coup mortel à ses illusions de gloire militaire ; ses facultés se tournèrent dès lors vers la vie intérieure et la rêverie poétique où l’engageait « un invincible amour de l’harmonie ». Il publia en 1822 un petit recueil de Poèmes qui passa inaperçu; le profond poème de Moïse et la tendresse pénétrante d’Eloa datent de la même époque (ils ne parurent cependant, ainsi que Le Déluge, qu’en 1826 dans les Poèmes antiques et modernes). Lié avec Victor Hugo d’une amitié d’artiste, plus enthousiaste que tendre, il partit en 1823 avec le titre de capitaine pour prendre part à la guerre d’Espagne; il rêva de nouveau « d’appliquer aux actions les pensées qu’il aurait pu porter dans des méditations solitaires et inutiles »; mais un nouveau désappointement l’attendait: sa brigade fut placée en réserve sur la frontière des Pyrénées ; pour tromper son ennui, il chanta la mort de Roland dans les beaux vers du Cor. En même temps, il abordait le roman historique à la Walter Scott et écrivait dans une prose excellente : Cinq-Mars ou une Conjuration sous Louis XIII (1826) ; ce livre eut un vif succès, malgré les libertés excessives prises avec l’histoire.

En 1827, Alfred de Vigny se trouvait au premier rang de la jeune école romantique : il démissionna. L’année suivante (après une courte inclination pour Delphine Gay, qui devait épouser Girardin, et à laquelle il adressa vingt ans plus tard les beaux vers intitulés Pâleur), il épousa une Anglaise de race et d’une grande beauté, Lydia Bunbury ; leur union resta entière, malgré l’infidélité de Vigny, mais leurs natures ne se pénétrèrent jamais. Les beaux jours du romantisme étaient venus ; Sainte-Beuve, épris du talent de Vigny, l’appelait « divin et chaste cygne » ; c’est Vigny qui livra la première bataille au théâtre : le 14 novembre 1829, il faisait jouer aux Français une traduction en vers d’Othello ou le More de Venise; sa traduction, consciente des beautés de Shakespeare, ne les pénétrait pas entièrement, et son succès ne dura pas. La Maréchale d’Ancre, représentée à l’Odéon le 25 juin 1831, fut sa véritable entrée au théâtre ; mais il ne triompha vraiment qu’avec Chatterton, pièce jouée le 12 février 1835 ; le succès fut prodigieux et ne peut se comparer, dans les annales du théâtre, qu’à celui du Cid.

Ce drame était tiré du volume que Vigny venait de publier: Consultations du Docteur Noir : Stello ou les Diables bleus (1832). Stello est un récit mêlé d’histoire, de philosophie et de roman qui rappelle Sterne et Diderot, livre d’une tristesse amère et désabusée, où il représente le poète, écrasé par les matérialités de la vie, comme le martyr perpétuel de l’humanité ; cette thèse un peu factice n’empêchait pas le public éclairé de voir dans Chatterton une réaction contre les exagérations du drame romantique, et d’applaudir un théâtre nouveau plein de vie et de vérité où les drames de la conscience tiennent plus de place que les péripéties de l’action. Le type de Chatterton, le poète méconnu, fut contagieux comme autrefois celui de Werther.

Le petit monde idéaliste et de dilettantisme poétique qui se pressait autour de Vigny triomphait : la gloire de Vigny, égale à celle de Lamartine, éclipsait alors celle de Hugo, lente à s’affirmer. Mais cet éclat dura peu ; à l’heure la plus brillante de sa carrière, la production de Vigny sembla s’arrêter : à part les trois admirables récits de Servitude et Grandeur militaires (dont la langue est aussi serrée que celle de Mérimée) qui datent de 1835, et quelques morceaux poétiques (comme le Mont des Oliviers, la Maison du Berger), insérés à des longs intervalles dans la Revue des Deux Mondes, il ne publia plus rien pendant les vingt-huit dernières années de sa vie. Ses premiers amis, jaloux de ses succès, s’éloignaient de lui : Victor Hugo retrancha de ses œuvres jusqu’aux éloges qu’il lui avait prodigués autrefois ; Sainte-Beuve le définissait maintenant « un bel ange qui a bu du vinaigre ». Vigny se présenta vainement à plusieurs reprises à l’Académie ; il n’y fut nommé que le 8 mai 1845 ; dans le Journal d’un poète, il a raconté ses visites académiques et les réceptions pénibles que lui firent les académiciens, Royer-Collard en tête ; la réception eut lieu le 29 janvier 1846, et son discours, célébrant le romantisme encore suspect à l’Institut, fut le dernier acte public de sa vie littéraire.

Les publications posthumes devaient seules révéler que jamais la pensée du poète ne fut plus profonde et plus durable que pendant les années de silence que lui imposa sa conception intime de l’art et de la vie. La puissance de rêverie qui le distingue faisait taire en lui le bruit de la vie extérieure. Sainte-Beuve a dit « qu’il rentrait avant midi dans sa tour d’ivoire », vivant dans une sorte « d’hallucination séraphique ». Son charmant visage pensif, aux traits fins et spirituels, encadré de longs cheveux blonds bouclés, ses tendres yeux bleux, son air immatériel, restaient fermés aux romantiques ; Alexandre Dumas déclarait n’y rien entendre et s’étonnait « qu’on ne l’eût jamais surpris à table ». Vigny ne croyait qu’au rêve et n’attachait aucune réalité aux apparences du monde visible : aussi méprisait-il ce que l’on nomme « métier », dans la poésie. Peut-être la passion profonde que lui inspira Mme Dorval, actrice excellente, et la trahison qui y mit fin, achevèrent de séparer le poète du monde sensible ; c’est à cette grande douleur que nous devons les admirables imprécations de La Colère de Samson. Le pessimisme désespéré de Vigny, fruit de ses méditations philosophiques, acheva de le confiner dans la « sainte solitude ». Vingt-cinq années durant il vécut ainsi dans une grande tension d’âme, songeant et lisant, retiré au fond de la Charente, sur sa terre de Maine-Giraud, réduit à la société silencieuse de Mme de Vigny ; il venait rarement à Paris et s’y interdisait même « de sourire un moment » ; il avait perdu jusqu’au repos que lui donnait jadis « le calme adoré des heures noires ». Au point où sa tristesse s’était élevée, ses déceptions personnelles et l’échec du romantisme ne comptaient plus. À la fin de sa vie, la douleur physique vint s’ajouter à la peine morale : il mourut d’un cancer dont il supporta le progrès dévorant avec une patience stoïque.

L’année qui suivit sa mort vit paraître son chef-d’œuvre : Les Destinées (1864) ; quand au précieux journal auquel le poète a, pendant quarante années, confié le secret de sa vie intérieure, il n’en a paru que de courts fragments en 1867 (sous le titre Journal d’un poète) : la volonté de l’auteur et la fidélité de son exécuteur testamentaire, Louis Ratisbonne, le condamnent à la destruction. Les Œuvres complètes de Vigny ont paru en 8 volumes (Paris, 1863-1866).

Vigny se détache des romantiques par la simplicité, la pureté, la chasteté de la forme ; chez lui, le respect de la pensée écarte les procédés de style. Une absolue sincérité, la mesure et le goût distinguent sa langue poétique ; il disait : « L’art est la vérité choisie », et son idéalisme avait pris pour devise : « La parfaite illusion est la réalité parfaite ». Comme versificateur, il manque de virtuosité, moins par l’insuffisance de son génie poétique que par la nature de son inspiration où dominent le sentiment et l’idée ; mais sa poésie a quelque chose de grand, de simple et de solennel. Plus encore que Lamartine et Hugo, il a été un précurseur et a compris le sens de la rénovation de la poésie française ; ses vers ne se rattachent au passé que par une parenté lointaine et rare avec la langue poétique d’André Chénier. Enfin, on peut dire qu’il a créé le goût de la poésie philosophique en France ; tous ses écrits ont le caractère de l’universel. « On ne mérite pas le nom de poète, a dit Goethe, tant que l’on n’exprime que des idées ou des émotions personnelles, et celui-là seul en est digne qui sait s’assimiler le monde. »"

Œuvres d’Alfred de Vigny

Le Bal (1820)
Poèmes (1822)
Éloa, ou La sœur des anges (1824)
Poèmes antiques et modernes (1826)
Cinq-Mars (1826)
La maréchale d’Ancre (1831)
Stello (1832)
Quitte pour la peur (1833)
Servitude et grandeur militaires (1835)
Chatterton (1835)
Les Destinées (1864)
Journal d’un poète (1867)
Œuvres complètes (1883-1885)
Daphné (1912)

Les citations d’Alfred de Vigny

«Un livre est une bouteille jetée en pleine mer sur laquelle il faut coller cette étiquette : attrape qui peut.»
[ Alfred Vigny ] – Journal intime

«Le moins mauvais gouvernement est celui qui se montre le moins, que l’on sent le moins et que l’on paie le moins cher.»
[ Alfred Vigny ] – Extrait du Journal d’un poète

«L’humanité fait un interminable discours dont chaque homme illustre est une idée.»
[ Alfred Vigny ] – Extrait du Journal d’un poète

«Au coeur privé d’amour, c’est bien peu que la gloire.»
[ Alfred Vigny ] – Héléna

«Il y a deux choses que l’on conteste bien souvent aux rois : leur naissance et leur mort. On ne veut pas que l’une soit légitime, ni l’autre naturelle.»
[ Alfred Vigny ]

«Une âme contemplative est à charge à tous les désoeuvrés remuants qui couvrent la terre : l’imagination et le recueillement sont deux maladies dont personne n’a pitié.»
[ Alfred Vigny ] – Chatterton

«Le suicide est un crime religieux et social.»
[ Alfred Vigny ] – Chatterton, dernière nuit de travail

«Il faut surtout anéantir l’espérance dans le coeur de l’homme. Un désespoir paisible, sans convulsions de colère et sans reproches au ciel, est la sagesse même.»
[ Alfred Vigny ] – Extrait du Journal d’un poète

«Aimez ce que jamais on ne verra deux fois.»
[ Alfred Vigny ] – Les destinées

«On étouffe les clameurs, mais comment se venger du silence ?»
[ Alfred Vigny ] – Cinq-Mars, la fête

«La poésie est une maladie du cerveau.»
[ Alfred Vigny ] – Stello

«C’est pour s’entendre dire qu’on est parfait et se voir adorer qu’on veut être aimé.»
[ Alfred Vigny ] – Cinq-Mars

«La presse est une bouche forcée d’être toujours ouverte et de parler toujours. De là vient qu’elle dit mille fois plus qu’elle n’a à dire, et qu’elle divague souvent.»
[ Alfred Vigny ] – Extrait du Journal d’un poète

«Les femmes sont dupes de leur bonté.»
[ Alfred Vigny ] – Chatterton

«Tout homme a vu le mur qui borne son esprit.»
[ Alfred Vigny ] – Poèmes philosophiques

La bibliographie d’Alfred de Vigny

Chatterton
d’Alfred de Vigny
[Théâtre]
Résumé du livre
Dans ce drame, qui n’est plus joué depuis longtemps, Alfred de Vigny invente la figure du poète solitaire et maudit ainsi que celle de la muse pure vouée à l’artiste.

 

Alfred de Vigny et les siens
d’Alfred de Vigny
[Correspondance]
Résumé du livre
La première partie de ce livre reproduit intégralement la correspondance de Vigny avec la famille Lachaud. Une deuxième partie est consacrée à des notes biographiques, au testament de Vigny, etc.


 

Journal d’un poète
Autobiographie

d’Alfred de Vigny
[Poésie]
Résumé du livre
‘Journal d’un poète’ est un recueil de textes choisis et publiés par Louis Ratisbonne, après la mort d’Alfred de Vigny. Issus de carnets conservés par leur auteur, ces textes livrent les pensées intimes du poète et forment une autobiographie incomplète mais émouvante : ainsi, s’il n’est fait aucunement mention de la liaison d’Alfred de Vigny avec Marie Dorval, la souffrance de la rupture est souvent palpable. La vie secrète d’Alfred de Vigny l’est moins après qu’il nous ait fait partager ses notes, visions très personnelles de la vie en général et de la sienne en particulier.

Cinq-Mars
de Alfred de Vigny (Auteur), Annie Picherot (Auteur)

Présentation
1640 : un procès de sorcellerie. Un bûcher. Un complot. Louis XIII défaillant d’amour, de culpabilité et de haine devant son jeune et gracieux favori. Richelieu remontant le Rhône dans un bateau tapissé de velours cramoisi qui traîne derrière lui l’embarcation où Cinq-Mars et de Thou enchaînés sont conduits au supplice : leur mort signifiera la fin de la vieille noblesse écrasée par le pouvoir et la raison d’Etat. Dans la foulée de Walter Scott et en attendant Dumas, Cinq-Mars est le premier en date, le plus dramatique et sans doute le plus réussi des romans historiques français.

Stello
d’Alfred de Vigny
[Théâtre]

 

Alfred de Vigny

Chant de Suzanne au bain

De l’époux bien-aimé n’entends-je pas la voix ?
Oui, pareil au chevreuil, le voici, je le vois.
Il reparaît joyeux sur le haut des montagnes,
Bondit sur la colline et passe les campagnes.

O fortifiez-moi ! mêlez des fruits aux fleurs !
Car je languis d’amour et j’ai versé des pleurs.
J’ai cherché dans les nuits, à l’aide de la flamme,
Celui qui fait ma joie et que chérit mon âme.

O ! comment à ma couche est-il donc enlevé !
Je l’ai cherché partout et ne l’ai pas trouvé.
Mon époux est pour moi comme un collier de myrrhe ;
Qu’il dorme sur mon sein, je l’aime et je l’admire.

Il est blanc entre mille et brille le premier ;
Ses cheveux sont pareils aux rameaux du palmier ;
A l’ombre du palmier je me suis reposée,
Et d’un nard précieux ma tête est arrosée.

Je préfère sa bouche aux grappes d’Engaddi,
Qui tempèrent, dans l’or, le soleil de midi.
Qu’à m’entourer d’amour son bras gauche s’apprête,
Et que de sa main droite il soutienne ma tête !

Quand son cœur sur le mien bat dans un doux transport,
Je me meurs, car l’amour est fort comme la mort.
Si mes cheveux sont noirs, moi je suis blanche et belle,
Et jamais à sa voix mon âme n’est rebelle.

Je sais que la sagesse est plus que la beauté,
Je sais que le sourire est plein de vanité,
Je sais la femme forte et veux suivre sa voie !
" Elle a cherché la laine, et le lin, et la soie.

" Ses doigts ingénieux ont travaillé longtemps ;
" Elle partage à tous et l’ouvrage et le temps ;
" Ses fuseaux ont tissu la toile d’Idumée,
" Le passant dans la nuit voit sa lampe allumée.

" Sa main est pleine d’or et s’ouvre à l’indigent ;
" Elle a de la bonté le langage indulgent ;
" Ses fils l’ont dite heureuse et de force douée,
" Ils se sont levés tous, et tous ils l’ont louée.

" Sa bouche sourira lors de son dernier jour. "
Lorsque j’ai dit ces mots, plein d’un nouvel amour,
De ses bras parfumés mon époux m’environne,
Il m’appelle sa sœur, sa gloire et sa couronne.

Alfred de VIGNY

Publié dans Arts et Littérature | Laisser un commentaire