Le jour par jour

1932   30 juin  

Mongo Beti

  Alexandre Biyidi Awala, Mongo Beti est un écrivain franco-camerounais. Romancier
  renommé, essayiste engagé, enseignant, libraire et éditeur
  il fait partie des plus grands écrivains africains. 
  Né 30 juin 1932
  Décédé le 07 octobre 2001
 
  Mongo Beti, le proscrit admirable

  Mongo Beti restera Pour avoir mis son talent immense au service de la cause africaine et des masses déshéritées
  Mongo Beti restera Pour avoir, sans rémission, sacrifié sa vie à exorciser l’anathème intolérable et la haine morbide des notables repus de la "Ville Cruelle"
  Mongo Beti restera Pour avoir inventé le goût de la liberté chez le Nègre devenu amnésique à force d’avoir mariné dans le larbinisme et la culture missionnaire -"Pauvre Christ de Bomba"
  Mongo Beti restera Et rien ne sera plus comme avant Aboli, le Nègre servile, qui a mis pavillon bas, adepte de l’émotion nègre", "jouet du Carnaval de l’Autre" (Césaire).
  "Trop de soleil tue l’amour"… Qu’il crève comme une larve sous les rayons brillants dans l’anonymat éternel ! Et que rien ne soit plus comme avant !

La biographie de Mongo Beti

Alexandre Biyidi Awala, Mongo Beti en littérature, fils d’Oscar Awala et de Régine Alomo, naît le 30 juin 1932 à Akométam, petit village situé à 10 km de Mbalmayo, lui-même distant de 45 km de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Akom, le rocher; Etam, la source. Akométam, le rocher de la source. Sur les anciennes cartes de la région, le nom est encore en deux parties.

Après des études primaires à l’école missionnaire de Mbalmayo, il entre en 1945 au lycée Leclerc à Yaoundé. Bachelier en 1951, il s’installe en France pour y poursuivre des études supérieures de Lettres à Aix-en-Provence, puis à la Sorbonne à Paris.

Il commence sa carrière littéraire avec la nouvelle Sans haine et sans amour, publiée dans la revue Présence Africaine, dirigée par Alioune Diop, en 1953. Un premier roman Ville cruelle, sous le pseudonyme d’Eza Boto suit en 1954, publié aux éditions Présence Africaine.

Mais c’est en 1956 que la parution du roman Le pauvre Christ de Bomba fait scandale par la description satirique qui est faite du monde missionnaire et colonial. Paraissent ensuite Mission terminée, 1957 (Prix Sainte-Beuve 1958) et Le Roi miraculé, 1958. Il travaille alors pour la revue Preuves, pour laquelle il effectue un reportage en Afrique. Il travaille également comme maître auxiliaire au lycée de Rambouillet.

En 1959, il est nommé professeur certifié au lycée Henri Avril à Lamballe. Il passe l’Agrégation de Lettres classiques en 1966 et enseigne au lycée Corneille de Rouen de cette date jusqu’en 1994.

En 1972 il revient avec éclat à l’écriture. Publié par François Maspero, son livre Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une décolonisation est censuré à sa parution par un arrêté du ministre de l’Intérieur français, Raymond Marcellin, sur la demande, relayée par Jacques Foccart, du gouvernement camerounais, représenté à Paris par l’ambassadeur Ferdinand Oyono. Il publie en 1974 Perpétue et Remember Ruben. Après une longue procédure judiciaire, Mongo Beti et son éditeur François Maspero obtiennent en 1976 l’annulation de l’arrêté d’interdiction de Main basse.

En 1978 il lance, avec son épouse Odile Tobner, la revue bimestrielle Peuples Noirs Peuples africains, qu’il fait paraître jusqu’en 1991. Cette revue décrit et dénonce inlassablement les maux apportés à l’Afrique par les régimes néo-coloniaux. Pendant cette période paraissent les romans La ruine presque cocasse d’un polichinelle (1979), Les deux mères de Guillaume Ismaël Dzewatama futur camionneur (1983), La revanche de Guillaume Ismaël Dzewatama (1984), également une Lettre ouverte aux Camerounais ou la deuxième mort de Ruben Um Nyobe (1984) et le Dictionnaire de la négritude (1989, avec Odile Tobner).

En 1991 Mongo Beti retourne au Cameroun, après 32 années d’exil. Il publie en 1993 La France contre l’Afrique, retour au Cameroun. En 1994 il prend sa retraite de professeur. Il ouvre alors à Yaoundé la Librairie des Peuples noirs et organise dans son village d’Akometam des activités agricoles. Il crée des associations de défense des citoyens, donne à la presse privée de nombreux articles de protestation. Parallèlement il publie plusieurs romans : L’histoire du fou en 1994 puis les deux premiers volumes, Trop de soleil tue l’amour (1999) et Branle-bas en noir et blanc (2000), d’une trilogie restée inachevée. Il est hospitalisé à Yaoundé le 1er octobre 2001 pour une insuffisance hépatique et rénale aiguë qui reste sans soin faute de dialyse. Transporté à l’hôpital de Douala le 6 octobre, il y meurt le 7 octobre 2001

Œuvres de Mongo Beti

Sans haine et sans amour, 1953.
Ville cruelle, 1954
Le Pauvre Christ de Bomba, 1956.
Mission terminée, 1957.
Le Roi miraculé : chronique des Essazam, 1958.
Main basse sur le Cameroun : autopsie d’une décolonisation, 1972.
Les Procès du Cameroun : autopsie d’une décolonisation, 1972.
Perpétue et l’habitude du malheur, 1974.
Remember Ruben, 1974.
Peuples noirs, peuples africains, 1978.
La Ruine presque cocasse d’un polichinelle : Remember Ruben 2, 1979.
Les Langues africaines et le Néo-colonialisme en Afrique francophone, 1982.
Les Deux Mères de Guillaume Ismaël Dzewatama, futur camionneur, 1983.
La Revanche de Guillaume Ismael Dzewatama, 1984.
Lettre ouverte aux Camerounais, ou, La deuxième mort de Ruben Um Nyobé, 1986.
Dictionnaire de la négritude avec Odile Tobner et la participation de collab. de la revue Peuples noirs – Peuples africains, 1989
La France contre l’Afrique : retour au Cameroun, 1993
L’Histoire du fou, 1994.
Trop de soleil tue l’amour, 1999
Branle-bas en noir et blanc,
2000.
Africains si vous parliez, 2005

Les citations de Mongo Beti

«Qu’est-ce que le troisième millénaire à lui tout seul peut changer à notre destin ?»
[ Mongo Beti ] – Extrait du numéro spécial Libération – A quoi pensez-vous ?

«L ‘ethnomanie, est ce recours extravagant, pour tout expliquer, à l’argument tribu (guerres tribales, oppositions tribales, émeutes tribales.), qui n’est pas seulement le fait de démagogues ou de dictateurs à court de pensée, mais trouve aussi des adeptes dans d’autres catégories, surtout chez les Français moyens très mal informés, comme si, en Afrique, toute réalité était d’abord tribale. »
[Mongo Beti] La France contre l’Afrique,La Découverte, 1993

La bibliographie de Mongo Beti

  Le Rebelle I
  Essais d’une vie
  de Mongo Beti
  [Biographie]
  Résumé du livre
  Pendant cinquante ans, il s’exprime sans cesse, envers et contre les censures multiformes, et dans un style alerte, percutant. Chez cet écrivain contestataire par excellence, la charge subversive des écrits et le tranchant des prises de position s’allient généreusement au charme de son lyrisme. Il y a en lui comme un mélange de Socrate par l’élévation de l’esprit, de Voltaire par l’effronterie à l’égard des pouvoirs institués, de Sartre par le militantisme impertinent, et de Césaire par la lutte anticoloniale en vue de l’émancipation du monde noir. Cet essai relate une douloureuse traversée du siècle, faite d’indignation perpétuelle, d’insolence et de compassion. Ce Prométhée camerounais, cette ‘fraction saine de notre cerveau malade’, pour reprendre l’heureuse expression de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo, nous lègue le feu… Que ces pages enflammées éclairent notre époque souvent baignée dans une lumière grise.

  Le Rebelle II et III
  de Mongo Beti
  [Littérature étrangère XXIe]
  Résumé du livre
   »Le Rebelle II’, relate une douloureuse traversée du siècle, faite d’indignation perpétuelle, d’insolence et de compassion. Ce Prométhée camerounais, cette ‘fraction saine de notre cerveau malade’, pour reprendre l’heureuse expression de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo, nous lègue le feu… Que ces pages enflammées éclairent notre époque trop souvent baignée dans une lumière grise.’ Boniface Mongo-Mboussa.

  Trop de soleil tue l’amour
  de Mongo Beti
  [Littérature étrangère XXIe]
  Résumé du livre
  Pauvre Zam ! Journaliste politique au Cameroun, il menait jusqu’à présent une existence idyllique : entre deux articles sans lendemain sur la dictature au pouvoir, d’incroyables rasades de whisky, quelques airs de jazz, sans oublier les ruptures sanglantes et réconciliations éternelles avec Bébète, sa plantureuse compagne. Et voilà que les malheurs fondent sur lui : il est volé, soupçonné de meurtre, espionné, poursuivi, frappé, trahi.
Se pourrait-il que son investigation sur la spoliation foncière des communautés villageoises au profit du gouvernement ait attiré sur lui les foudres du gouvernement ? Zam en doute.
Jusqu’au jour où il sort des décombres de son immeuble ravagé par une explosion criminelle

  Remember Ruben
  de Mongo Beti
  [Littérature étrangère XXIe]
  Résumé du livre
  Quand Mer-Zamba en dérive échoue à Kola-Kola
Kola, s’est déjà un lemme fabuleux orplelin sans enfance, rebelle malgré lui prisonnier ravi du souvenir d’un frère quasi mythique lui aussi. Mais Kola-Kola, bidonville fantastique, quelque part en Afrique, le voici héros anonyme de l’épopée du peuple noir, croisant des figures illuminées déjà par l’éclat des légendes, déchiffrant au jour le jour; dans les larmes souvent, la grande leçon de dignité.: survivre sans dévorer ses compagnons de misère, cultiver ardemment l’amitié, ne pas désespérer du voyageur trop longtemps guetté et, quand il le faut, combattre, combattre…

  Mission terminée
  de Mongo Beti
  [Littérature étrangère XXIe]
  Résumé du livre
  Le héros de ce roman est un jeune Noir du Sud-Cameroun, qui a piteusement raté son bachot; il rentre dans son village malgré la terreur que lui inspire son père. Là, il trouve tout le monde en effervescence car une femme est partie avec un homme appartenant à une tribu de la brousse. Il faut aller la chercher, et Mezda (paré du prestige que confèrent des études, même ratées) est chargé de cette mission.
Là-bas, il découvre un oncle et un cousin pittoresques qui le présentent comme un phénomène. La femme qu’il doit ramener est repartie plus loin avec un autre homme, mais peu importe. En attendant qu’elle revienne, il est fêté, choyé, consulté comme une autorité. Bien que l’oncle empoche la moitié des cadeaux qu’il reçoit, il s’enrichit. Les filles tournent autour de lui et il n’ose avouer qu’il est puceau et que les plus entreprenantes lui font peur. Il finit cependant par séduire une très jeune fille à laquelle on le mariera par surprise. Enfin la femme qu’il est venu chercher revient et consent à retourner avec lui dans son village natal. Sa mission est terminée, mais il lui reste à affronter la terrible colère de son père…

  La ruine presque cocasse d’un polichinelle
  de Mongo Beti
  [Littérature étrangère XXIe]
  Résumé du livre
  Dans la continuité de Remember Ruben, Mongo Beti fait le récit des luttes politiques du Cameroun, de la violence du pouvoir à l’égard des opposants, mais de la foi inextinguible de ceux-ci qu’ils finiraient par l’emporter et par imposer la démocratie en Afrique. De fait la partie engagée par Ruben Um Nyobé contre l’injustice ne s’est toujours pas achevée.

  La France contre l’Afrique
de Mongo Beti
  [Histoire]
  Résumé du livre
  Depuis le début des années 2000, l’empire postcolonial de la France en Afrique n’en finit pas de se décomposer : concurrencée par d’autres puissances, contestée par une jeunesse révoltée, la « Françafrique » semble bien avoir vécu. Mais son empreinte séculaire se fait toujours sentir, et les discours nostalgiques expliquant « comment la France a perdu l’Afrique » n’aident guère à comprendre les drames qui déchirent aujourd’hui le continent. Le cas du Cameroun, dirigé depuis 1982 par l’inamovible obligé de l’Élysée Paul Biya, est à cet égard exemplaire. D’où l’importance de lire ou relire ce livre du grand écrivain et militant des libertés Mongo Beti, initialement paru en 1993. Celui-ci n’a rien perdu de son actualité, comme l’explique dans une préface inédite sa veuve Odile Tobner, qui a poursuivi, à la tête de l’association Survie, le combat longtemps partagé avec son mari. Mongo Beti livre ici le récit de son retour dans son village natal, au sud du Cameroun, après plus de trente ans d’exil. Un récit concret, passionnant, qui part de la vie quotidienne des femmes et des enfants dans la brousse, se poursuit dans les grandes villes rongées par le chômage et la misère, et se termine par une mise en cause radicale de la corruption des élites trop longtemps tenues à bout de bras par l’État français pour maintenir son rêve de grande puissance.

  Branle-bas en noir et blanc
  de Mongo Beti
  [Littérature étrangère XXIe]
  Résumé du livre
  Vous retrouverez ici les inoubliables personnages de "Trop de soleil tue l’amour" et plus particulièrement Eddie, l’avocat roublard devenu détective privé, ainsi que Georges, l’aventurier français aux motivations obscures.
Lancés à la poursuite de la sublime Bébète dont la disparition reste incompréhensible, nos deux héros affrontent sans frémir malhonnêtes et corrompus, pédophiles et barbouzes, sbires du pouvoir et adeptes de la magie noire.
Sous la farce et la démesure, Mongo Beti dresse un portrait lucide d’une afrique flamboyante et naufragée. Refusant les poncifs néocoloniaux et tiers-mondistes que les peuples d’Afrique traînent derrière eux comme une malédiction, il met en scène un monde exubérant qui chaque jour invente l’art de survivre

Mongo Beti

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