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1887   1 septembre   

Blaise Cendrars, romancier et poète français/suisse

Blaise Cendrars, pseudonyme de Frédéric-Louis Sauser (1er septembre 1887 — 21 janvier 1961), est un écrivain d’origine suisse, naturalisé français en 1916.

Très tôt, il a placé son œuvre sous le signe du voyage et de l’aventure. Dans sa poésie comme dans ses œuvres en prose (romans, reportages, mémoires), l’exaltation du monde moderne se mêle chez lui à la volonté de se créer une légende où l’imaginaire se mêle au réel de façon inextricable.

Engagé dans l’armée française comme volontaire étranger, il participe à la Première Guerre mondiale. Le 28 septembre 1915, il perd au combat sa main droite, sa main d’écrivain, amputée au-dessus du coude. Cette blessure marque profondément l’œuvre de Cendrars. En lui faisant découvrir son identité de gaucher, elle a bouleversé son rapport à l’écriture.

Biographie

Les années d’apprentissage

Frédéric-Louis Sauser est né le 1er septembre 1887 à La Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel), dans une famille bourgeoise d’origine bernoise mais francophone. Les voyages de son père, un homme d’affaires instable, font mener à la famille une vie itinérante, notamment à Naples. Envoyé en pensionnat en Allemagne, Freddy fugue. À Neuchâtel, ses parents l’inscrivent à l’École de commerce pour des études qui sont peu de son goût.

En 1904, ses mauvais résultats scolaires le font envoyer en apprentissage à Moscou et surtout à Saint-Pétersbourg, alors en pleine effervescence révolutionnaire. Jusqu’en 1907, il y travaille chez un horloger suisse. À la Bibliothèque impériale, dont il devient un habitué, un bibliothécaire, R. R., l’encourage à écrire. Freddy commence à noter ses lectures, ses pensées.

Il aurait alors écrit La Légende de Novgorode, de l’or gris et du silence. Pour lui faire une surprise, R. R. l’aurait traduit en russe et fait imprimer à 14 exemplaires en blanc sur papier noir. Du vivant de Cendrars, personne n’a jamais vu ce livre qu’il a pourtant fait figurer en tête de toutes ses bibliographies à partir de Séquences (1913). Beaucoup doutaient de son existence, lorsqu’un poète bulgare en a découvert un exemplaire, en 1995, chez un bouquiniste de Sofia. Depuis lors, l’authenticité de cette plaquette fait l’objet de controverses, ce qui enrichit la mythologie du poète de nouveaux épisodes.

En 1907 Freddy Sauser revient en Suisse. Étudiant la médecine à l’université de Berne, il a peut-être rencontré Adolf Wölfli, interné à l’asile de la Waldau. Ce schizophrène violent qui est un dessinateur de génie pourrait être un des modèles de Moravagine, le "grand fauve humain" qui va obséder Cendrars comme un double pendant de longues années. Quant aux études universitaires, elles apportent peu de réponses aux questions qui le hantent sur l’homme, son psychisme, son comportement. Sous l’influence du Latin mystique de Remy de Gourmont, il écrit ses premiers poèmes : Séquences.

Après un court séjour à Paris, il retourne en 1911, pour quelques mois, à Saint-Pétersbourg. Il y écrit son premier roman, Moganni Nameh qui ne paraîtra qu’en 1922, en feuilleton, dans la revue Les Feuilles libres. Il se plonge dans Schopenhauer ; une formule de ce philosophe illumine son rapport à la réalité : « le monde est ma représentation ». Désormais, la vie et la poésie seront pour lui des vases communicants.

Entrée de la modernité

Fin 1911, Freddy s’embarque pour New York où il rejoint une amie, Féla Poznanska, une étudiante juive polonaise qu’il a rencontrée à Berne. Il l’épousera par la suite et elle sera la mère de ses trois enfants, Odilon, Rémy et Miriam. Son séjour aux États-Unis lui montre la voie, nouvelle et soumise aux lois de la mécanique, de la vitesse, de la modernité, dans lequel le monde s’engage. Au sortir d’une nuit d’errance, il rédige son premier long poème, Les Pâques à New York, un poème fondateur de la poésie moderne. Pour le signer il s’invente un pseudonyme : Blaise Cendrars.

Il revient à Paris pendant l’été 1912, convaincu de sa vocation poétique. Avec Emil Szittya, un écrivain anarchiste, il fonde Les Hommes Nouveaux, une revue et une maison d’édition où il publie Les Pâques, puis Séquences, un recueil de poèmes plus anciens d’inspiration décadente, marqués par l’influence de Remy de Gourmont qu’il admire comme un maître. Séquences appartient davantage à Freddy Sauser qu’à Cendrars, même s’il le signe de son pseudonyme. Il se lie d’amitié avec des personnalités artistiques et littéraires : Apollinaire et les artistes de l’école de Paris, Chagall, Léger, Survage, Modigliani, Csaky, Archipenko, Robert. En 1913, il publie la Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France, avec des compositions en couleurs de Sonia Delaunay-Terk . Dans ce premier livre simultané, le texte et l’image sont étroitement imbriqués pour créer une émotion artistique nouvelle, qui sera à l’origine d’une vive polémique. Ce poème-tableau de deux mètres de hauteur, présenté sous forme de dépliant, est reconnu aujourd’hui comme une contribution majeure à l’histoire du livre.

À la déclaration de la guerre, Cendrars lance avec l’écrivain italien Ricciotto Canudo un appel aux artistes étrangers qui vivent en france, et s’engage comme volontaire dans l’armée française. Versé dans la Légion étrangère, il perd son bras droit au cours de la grande offensive de Champagne, le 28 septembre 1915.

Le poète de la main gauche

Après une « année terrible », le poète manchot se remet à écrire de la main gauche et il publie La Guerre au Luxembourg (1916). Il est entretemps naturalisé français, le 16 février 1916. Au cours de l’été 1917, qu’il passe à Méréville (Seine-et-Oise, aujourd’hui Essonne), il découvre son identité nouvelle d’homme et de poète de la main gauche, en rédigeant, au cours de sa « plus belle nuit d’écriture », le 1er septembre, La Fin du monde filmée par l’Ange N.-D. Commence alors une période d’activité créatrice intense placée sous le signe tutélaire de la constellation d’Orion, dans laquelle la main droite du poète s’est exilée.

Dans J’ai tué (1918), premier livre illustré par Fernand Léger, il écrit quelques unes des pages les plus fortes et les plus dérangeantes qui aient été écrites sur la guerre :

« Mille millions d’individus m’ont consacré toute leur activité d’un jour, leur force, leur talent, leur science, leur intelligence, leurs habitudes, leurs sentiments, leur cœur. Et voilà qu’aujourd’hui j’ai le couteau à la main. L’eustache de Bonnot. « Vive l’humanité ! » Je palpe une froide vérité sommée d’une lame tranchante. J’ai raison. Mon jeune passé sportif saura suffire. Me voici les nerfs tendus, les muscles bandés, prêt à bondir dans la réalité. J’ai bravé la torpille, le canon, les mines, le feu, les gaz, les mitrailleuses, toute la machinerie anonyme, démoniaque, systématique, aveugle. Je vais braver l’homme. Mon semblable. Un singe. Œil pour œil, dent pour dent. À nous deux maintenant. À coups de poing, à coups de couteau. Sans merci. Je saute sur mon antagoniste. Je lui porte un coup terrible. La tête est presque décollée. J’ai tué le Boche. J’étais plus vif et plus rapide que lui. Plus direct. J’ai frappé le premier. J’ai le sens de la réalité, moi, poète. J’ai agi. J’ai tué. Comme celui qui veut vivre. »

Avec Profond aujourd’hui (1917) le poète de la main gauche publie son manifeste en présentant une vision poétique de la modernité. Paraissent également des poèmes écrits avant guerre : son troisième poème "homérique" ou "whitmanien", Le Panama ou les aventures de mes sept oncles (1918), ainsi que les Dix-neuf poèmes élastiques (1919).

S’éloignant de Paris, il prend congé des milieux littéraires d’avant-garde (Dada, puis surréalisme) dont les polémiques lui paraissent dépassées pour se tourner vers le cinéma. Il devient l’assistant d’Abel Gance pour J’accuse, où il tient également un rôle de figurant, puis pour La Roue. En 1921, il passe lui-même à la réalisation à Rome, mais l’expérience est un échec.

Comme beaucoup d’artistes et d’écrivains à cette époque, il se passionne pour l’Afrique et compile dans son Anthologie nègre (1921) des contes de tradition orale, qu’il est le premier à considérer comme de la littérature. Pour les Ballets suédois il tire de ce recueil l’argument de La Création du Monde (1923), avec une musique de Darius Milhaud, des décors et costumes de Fernand Léger.

Découverte du Brésil

En janvier 1924, il se rend au Brésil à l’invitation de Paulo Prado, homme d’affaires et mécène des poètes modernistes de São Paulo, parmi lesquels Oswald de Andrade et Mario de Andrade. Dans un pays où la nature aussi bien que la population s’accordent à ses aspirations profondes, il découvre son « Utopialand » qu’il célébrera souvent dans ses livres. Il y retournera par deux fois, de janvier à juin 1926 et d’ août 1927 à janvier 1928. Il s’y lie notamment avec les poètes Manuel Bandeira et Carlos Drummond de Andrade, ainsi qu’avec les peintres Cicero Dias et surtout Tarsila do Amaral, qu’il nomme « la plus belle Pauliste du monde ».

En 1924, il publie Kodak (Documentaire). Il faudra attendre les années 1970 pour découvrir que Cendrars avait composé ces poèmes par collage en découpant et réaménageant des fragments du Mystérieux docteur Cornélius, un roman populaire de Gustave Le Rouge. Il voulait ainsi montrer à son ami, qu’il est lui aussi un poète. La même année, paraît Feuilles de route, son dernier recueil de poèmes, illustré par Tarsila do Amaral.

Du roman au journalisme

Au retour du Brésil, il se lance dans le roman. En quelques semaines, il écrit L’Or (1925), où il retrace le tragique destin de Johann August Suter, millionnaire d’origine suisse ruiné par la découverte de l’or sur ses terres en Californie. Ce succès mondial va faire de lui, durant les années vingt, un romancier de l’aventure. Suivent bientôt Moravagine (1926), puis Le Plan de l’Aiguille et Les Confessions de Dan Yack qui rate le Goncourt.

Une vie romancée de l’aventurier Jean Galmot (Rhum – L’aventure de Jean Galmot, 1930) lui fait découvrir le monde du journalisme. Dans les années trente, il devient grand reporter pour explorer les bas-fonds (Panorama de la pègre, 1935). Son ami Pierre Lazareff, le patron de Paris-Soir, l’envoie prendre part au voyage inaugural du paquebot Normandie, puis visiter Hollywood, la Mecque du cinéma. Pendant la même période, il recueille dans trois volumes d’« histoires vraies » les nouvelles qu’il a publiées dans la grande presse. En décembre 1934, il rencontre Henry Miller qui deviendra un de ses amis.

En 1939, lorsque la guerre éclate, il s’engage comme correspondant de guerre auprès de l’armée britannique. Ses reportages paraissent notamment dans Paris-Soir et le livre qu’il en tire, Chez l’armée anglaise, sera pilonné par les Allemands. Profondément affecté par la débâcle, il quitte Paris et le journalisme pour se retirer à Aix-en-Provence pendant toute l’Occupation. Durant trois ans il cesse d’écrire.

Le rhapsodie des mémoires

À la suite d’une visite du romancier Édouard Peisson, il sort enfin du silence le 21 août 1943 et commence L’Homme foudroyé (1945) que suivront La Main coupée, Bourlinguer et Le Lotissement du Ciel. Ces volumes de « mémoires qui sont des mémoires sans être des mémoires » forment une tétralogie ; ils sont composés comme des rhapsodies par Cendrars qui renoue ainsi avec la formation musicale de sa jeunesse.

À l’occasion de ce retour à l’écriture, un jeune photographe inconnu, Robert Doisneau, est envoyé à Aix pour faire un reportage sur Cendrars. Il illustre l’article que Maximilien Vox publie en 1945 dans La Porte ouverte, la revue de la chambre de commerce franco-suédoise, sous un titre qui résume bien ces années de guerre : Cendrars, un éléphant solitaire. Quatre ans plus tard, en 1949, Cendrars écrit le texte du premier album de Doisneau : La Banlieue de Paris, qui révèle un grand photographe.

En 1944, Cendrars, qui n’écrit plus de poèmes depuis vingt ans, a recueilli ses Poésies complètes chez Denoël, avec l’aide et une préface de son ami Jacques-Henry Lévesque resté à Paris.

En janvier 1948, il quitte Aix-en-Provence pour Villefranche-sur-Mer. De jeunes poètes viennent lui rendre visite : André Miguel, Frédéric Jacques Temple.

L’année suivante, le 27 octobre 1949, il se marie avec Raymone Duchâteau, à Sigriswil dans l’Oberland bernois. Depuis qu’il a rencontré cette jeune comédienne en octobre 1917, il lui voue un amour idéalisé, non sans ambivalence, traversé de nombreuses crises.

La même année 1949, il publie Le Lotissement du ciel, dernier volume des mémoires, qui réunit les deux figures de Joseph de Cupertino, le saint volant du XVIIe siècle, et Oswaldo Padroso, un fazendeiro brésilien qui s’est pris d’un amour fou pour Sarah Bernhardt. Le prière d’insérer du volume tient de la profession de foi :

« Je voulais indiquer aux jeunes gens d’aujourd’hui qu’on les trompe, que la vie n’est pas un dilemme et qu’entre les deux idéologies contraires entre lesquels on les somme d’opter, il y a la vie, la vie, avec ses contradictions bouleversantes et miraculeuses, la vie et ses possibilités illimitées, ses absurdités beaucoup plus réjouissantes que les idioties et les platitudes de la « politique », et que c’est pour la vie qu’ils doivent opter, malgré l’attirance du suicide, individuel ou collectif, et de sa foudroyante logique scientifique. Il n’y a pas d’autres choix possibles. Vivre ! »

Retour à Paris

En 1950, il retourne définitivement à Paris et s’installe rue Jean-Dolent, en face de la prison de la Santé. À l’initiative de son ami Paul Gilson, qui y dirige les programmes artistiques, il collabore fréquemment à la Radiodiffusion française en compagnie notamment de Nino Frank et Albert Rièra. Ses entretiens radiophoniques avec Michel Manoll connaissent un grand succès. Il se lie avec de jeunes écrivains qu’il recommande aux éditions Denoël : René Fallet, Robert Giraud, Jean-Paul Clébert, Jacques Yonnet.

Après un travail long et difficile, il publie, en 1956, Emmène-moi au bout du monde !…, un roman à clefs sous couvert d’une intrigue policière. La truculence de cette chronique théâtrale qui doit beaucoup à la vie de la comédienne Marguerite Moreno, une amie de Raymone, fait scandale.

Ce sera sa dernière œuvre car il est victime d’une congestion cérébrale au cours de l’été suivant. En 1960 c’est un grabataire qu’André Malraux fait Commandeur de la Légion d’honneur.

Il meurt le 21 janvier 1961, après avoir reçu in extremis la seule récompense littéraire officielle qu’il ait obtenue de son vivant : le Grand Prix littéraire de la Ville de Paris.

Blaise Cendrars a reposé de 1961 à 1994 au cimetière des Batignolles à Paris. Il possédait, depuis 1918, une résidence, sa « maison des champs », au Tremblay-sur-Mauldre dans les Yvelines. En 1994, la municipalité a fait transférer ses cendres au cimetière du village.

Après sa mort, un lycée prend son nom dans sa ville natale de La Chaux-de-Fonds.

Les messages

Message de grattapoil à Blaise Cendrars
Blaise tu me manques, ton esprit est là, tu m’as tout appris de la vie. Mon évangile c’est ‘l’homme foudroyé’, mon viatique c’est ‘l’or’…

Les citations de Blaise Cendrars

«Rien n’est admissible ; sauf la vie, à condition de la réinventer chaque jour.»
[ Blaise Cendrars ]

«Pour être désespéré, il faut avoir vécu et aimer encore le monde.»
[ Blaise Cendrars ]

«Le seul fait d’exister est un véritable bonheur.»
[ Blaise Cendrars ]

«Ecrire, ce n’est pas vivre. C’est peut-être survivre.»
[ Blaise Cendrars ]

«L’univers est une digestion. Vivre est une action magique.»
[ Blaise Cendrars ] – Emmène-moi au bout du monde

«Ecrire est une vue de l’esprit. C’est un travail ingrat qui mène à la solitude.»
[ Blaise Cendrars ] – L’homme foudroyé

«Je ne trempe pas ma plume dans un encrier mais dans la vie.»
[ Blaise Cendrars ]

«La sérénité ne peut être atteinte que par un esprit désespéré et, pour être désespéré, il faut avoir beaucoup vécu et aimer encore le monde.»
[ Blaise Cendrars ] – Une nuit dans la forêt

«C’est dans ce que les hommes ont de plus commun qu’ils se différencient le plus.»
[ Blaise Cendrars ] – Extrait d’ Aujourd’hui

«La folie est le propre de l’homme.»
[ Blaise Cendrars ] – Bourlinguer

«Quand on aime il faut partir.»
[ Blaise Cendrars ]

«Sans l’appui de l’égoïsme, l’animal humain ne se serait jamais développé. L’égoïsme est la liane après laquelle les hommes se sont hissés hors des marais croupissants pour sortir de la jungle.»
[ Blaise Cendrars ] – Hors la loi !

«Vivez, ah ! Vivez donc, et qu’importe la suite ! N’ayez pas de remords. Vous n’êtes pas Juge.»
[ Blaise Cendrars ] – Bourlinguer

La bibliographie de Blaise Cendrars

Rhum
de Blaise Cendrars
[Littérature française XXe]
Résumé du livre
Qui était jean Galmot? « Un personnage mince, félin, un peu voûté, sobre de parole et d’allure », qui ressemble à Don Quichotte, un Don Quichotte brasseur d’affaires et planteur. Les hasards de l’existence l’avaient conduit à vingt ans en Guyane. Il y retourne pour bâtir non seulement sa fortune mais aussi la prospérité des petites gens de là-bas. Les grands féodaux de l’industrie s’inquiètent du succès de ce franc-tireur, député intègre et fervent soutien des libertés guyanaises. Il devient l’homme à abattre. Alors éclatent l’affaire des rhums, puis le scandale des Banques de Province, avec en filigrane la ruine et la prison.
L’auteur de Bourlinguer, l’Or, Moravagine, met toute sa fougue de poète et de grand reporter à évoquer la vie courageuse de cet homme seul. aux prises avec les requins de la finance dans les effervescentes années 1920.

L’Or
de Blaise Cendrars
[Littérature française XXe]
Résumé du livre
Cendrars nous peint dans une écriture filante, sans artifice, l’itinéraire entre gloire et décadence d’un général suisse aventurier. Cet homme, ayant réellement existé, quitte femme et enfants, traverse l’Atlantique puis l’Amérique avant de s’installer et de faire fortune en Californie. Avant que ne survienne la ruée vers l’or de 1849…
Les extraits de "L’Or"
Morceau choisi
La journée venait de finir. Les bonnes gens rentraient des champs, qui une bine sur l’épaule ou un panier au bras. En tête venaient les jeunes filles en corselet blanc et la cotte haut plissée. Elles se tenaient pas la taille et chantaient.

La main coupée
de Blaise Cendrars
Roman
Résumé du livre
— Comment, vous ne savez pas ? Asseyez-vous…
Ce n’était pas encore l’heure du thé. Nous étions seuls dans la boutique. Et tout en me faisait goûter des bouchées au chocolat, grignoter des petits fours et déguster un verre de xérès, la nouvelle confiseuse, qui était veuve de guerre, me raconta avec beaucoup, beau-coup de détails qui avaient tous trait à sa propre situation, comment Claire s’était pendue dans son fournil le jour où un message officiel d’Angleterre lui avait appris la mort atroce de son frère…

Hollywood
La mecque du cinéma

de Blaise Cendrars
[Littérature française XXe]
Résumé du livre
Cendrars disait écrire de la ‘poésie documentaire’ : ‘Hollywood’ est un reportage plein de poésie. Ces lieux et ces êtres qui paraissent si simples et si naturels à l’époque où il l’écrivait, grands studios, stars, sont aujourd’hui devenus des mythes. Regardez la MGM, écoutez Marlène Dietrich : c’est toujours Cendrars et son enthousiasme qui nous parlent.
Les avis

de Sahkti
Blaise Cendrars a toujours eu le goût du voyage et le sens de l’observation. En 1936, il passe deux semaines à Hollywood en vue d’y réaliser un reportage sur le milieu du cinéma. Ses notes et autres commentaires se trouvent réunis dans cette édition des Cahiers Rouges. Une mine d’or et une foule de renseignements en tous genres relatifs à cette immense industrie du cinéma qu’est Hollywood. Cendrars parle de toutet de tout le monde, des petits boulots mal payés aux stars capricieuses. Il met en évidence, si besoin en était, l’implacable mécanique qui régit ce domaine: la technique et l’argent, ingrédients indispensables pour le succès. Pas de rêve raconté ici, pas de paillettes et d’American dream, mais une société où tout est basé sur le profit, le copinage et l’absurde. Le mythe en prend un coup mais après tout, doit-on vraiment être étonnés par ce que Cendrars nous raconte. Les faits se déroulent en 1936, il y a eu bien pire depuis dans ce milieu. Témoignage intéressant, entre autres, avec cette volonté de Cendrars de rencontrer Lubitsch au moment où la Paramount veut le virer et où le tournage de "Hotel impérial" est en grande difficulté. Une autre rencontre intéressante est celle avec Wally Westmore, spécialiste de l’esthétique des visages pour le cinéma et fabricant de sex-appeal en quelque sorte. Cendrars raconte, bien et en détails, cet univers peu glorieux qui ne l’a pas vraiment déçu mais l’a cependant refroidi. Son texte est vif et pétillant, ça fait du bien.

Bourlinguer
de Blaise Cendrars
Roman
Résumé du livre
« Rij était une pouffiasse, une femme-tonneau qui devait peser dans les 110, les 120 kilos. Je n’ai jamais vu un tel monument de chairs croulantes, débordantes. Elle passait sa journée et sa nuitée dans un fauteuil capitonné, fabriqué spécialement pour elle et qu’elle ne cessait d’ornementer, d’enrubanner, lui tressant des faveurs, des nœuds, des lacets d’or et d’argent… »

L’homme foudroyé
de Blaise Cendrars
Roman
Résumé du livre
« Notre arrivée au Nain Jaune fit sensation. C’est ainsi que l’automne précédent j’avais vu entrer À la Rose, à Biarritz, le prince de Galles incognito entre deux belles filles qu’on lui avait jetées dans les bras et une bande de jeunes fous en délire. Mais le Nain Jaune était une maison sérieuse. C’était un tripot doublé d’une fumerie clandestine et l’on ne plaisante pas avec la drogue. Immédiatement on nous conduisit au petit bar privé, où d’autres gentlemen, tout aussi élégants et réservés que Félix et que Victor, les confrères avec qui ils avaient affaire, nous reçurent sans marquer aucune espèce d’étonnement. Il y a avait une femme parmi eux, la patronne du Nain Jaune, une grande latte astiquée, lustrée, calamistrée, avec des dents de jument et des yeux glauques. »

Moravagine
de Blaise Cendrars
Roman
Résumé du livre
Au milieu de toutes ces aventures, à travers les périls et les angoisses, les paysages qui défilent à cent à l’heure, les arbres qui se bousculent et qui tombent, les lignes de chemin de fer qui se plaignent sourdement au passage des trains chargés de morts, parmi les hurlements des peuples en révolution et les danses cruelles des Indiens bleus, se dresse la formidable figure du héros, Moravagine. Ce type est certainement une des plus grandes créations de toute la littérature française. Il est inoubliable. C’est un grand fauve humain.

 

Poète de génie Blaise Cendrars

Cendrars, vu par Amedeo Modigliani (1917)

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